L’édition 2023 du festival Fantasia est à nos portes, et la programmation du volet Fantastiques week-ends du cinéma québécois est maintenant disponible. Encore une fois cette année, on nous propose une sélection variée, autant dans l’horreur que dans la comédie, l’action… Bref, le film de genre en général.
Ayant contribué à la programmation du volet des Fantastiques Week-Ends, qui organise chaque année des projections thématiques se spécialisant dans des productions québécoises, il est possible de vous guider dans cette vaste sélection du festival, répartie cette année en sept catégories distinctes. Voici une dizaine de titres à ne pas manquer.
Bien que la plupart des titres sélectionnés dans cette présentation se veulent fondamentalement des films d’horreur, nous glisserons tout de même quelques perles uniques, tant dans la comédie, le drame ou le psychotronique, question de varier les plaisirs!
Nu d’Olivier Labonté LeMoyne
L’angoissante proposition Olivier Labonté LeMoyne nous invite à un huis très, très clos, alors qu’un couple tente de trouver le meilleur endroit pour faire l’amour dans leur voiture. Et la paranoïa du copain (Étienne Galloy), bien que tempéré par l’assurance de sa douce (Roxane Tremblay-Marcotte), sera finalement justifiée alors que des entités sembleront s’acharner sur eux.
Le film, qui a une balance très juste entre la comédie et l’horreur, tire sa force d’un scénario simple qui réussit néanmoins à surprendre et sortir des sentiers battus. Une belle manière de débuter le festival dans l’Ouverture festive!
Moi Soleil de Julien Falardeau
Qui dit Fantasia dit propositions éclatées, champ gauche et insolites: le film de Julien Falardeau, mettant en vedette un Bernard Fortin irradiant de chaleur, est complètement dans l’esprit du festival. On y découvre un homme, se dorant sous la lumière solaire, jusqu’à en développer une obsession, voire même une communion spirituelle (et visuelle, et stylistique, dans la réalisation de Falardeau) avec le Soleil.
Une idée complètement différente qui ne pourra pas laisser indifférent, qui a sa place dans la soirée d’Ouverture festive des Fantastiques week-ends!
In fœtu de Jacob Khayat
Souvent, les meilleurs courts-métrages d’horreur se résument à une idée extrêmement simple que l’on prend le temps de développer avec minutie. C’est le cas d’In fœtu, qui raconte le bain que prennent deux jumeaux. Difficile d’élaborer davantage sans trop en dévoiler, mais on laissera la caméra sensible, le jeu surprenant des deux garçons et le revirement brutal nous glacer le sang.
À voir dans la programmation L’Épouvante, parmi d’autres courts-métrages dans le registre du frisson!
Parasomnie de Simon Girard
Les personnes qui préfèrent l’horreur expérimentale et bien angoissante d’un film comme Skinamarink seront charmées par la proposition, plus courte, mais tout aussi effrayante de Simon Girard. Parasomnie, qui clôture le programme L’Épouvante, propose une lecture sobre, simple, mais efficace du cauchemar qu’est la paralysie du sommeil.
Le film, structuré en plusieurs séquences où la caméra est généralement du point de vue du dormeur, utilise à la fois une conception sonore réussie et une technique d’animation originale, où les visions cauchemardesques se confondent en hallucinations et paranoïas.
White Noise de Tamara Scherbak
Si le programme Son & Musique comporte des vidéoclips, comédies musicales et autres propositions originales dont l’intérêt tourne autour de la musique, White Noise amène le concept sonore à un autre niveau.
Le personnage principal du film, pour qui le moindre bruit ambiant peut devenir un véritable cauchemar d’angoisse, prendra rendez-vous afin de passer quelque temps dans une chambre anéchoïque, l’endroit le plus silencieux possible, afin de s’apaiser. Mais la situation ne se passera pas aussi bien que prévu.
Le film de Tamara Scherbak accorde une importance énorme à sa conception sonore, et il est d’autant plus intéressant d’assister à sa projection dans une grande salle, surtout pour sa scène finale, montage d’une intensité surprenante qui finit le film en énorme coup de poing.
D’où viennent les lapins de Colin Ludvic Racicot
Fantasia, c’est aussi des propositions de film d’animation, et les Fantastiques week-ends ont cette année une impressionnante sélection d’oeuvres différentes et marginales. (Parmi celles-ci, mentionnons d’ailleurs Le Temple, de Alain Fournier, adaptation d’un récit de Lovecraft techniquement impressionnante.)
D’où viennent les lapins, de Colin Ludvic Racicot, propose quant à lui une intrigue extrêmement sombre et dramatique sous les airs candides et naïfs de l’histoire d’une famille de lapins vivant dans un pays en guerre. L’animation est excellente, la thématique est surprenante, et la proposition, de manière générale, prend des directions insoupçonnées.
À découvrir, parmi tous les courts-métrages complètement délirants de la programmation Mondes étranges!
Le Dernier rhinocéros de Guillaume Harvey
Bien que loin d’être un film d’horreur dans son concept et sa réalisation, Le Dernier rhinocéros offre un regard neuf sur l’écoanxiété, qui est tout de même l’angoisse du siècle. On y suivra une grand-maman qui, découvrant à la télé l’extinction d’une espèce de rhinocéros, se donnera la mission d’être la porte-parole de tout ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques.
De voir un personnage de ce genre basculer dans un mode de pensée un peu plus woke, sans pour autant tomber dans la caricature et le mauvais goût, est extrêmement rafraîchissant. Le film ouvre par ailleurs le programme Comédies, qui est particulièrement efficace dans cette édition des Fantastiques week-ends.
Pacific Bell de Sandrine Bécharde
De toutes les propositions de cette année, quelques-uns des films nous atteignent droit au cœur sans qu’on s’y attende. La sensibilité de la réalisation de Sandrine Bécharde, le choix pertinent de son sujet et le jeu de ses deux acteurs principaux font de Pacific Bell un film qu’on n’est pas prêt d’oublier.
Devant traverser la frontière, deux jeunes garçons abandonnés à leur sort doivent entreprendre une traversée du désert, autant au sens propre que figuré, alors que la déshydratation et le sentiment de panique ambiant les empêcheront de plus en plus d’avancer. Le film prend son temps, a une maîtrise à tous les plans. C’est une excellente façon de conclure le programme Émotions du festival, qui comporte aussi d’autres excellents drames, mais principalement des films purs dotés d’une fine sensibilité.
Red Tiles de Philippe Bourret
Au-delà de l’émotion, et même parfois au sein de celle-ci, on retrouve à Fantasia des propositions complètement champ gauche, avec une esthétique éclatée, ou simplement une intrigue trash comme ce n’est pas permis. C’est le cas de Red Tiles, une réalisation lo-fi présentant une femme, seule à son appartement, qui se met à saigner du nez de manière incontrôlable.
La force du film n’est pas dans ses prouesses techniques. On sent les faibles coûts de production et, jusqu’à un certain point, l’amateurisme. Mais l’oeuvre de Philippe Bourret est différente et des plus audacieuses dans ce qu’on retrouve au festival. Le film n’emprunte pas de schéma narratif conventionnel, nous proposant plutôt une sorte de psychose étrange qui va clore le programme Psychotronique du festival.
Toothache de Marianne Lavergne
Toujours dans le même programme Psychotronique, le court film d’animation de Marianne Lavergne nous apprend l’origine d’une belle dentition saine. Mais gardez-vous bien de croire que le film aura des allures de publicités de dentifrice. La proposition de la cinéaste est trash, pour public averti, et sort complètement des sentiers battus. Une oeuvre à découvrir pour un enrichissement personnel et spirituel certain.
Cette année, les Fantastiques week-ends du cinéma québécois nous offrent une programmation variée, ambitieuse, et surtout locale. N’hésitez pas à vous permettre quelques bonnes soirées de projections de courts-métrages au fil du festival. C’est souvent le moment de découvrir de nouveaux artistes créatifs, des propositions marginales et, dans tous les cas, de passer de bons moments!
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