Né dans les années 1970, ce n’est réellement qu’en 1981 que le slasher est devenu une tendance populaire au sein du 7e art. Eh oui, déjà 40 années ont passé depuis la plus grande cuvée du sous-genre horrifique. Ainsi, Kristof G. passe en mode On rembobine, afin de revisiter pour vous une douzaine des plus excitants, stressants et sanglants slashers sortis en 1981. Rendez-vous chaque dernier vendredi du mois, pour bien débuter votre «week-end de terreur»…
Film de (pas) peur
Après The Burning, My Bloody Valentine, Home Sweet Home, The Prowler, Hell Night, FinalExam, Graduation Day, Happy Birthday to Me et Friday the 13th Part 2, c’est maintenant au tour de Student Bodies, parce qu’était la rentrée scolaire il y a quelques semaines (ben oui, thématique de même!). AVERTISSEMENT: si vous n’avez pas vu le film, on vous suggère d’arrêter votre lecture dès maintenant et d’aller illico le visionner (en 2008, Legend Films l’a sorti en format DVD, alors qu’Olive Films lançait une version Blu-ray en 2015), car on débute la dissection du synopsis. P.S.: Le film n’a rien à voir avec la série québécoise de type sitcom du même nom, produite entre 1997 et 2000.
Bien avant que la série Scary Movie ne parodie les Scream (entre autres), Student Bodies (13 Morts ½ en v.f.) s’amusait à affectueusement tourner en ridicule notre sous-genre préféré. On y suit Toby (Kristen Riter), une jeune femme soupçonnée de meurtre, alors qu’elle voit ses amis tomber comme des mouches, sous les armes ridicules d’un mystérieux meurtrier. Évidemment, la prémisse joue sur les clichés du sous-genre: alors qu’ils s’en allaient se tripoter, une douzaine d’étudiants excités (évidemment) se font zigouiller deux par ceux, tandis que l’identité du tueur n’est dévoilée que vers la fin, comme chez les Italiens. Et ce, avant de multiplier les improbables twists, qu’on se gardera bien de dévoiler. Sachez seulement que l’absurde dernier acte est en mode montagnes russes et rappelle les maisons hantées des fêtes foraines.
Fr’hommages ou dommage?
D’emblée, le film référence frontalement plusieurs récents classiques de l’époque. Que ce soit avec sa caméra subjective et sa musique à la Halloween, son tueur qui respire (très) fort en passant des coups de fil obscènes comme dans Black Christmas et When a Stranger Calls, ou encore la date lors de laquelle se déroule le récit: le 31 octobre, ou un vendredi 13… non, c’est le jour de la fête de Jamie Lee Curtis! Avant de reprendre son rôle de Laurie Strode dans la suite du film de Carpenter sorti la même année, on sait tous et toutes qu’elle avait déjà été consacrée scream queen, en jouant dans une couple d’autres slashers comme Terror Train et Prom Night (tous deux sortis en 1980). D’ailleurs, le climax se déroule justement lors d’un bal des finissants, comme dans Carrie (1976), un film à qui on rend ici hommage à plusieurs reprises.
Oh que non, les fans du sous-genre ne seront pas du tout dépaysés, avec toutes ses fausses pistes et ses lieux communs, alors qu’on se promène d’un vestiaire à un match de football, en passant par un parking, une salle des machines et un cimetière, jusque dans une parade. L’humour est gras, très niais, façon Y a-t-il un pilote dans l’avion (Airplane, 1680) et Top Secret (1984). Vous savez avec des effets sonores rigolos ou du texte apparaissant à l’écran (pour nous aider à compter les cadavres)? Ou encore, lorsque le tueur est ralenti dans sa course après avoir marché sur une gomme à mâcher? Ce genre de chose, en plus de jouer avec le spectateur en brisant le 4e mur. Même si ça n’a pas toujours bon goût (voir le moment de malaise chez le psy), rien de trop gênant ici. Du coup, pour pleinement apprécier le film, il faut être flexible au niveau du rire.
Générique et constat
Flexible un peu comme le personnage de Malvert, le concierge, joué par un étrange contorsionniste moustachu surnommé The Stick (1941-1989). En fait, il est le seul personnage réellement mémorable du long métrage. Composée d’inconnus qui n’ont pas beaucoup joué ensuite (sauf Oscar James, qui joue le coach et qu’on a revu beaucoup à la télé, mais aussi dans Hardware et le Charlie and the Chocolate Factory de Tim Burton), la distribution joue évidemment très gros… et hélas un peu faux.
On doit le film à Mickey Rose (son seul film en tant que réalisateur), un scénariste ayant beaucoup bossé à la télé et qui a écrit quelques films de Woody Allen (Bananas, Crime Lives), de même que The Devil and Sam Silverstein de Russ Streiner (acteur dans les Night of the Living Dead de ’68 et ’90, et co-scénariste de Return of the Living Dead en ’85). Finalement, si le film se laisse regarder, c’est grâce à son directeur de la photographie, Robert Ebinger, qui a ensuite bossé sur The Being, The Loch Ness Horror mais surtout Re-Animator.
Mais de grâce, ne croyez pas la couverture du DVD, qui clame haut et fort que c’est la «première comédie d’horreur au monde» (y’avaient jamais entendu parler des films d’Abbott and Costello ni du Young Frankenstein de Mel Brooks?) et que «avant Scream, il y avait Student Bodies»: on n’est vraiment pas dans une géniale relecture méta ici comme dans le film de Craven. Ce n’est qu’une comédie noire un peu chiche sur les fous rires et le rouge, qu’on ne peut conseiller seulement qu’aux vrais fans de films parodiques et de slashers pas trop salissants.
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