C’est cette semaine que paraît en vidéo sur demande le premier long-métrage japonais de Takeshi Kushida: Woman of the Photographs. Au cours d’une trame lente où le silence est d’or, le réalisateur nous livre une histoire à la fois poétique et très actuelle: l’image que l’on se fait de soi à travers le filtre des autres.
Kai, un talentueux photographe introverti, tient son propre studio de photographie. Une de ses spécialités: les retouches photos pour redonner beauté et jeunesse à celleux qui préfèrent se voir et voir les autres sous un autre œil. Lorsqu’il rencontre Kyoko, une jeune femme dont l’entière existence repose sur son apparence aux yeux du public, sa perception du monde qui l’entoure et sa vision de lui-même en sont irréversiblement chamboulées.
Une histoire dont vous êtes l’interprète
Nous entrons à pas feutrés dans l’univers de Kai, un homme discret bien ancré dans un quotidien finement calculé. Le film ne propose rien de plus au cours d’un premier quart d’heure, ce qui peut paraître long considérant que l’ensemble ne dure que 89 minutes. Pourtant, ce «temps d’attente» s’avère nécessaire pour nous mettre en contexte et tranquillement créer l’ambiguïté bien sentie qui émergera de la rencontre entre nos deux protagonistes. En effet, le début de leur relation est si maladroit que nous sommes presque gênés d’en être témoin. Toutefois, avec une mise en scène lente mais efficace et un jeu d’acteurs délicat, mais fort de sens, nous nous accoutumons tranquillement à ce duo improbable et nous surprenons même à être charmés par leur complicité hors du commun.
Woman of the Photographs n’est pas un film qui s’exclame haut et fort. La plupart de ses plans et images semblent être judicieusement calculés. Les paroles dispersées ici et là dans le film paraissent sous-entendre un message ou une métaphore à déchiffrer, mais rien n’est réellement révélé au grand jour. Il n’en tient qu’au spectateur de se faire sa propre idée. Et bien que l’on sache que le discours porte principalement sur l’image corporelle et de la recherche de la perfection et de l’admiration, Takeshi Kushida préfère nous le livrer subtilement à travers des moments où rien ne se dit, mais tout se joue.
Attrayant… mais pas effrayant!
Une attention particulière est portée sur les effets sonores qui offrent aux images et aux situations vécues une profondeur accrue. Une mention spéciale doit également être offerte à la cinématographie qui nous fait passer de petits endroits clos à de grands et majestueux paysages. On peut penser, sans prétention, qu’il s’agit ici d’un beau symbole de l’ouverture d’esprit grandissante des personnages face à eux-mêmes et aux autres.
Bien que le Woman of the Photographs peut se vanter d’offrir une touchante histoire unique et visuellement réussie, conjuguée à un jeu d’acteurs notable, on peut difficilement catégoriser le film dans le créneau horrifique. Peut-être que les quelques gouttes de sang ayant giclé au cours de l’histoire ont brièvement malaisé certains spectateurs, mais la dose de frousse n’est certainement pas assez élevée pour impressionner les amateurs du genre. Alors pour la beauté ça vaut le coup, mais pour la bête… on repassera!
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.