Après nous avoir offert le macabre court-métrage I Who Have No One en 2019, Pierre Tsigaridis poursuit son exploration du cinéma d’horreur avec Two Witches, disponible en exclusivité via la plateforme ARROW. Dans un mélange de sorcellerie, d’hémoglobine et d’humour noir, le réalisateur nous livre une histoire sans filtre et sans retenue aucune.
C’est l’histoire de deux sorcières liées par le sang. À chacune sa quête… et ses proies. Chapitre 1: Sarah, enceinte de quelques mois, se fait dévisager par une vieille dame étrange lors d’un souper au restaurant. Cette brève, mais terrifiante rencontre se met alors à la hanter inexplicablement jour et nuit. Mais rien ne va plus quand ses cauchemars et hallucinations deviennent son horrible réalité et celle des autres. Chapitre 2: Rachel habite depuis peu avec une jeune femme du nom de Masha. Tout d’abord empathique envers cette timide étrangère aux agissements singuliers, elle réalise peu à peu que la frêle et innocente façade de sa colocataire cache un sinistre secret.
L’histoire sans finesse
Cette description se veut, du moins, le synopsis de base, la façon «simple» de décrire cette histoire scindée en deux chapitres (et un épilogue!). En théorie, c’est bel et bien la prémisse du film. En pratique toutefois, c’est tout autre chose, car Two Witches propose une histoire de magie noire qui fonce tête première dans tous les sens.
D’entrée de jeu, on est en plans serrés, en coupures rapides et en flashs d’images. Le réalisateur veut, de toute évidence, nous en mettre plein la vue pour nous entraîner coûte que coûte dans son épouvante. S’ajoutent à cela plusieurs sursauts bien sentis pour maintenir le niveau d’anxiété. Beaucoup, beaucoup d’informations sont fournies en vrac, mais aucun souci du détail n’est accordé aux personnages, aux dialogues ou à l’intrigue elle-même. Ça viendra peut-être, se dit-on… Mais non!
On continue dans les scènes suivantes à explorer le malaise de la jeune maman et de ses camarades au travers des avancées lentes dans des recoins sombres et des présences malveillantes en arrière-plan. La première partie se conclut dans un crescendo violent où aucune réponse n’est offerte à nos (multiples!) questions.
Dans l’instant suivant, on passe subitement à autre chose.
Se laisser finalement prendre au jeu
Même «poudre aux yeux» dans le deuxième chapitre. Dans un style tout aussi vidéoclip, on assiste à la descente aux enfers de Rachel et à la dangereuse déchéance de Masha, dont le sang sorcier fera des ravages particulièrement sordides. D’une scène à l’autre, on se questionne sur le pourquoi du comment. Jusqu’à ce qu’on lâche prise et qu’on se laisse distraire par le tourbillon abracadabrant qui continue de plus belle.
Il faut toutefois admettre que malgré le flagrant manque de rigueur en matière de développement de l’histoire, Two Witches réussit à marquer l’imaginaire avec son défilement rapide et soutenu d’images terrifiantes et son enchaînement sans répit de situations affolantes. Mention spéciale aussi à Rebekah Kennedy qui incarne avec aplomb (et toupet!) Masha, la jeune sorcière débridée. Somme toute, l’horreur est assurément au rendez-vous, mais la logique et la cohérence ont, de toute évidence, cédé leur place à l’exubérance.
Two Witches arrive également sur demande le 17 octobre prochain.
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