Né dans les années 1970, ce n’est réellement qu’en 1981 que le slasher est devenu une tendance populaire au sein du 7e art. Eh oui, déjà quarante années ont passé depuis la plus grande cuvée du sous-genre horrifique.
Évidemment, il ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui si Bob Clark n’avait pas, avec le désormais incontournable Black Christmas (1974), jeté les bases du fortement codifié sous-genre. Même son de cloche du côté d’Halloween (1978), alors que John Carpenter subjugua le monde entier avec ce qui fut non seulement le plus grand succès indépendant de tous les temps, mais aussi le modèle de légions, en opposant les archétypes que sont devenus boogeyman et final girl. Or, 1981 fut une année faste au niveau du cinéma d’horreur avec la sortie de plusieurs classiques tels que The Evil Dead, L’Au-delà et autres Scanners, mais surtout de beaucoup beaucoup de slashers, et ce, à peine une dizaine de mois après la sortie du premier Friday the 13th de Sean Cunningham.
Ainsi, quatre décennies plus tard, Kristof G. passe en mode On rembobine, afin de revisiter pour vous une douzaine des plus excitants, stressants et sanglants slashers sortis en 1981. Rendez-vous chaque dernier vendredi du mois, pour bien débuter votre “week-end de terreur”…
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Futures pointures
Par ce beau et frisquet vendredi d’un janvier reconfiné, on revisite The Burning, jadis titré Carnage en version française dans les meilleurs clubs vidéo de quartier. Un film qui fut réalisé par Tony Maylam, à qui l’on doit également le très correct film de science-fiction horrifique Split Second (1992, avec Rutger Hauer). D’emblée, on doit avouer que The Burning ne réinvente pas grand-chose, la prémisse étant déjà relativement familière en 1981, reprenant plusieurs idées déjà vues auparavant.
En plus des obligatoires (mais rares) expositions de peau et (nombreux) épanchements de sang, on y retrouve également la notion de “méchant revenant se venger” vue d’abord chez Michael Myers, de même que le décor de camp d’été cher aux Voorhees. On nous ramène aussi le point de vue du tueur à la première personne, vu initialement avec le Billy de Clark, en plus de salves de claviers rappelant ceux de Carpenter. Par ailleurs, on doit l’appuyée musique à Rick Wakeman, émérite et prolifique claviériste du groupe Yes, ayant également joué avec les plus grands, tel qu’Ozzy Osbourne, David Bowie, Elton John et T.Rex (en plus d’être aussi le co-auteur de la musique de Creepshow 2!).
Après avoir découvert Kevin Bacon dans Friday the 13th (et avant que le soit Johnny Depp avec A Nightmare on Elm Street), The Burning se trouve à être le tout premier film d’un trio d’acteurs qui devinrent ensuite bien connus du grand public. Premièrement, dans le rôle du souriant Dave, on retrouve Jason Alexander (qu’on a pu voir dans l’excellent Jacob’s Ladder en 1990), le George Costanza de la populaire sitcom Seinfeld. Ensuite, dans le rôle quasi muet de Sophie, nous avons une toute jeune Holly Hunter (qui brillera 15 ans plus tard dans le puissant Crash de David Cronenberg), ainsi que Fisher Stevens dans le rôle un peu plus funeste de Woodstock. Vous reconnaîtrez ce dernier pour avoir joué aux côtés du sympathique robot Johnny 5 dans Short Circuit et sa suite.
Gore à souhait avec sa dizaine de meurtres assez graphiques merci, The Burning nous fait languir jusqu’à la 81e minute pour enfin dévoiler la dégoûtante tronche du croquemitaine, que l’on doit à nul autre que Tom “Maniac” Savini, grand gourou des effets spéciaux, qui n’était pas sorti du bois depuis son passage au fameux Camp Blood un an plus tôt (pour y retrouver 3 ans plus tard son Jason, pour le 4e volet de Vendredi 13).
Le vengeur démasqué
AVERTISSEMENT: si vous n’avez pas vu le film, on vous suggère d’arrêter votre lecture dès maintenant et d’aller illico le visionner (dispo en Blu-ray chez Scream Factory), car on débute la dissection du synopsis.
Le prologue nous présente celui qui sera notre croquemitaine pendant la prochaine heure et demie, soit Cropsy (interprété par Lou David), l’alcoolique et un peu lent jardinier du camp de vacances Blackfoot victime d’intimidation par un groupe d’ados pas très gentils, alors qu’une mauvaise blague tourne mal. Très mal. C’est que le susmentionné maraîcher se retrouve brûlé au 3e degré lors de l’incendie accidentel de sa cabine en bois rond (et ce, un bon trois ans avant que Freddy ne débarque pour hanter nos cauchemars). Cinq ans plus tard, Cropsy quitte enfin l’hôpital, bien décidé à retourner au lac afin d’assouvir sa terrible vengeance.
Le premier meurtre donne le ton: ça sera sanglant. Oh oui. On se retrouve ensuite en forêt, au Camp Stonewater (?), alors que de libidineux garçons matent de jolies et sportives filles, comme dans Porky’s. Or, tous ignorent que dans les parages rôde Cropsy…
Au menu de l’excursion de nos campeurs, on retrouve descentes de rivière, minouches et autres coquins bains de minuit, alors que sur le bord du feu de camp, Todd (Brian Matthews, abonné aux romans-savons américains) raconte l’inquiétante légende de Cropsy. Or, bien qu’on ait droit à un double meurtre bien sanguinolent (Eddy et Karen, interprétés par Ned Eisenberg et Carolyn Houlihan), il faudra attendre encore un petit moment pour pouvoir visionner LA séquence la plus mémorable du film: celle du radeau. Après s’être aperçu de la disparition de leurs amis et de leurs canots, un quintette de plaisanciers part chercher de l’aide, sans se méfier du guet-apens tendu par Cropsy, caché et prêt à bondir pour les massacrer.
56 minutes pour vivre
Armé de cisailles de jardinier (oui, de bons vieux sécateurs rouillés), notre grand brûlé se lève subitement, à la 56e minute, sa menaçante silhouette à contre-jour, élevant son arme vers le ciel, avant de rapidement trucider coup sur coup les cinq jeunes gens. Sous les cris assourdissants de ces derniers (sur fond de la stridente bande sonore de Wakeman), Cropsy poignarde, lacère et sectionne torses, visages et doigts (ceux d’un Woodstock horrifié), en plus de faire abondamment couler le sang de cette belle bande d’innocents (dans tous les sens du terme). Qui plus est, le carnage est bouclé en à peine une quarantaine de secondes, sans jamais montrer le visage du tueur. Le responsable de ce dynamique montage est nul autre que Jack Scholder, qui devint peu après réalisateur (Alone in the Dark, A Nightmare on Elm Street 2, The Hidden).
Par la suite, ce précoce blondinet de Glazer (Larry Joshua) et son insatisfaite copine Sally (Carrick Glenn) se font refroidir, le premier se faisant brutalement empaler sur un arbre sous les yeux écarquillés d’Alfred (Brian Baker, qui vous semblera probablement familier, ses gros sourcils ayant été très actifs pendant les années 1980), qui prend aussitôt ses jambes à son cou. Au même moment, le reste des campeurs — dont Hunter, Alexander et Leah Ayres, qui hurle fort bien en maillot bleu — retrouve les corps démembrés de leurs pauvres compagnons, avant qu’on ne se retrouve inexplicablement dans les ruines d’une vieille mine (comment? comme dans My Bloody Valentine sorti aussi en 1981?).
Alors qu’un flash-back nous en apprend un peu plus sur le fameux incendie du prologue, notre malicieux cramé dévoile son faciès redoutablement déformé, en débarquant armé d’un lance-flamme! Ben oui, pareil comme dans le film The Exterminator (L’Exterminateur ou Le Droit de tuer, en v.f.), sorti l’année d’avant, un petit film d’action en mode exploitation dans lequel on retrouve Eisenberg et David, justement! Ultimement et ironiquement, ce salaud de Cropsy finira brûlé à nouveau, avec une hache en pleine face et ses cisailles plantées dans le dos.
Dégoûtants personnages
En fait, il n’y avait pas que Cropsy de dégoûtant dans ce long métrage. D’abord le scénario, comme le comportement de plusieurs des personnages masculins est assez problématique, en particulier lorsque leurs blondes refusent leurs avances. En cette ère post-#MoiAussi, c’en est même gênant par moments: en revisionnant le film aujourd’hui, on se rend compte d’à quel point les personnages d’Eddy et de Glazer sont de vraies merdes. Qui plus est, le film se trouve à être la toute première production Miramax, produite par ce gros dégueulasse d’Harvey Weinstein, qui est également créateur de la prémisse originale. Heureusement, les temps ont changé; Weinstein a été reconnu coupable en 2020 pour plusieurs des crimes sexuels qu’il a commis, mais reste qu’il y a encore du travail à faire, les gars. Peut-être que Cropsy devrait revenir pour venger les victimes des susmentionnés crimes…
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