Entre les analyses de bandes-annonces que certains fans se sont passées en mode ralenti, les spéculations des experts de la franchise et les supposées fuites qui circuleraient depuis des mois, Halloween Ends (Halloween prend fin) est devenu ce film imaginaire que les accros se sont amusés à construire mentalement pour atténuer la lourdeur de l’attente. Est-ce que toutes ces démarches en valaient la peine?
Quatre années se sont écoulées depuis cette funeste nuit d’Halloween 2018. Laurie Strode, qui a eu recours à de l’aide psychologique, et sa petite fille Allison essaient de reprendre leur vie en main. Après tout, Michael Myers ne s’est pas réellement montré depuis. Mais voilà qu’une série de meurtres, bien différents cette fois, recommence et que les cadavres s’empilent les uns après les autres.
Dès son ouverture et son générique, cette fois bleu (comme Halloween III) au lieu des habituels caractères orangés, Halloween Ends souligne au spectateur qu’il se retrouve face à un film bien différent des précédents opus. Le terrain des retrouvailles nostalgiques a déjà été cultivé, de même que celui du slasher grand-guignolesque et sans compromis. David Gordon Green s’est donc contenté d’agrandir son terrain de jeu pour étreindre le reste de la filmographie de John Carpenter afin de pimenter son chapitre final. Bien sûr, les hommages à The Thing, The Fog et Christine sont difficiles à manquer, mais le cinéaste reprend aussi une scène choc de l’ouverture d’Assault on Precinct 13 pour son propre incipit. Par ailleurs, plusieurs décors crades de la ville, notamment sous le viaduc, ne sont pas si éloignés des coins sombres et humides de la ville de New York tels que perçus dans Escape from New York.
Les détracteurs affirmeront sans doute que la qualité d’un scénario ne se mesure pas forcément dans son habilité à apprêter des hommages. Halloween Ends nous offre une trame remplie de surprises et de tentatives pour renouveler le genre sans diverger du concept original de Carpenter. Si certaines ficelles, pourtant plus allégoriques, sembleront un brin forcées pour une partie du public, le film saura déstabiliser les experts.es de la franchise à défaut de leur faire peur. Non seulement les meurtres se font attendre, mais ils nous semblent plus bizarres que terrifiants quand ils surviennent enfin. Mais disons-le carrément, l’objectif est de titiller le spectateur et de nourrir l’iconographie de Myers pour le rendre encore plus crasseux et lugubre que jamais lorsqu’il entrera enfin en scène. Les scénaristes en profitent aussi pour nous présenter une Laurie Strode plus grande que nature. La lenteur de la première partie du film nuance le personnage de Curtis tout en nous confirmant qu’elle est bien la seule adversaire de taille. Par ailleurs, l’introduction du personnage de Corey Cunningham est captivante à souhait.
À la réalisation, David Gordon Green sait profiter de la superbe photographie dont il dispose et de la musique inquiétante de John Carpenter, Cody Carpenter et Daniel Davies pour tisser une solide ambiance. Même si ses mises en scène ne sont pas toujours subtiles, il réussit tout de même à bien diriger ses acteurs.
En passant pour de bon le flambeau de final girl, la vétérane Jamie Lee Curtis est tout simplement impériale. Alternant entre l’ironie, le désir d’arrêter le mal pour de bon et l’angoisse, l’actrice s’amuse aisément et pour notre grand plaisir. Cela dit, dans le rôle casse-gueule du film, le Canadien Rohan Campbell (The Hardy Boys) crève littéralement l’écran dans le rôle de Corey.
En résumé, Halloween Ends risque de s’attirer une tirade de mauvaises critiques un peu partout, mais si on endosse le film pour ce qu’il est, rien de plus, rien de moins, il faut avouer qu’il s’avère être un excellent divertissement et qu’il surpasse le carcan habituel des films de gros studios.
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