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5 docuséries québécoises «true crime» à voir avant d’ouvrir Netflix

Lorsqu’on a envie de visionner un documentaire true crime, le réflexe est souvent d’ouvrir Netflix et de parcourir les dernières nouveautés criminelles du catalogue qui s’accumulent à vue d’œil. Dahmer, Unabomber et autres Killer Nurse; vrai que la quantité et la variété ne manquent pas, mais c’est souvent au détriment de l’éthique morale de ces productions, qui s’intéressent davantage aux détails sordides de ces affaires qu’aux dommages collatéraux qu’elles peuvent générer chez leurs victimes et leurs proches.

Depuis quelques années, le Québec s’intéresse également au phénomène — après tout, la province aussi a connu son lot de boogeymen — et s’attarde à produire des documentaires qui n’ont pourtant rien à envier ceux de nos voisins du Sud. En effet, en plus d’offrir des productions de qualité aussi attrayante, la majorité d’entre elles proposent des points de vue plutôt irréprochables en ce qui a trait au respect des survivant·e·s.

En cette journée de célébrations de la Fête nationale du Québec, voici cinq suggestions de documentaire true crime bien de chez nous à voir.


Alpha_02: le mystère Alexandre Cazes

C’est plutôt étonnant qu’on ne connaisse pas davantage le cas d’Alexandre Cazes chez nous. Cette première suggestion ne traite peut-être pas de meurtres sordides (quoique?), mais n’en demeure pas moins mystérieuse. En 2017, le jeune homme trifluvien de 25 ans était arrêté en Thaïlande pour avoir fondé Alphabay, le plus important site du dark web où les adeptes pouvaient se procurer des drogues illégales mortelles, des armes à et un tas d’autres trucs comme des pièces d’identité frauduleux et des outils de piratage informatique. La docusérie de quatre épisodes tente de lever le voile sur la vie secrète de Cazes, et les circonstances nébuleuses entourant sa mort, à travers une série d’entrevues avec des membres de sa famille et de son entourage. Certains non-dits en lien avec l’acceptation de sa mort lors de ces entretiens crèvent particulièrement le cœur alors qu’Alpha_02: le mystère Alexandre Cazes s’efforce de nous livrer une version des faits crédible et logique de cette histoire si rocambolesque qu’on la verrait bien adaptée pour le petit ou grand écran.

Disponible chez ICI Tou.tv Extra

Alpha02 - Bande annonce

Sur les traces d’un tueur en série

Entre 1970 et 1985, la grande région de Montréal a connu une dizaine de meurtres violents accompagnés d’actes de violence sexuelle encore irrésolus quarante ans plus tard. Un tueur en série aurait-il pu être actif au Québec durant cette période? C’est avec cette prémisse que l’équipe d’experts — les passionnants Claude Sarrazin, enquêteur expert, Guillaume Louis, spécialiste des crimes sériels, et Sophie Charest, journaliste à la recherche — livre un véritable exposé sur l’art de l’enquête criminelle et des techniques utilisées pour littéralement réanimer ces cold cases. Sur les traces d’un tueur en série est on ne peut plus exemplaire (Netflix pourrait prendre des notes ici) alors que l’accent n’est jamais mis sur les détails sanglants des affaires et toujours abordé sous l’angle des proches des victimes. En ce sens, Sophie Charest trouve le ton juste pour être incisive lors de ses recherches, mais incroyablement humaine et sensible lors des rencontres avec les proches. Les témoignages sont émouvants et les pistes abordées lors de ces deux saisons couvrant des dizaines de dossiers fascinent.

Un des dossiers abordés par la série a d’ailleurs tout récemment été résolu. En effet, près de 50 ans après le viol et l’assassinat de la jeune Sharron Prior alors âgée de 16 ans à Longueuil, des avancées scientifiques dans le domaine de la généalogie génétique ont permis d’identifier le coupable. Vous pouvez suivre la conclusion touchante de l’affaire dans l’émission documentaire de 43 minutes Ne repose pas en paix, également chez Crave. Dommage que l’équipe originale n’ait pas pu conclure l’affaire. En ce qui concerne Sur les traces d’un tueur en série: on veut une troisième saison, SVP!

Disponible chez Crave

sur les traces d’un tueur en série affiche

Le dernier soir

À l’image de notre précédente suggestion, Le dernier soir traite d’un dossier qui n’a jamais été résolu à ce jour: le double meurtre de Diane Déry, 13 ans, et Mario Corbeil, 15 ans, sur la Rive-Sud de Montréal en 1975. Les six épisodes se dévorent très rapidement alors que la docusérie s’attarde avant tout sur les familles derrière les deux jeunes victimes, révélant ainsi l’onde de choc qui continue de résonner derrière le crime ignoble presque cinquante ans plus tard. En nous liant émotivement ainsi aux parents et proches, la docusérie agrippe fermement n’importe qui doté d’une once d’empathie. Malgré quelques prises de vues plus difficiles, la journaliste Monic Néron navigue entre le drame humain et les formalités policières de manière remarquable, et prend même plusieurs risques qui s’avèrent plutôt bénéfiques pour le déroulement de l’enquête. En effet, la finale de Le dernier soir culmine sur des révélations chocs troublantes difficiles à oublier après son visionnement.

Disponible chez ICI Tou.tv Extra

Le dernier soir affiche

La Traque

Lorsqu’un criminel effraie même la police, on sait qu’on a affaire à un véritable monstre. La Traque donne froid dans le dos alors que la docusérie décortique l’histoire ignoble d’une série de violations de domiciles particulièrement violente qui s’est déroulée principalement dans l’ouest de Montréal dans les années 2006 à 2009. Animés par le journaliste Patrick Lagacé, les cinq épisodes retracent les événements, d’une prise d’otage paniquante au meurtre d’une victime lors d’un braquage, jusqu’à la relance de l’affaire qui laissait les enquêteurs sans piste jusqu’en 2013. La réalisation d’André Saint-Pierre navigue on ne peut mieux les images d’archives et les reconstitutions pour livrer un récit souvent poignant, sans aucun temps mort. D’un côté, Lagacé cherche à comprendre les motivations de l’homme, et réussira d’une certaine manière en se rendant jusqu’à son pays d’origine, mais de l’autre, La Traque ne personnifie jamais le criminel alors que la parole est donnée uniquement à ses victimes. Un autre exemple de travail bien fait.

Disponible chez ICI Tou.tv Extra

la traque affiche

Qui a tué Marie-Josée?

Cette dernière suggestion fait une incursion dans le showbizz québécois des années 80 pour raconter l’histoire du meurtre de la mannequin québécoise Marie-Josée Saint-Antoine, poignardée dans son appartement de Manhattan en 1982. Le principal soupçonné, Alain Montpetit, star de la télévision et des boîtes de nuit au Québec, n’a jamais été accusé et c’est à l’aide d’entretiens en compagnie de gens qui les ont tous deux côtoyés jadis — entre autres l’actrice Danielle Ouimet, le designer Jean-Claude Poitras ou Jean-Luc Saint-Antoine, frère de Marie-Josée, qui livre le témoignage le plus vulnérable de la série — que le court documentaire de trois épisodes reconstitue les faits quarante ans plus tard. La réalisation habile de Jean-François Poisson sait garder en haleine, malgré l’évidence, tout en nous transportant dans l’ambiance et la mentalité de l’époque grâce aux images d’archives soigneusement choisies. Ce qui rend toutefois Qui a tué Marie-Josée? plus unique, c’est cette absence de preuve irréfutable qui empêche une résolution «sans l’ombre d’un doute». Le dernier tour de table que la docusérie dresse auprès des différent·e·s intervenant·e·s quant à l’identité du tueur s’avère ainsi plutôt révélateur quant à leur objectivité sur l’affaire.

Disponible chez Crave

Qui a tué Marie-Josée? affiche

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