Le sorcier Kreon (Felix Ward) profite que des fêtards débarquent à l’improviste dans son manoir décrépit pour tenter de ramener à la vie son épouse Isabelle (Maria Pechukas). Afin de remplir son objectif, Kreon dispose d’une panoplie de monstres («spookies») aussi terrifiants qu’aléatoires, qui s’attaquent tour à tour aux pauvres innocents. On présume. Qui comprend vraiment ce qui se passe?
À toutes fins pratiques, Spookies est vraiment deux films recomposés avec du duct tape en une seule créature hideuse, comme le monstre de Frankenstein.
Une production indépendante, le projet initial de Brendan Faulkner et Thomas Doran s’appelait Twisted Souls et a été tourné en 1984. Mais le tournage n’aurait pas été complété à cause d’une série de conflits. Pour sauver la mise, les producteurs ont recruté deux femmes (women get shit done!), Ann Burgund (script) et Eugenie Joseph (montage) pour écrire les scènes (notamment avec Kreon) afin de donner au film un semblant de fil conducteur… qui fonctionne presque.
Il va sans dire que ça a été un flop monumental, mais un flop qui vaut 85 minutes de votre temps.
Pourquoi on l’aime
Quoi de mieux pour commencer ce top 13 des meilleurs films d’horreur méconnus que Spookies.
On sait que les années 80 ont vu déferler un tsunami de films d’épouvante à petit budget, tournés en quelques jours avec les moyens du bord, broche à foin, mal écrits, gérés tout croche… mais absolument divertissants.
Rien n’a de sens. Les points d’interrogation abondent dès le début: qu’est-ce que ce garçon fait dans le bois en pleine nuit? Pourquoi est-ce que Rich (Peter Iasillo Jr.) porte un t-shirt avec son propre visage dessus? Et pourquoi diable est-ce qu’un bonhomme de 50 ans fait la boom avec de supposés jeunes collégiens?
Parce que Spookies regorge de bonnes idées. On aurait pu faire tout un long-métrage, voire toute une série télé avec plusieurs de ses créatures, dont notre préférée, la femme araignée (Soo Paek).
D’ailleurs, on a presque un personnage féminin intéressant dans Adrienne (l’ancienne actrice X Charlotte Alexandra), qui affronte le cauchemar d’un flegme britannique typique, une sorte de «urgh» perpétuel qui reflète parfaitement notre exaspération.
Les effets spéciaux, quoiqu’inégaux vu les nombreuses équipes qui y ont travaillé, bottent des fesses. Comparé au CG d’aujourd’hui, n’importe quelle bibitte en latex dégueux nous réjouit et chaque recoin du manoir offre une abomination toute fraîche.
Il y a un plaisir coupable à regarder le montage et les dialogues défier la logique, c’est comme regarder un déraillement de train au ralenti. On sait qu’il faudrait détourner les yeux, mais on n’a pas le choix de tenir bon jusqu’à la conclusion sordide.
Parce qu’ultimement, Spookies introduit la question brûlante, celle qui hante secrètement chaque fan d’horreur: est-ce que les forces d’un film peuvent compenser pour ses faiblesses? C’est une question amusante qui reviendra tout au long de notre top 13!
Une chose est certaine, le meilleur est à suivre.
Notre citation préférée: «When all of the pawns have been sacrificed, we will win our queen back again.»
Lisez les autres textes de la chronique invitée 13 films d’horreur à (re)découvrir.
Tous les jours du 19 au 31 octobre, Bruno Massé et Catherine Lemieux Lefebvre dévoilent un top 13 des meilleurs films d’horreur méconnus à découvrir, ou à redécouvrir! Lisez la démarche.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.