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[Critique] «The Exorcist: Believer»: le Diable n’effraie officiellement plus personne

Proposer un remake à l’un des plus grands films d’horreur de tous les temps est nécessairement un projet casse-cou. Parlez-en à Gus Van Sant lorsqu’il s’est (drôlement) attaqué à Psycho en 1998. Le résultat ne peut que pâtir de la comparaison. L’idée d’une suite par contre — ou plus précisément d’un requel, en bon français —, ramenant certains éléments de l’original (ELLEN BURSTYN!), devient soudainement plus alléchante pour les fans nostalgiques. Au cinéma d’horreur, David Gordon Green a en quelque sorte lancé le bal avec Halloween en 2018, avant que d’autres emboîtent rapidement le pas (Candyman, Scream, Texas Chainsaw Massacre) et l’homme est maintenant de retour en selle avec The Exorcist: Believer (L’Exorciste: Le croyant), premier chapitre d’une toute nouvelle trilogie.

Treize ans après avoir perdu sa femme dans un horrible tremblement de terre, Victor Fielding (Leslie Odom Jr., Murder on the Orient Express) élève seul et paisiblement en banlieue sa jeune fille Angela (Lidya Jewett, Good Girls). Un jour, Angela ne rentre pas comme prévu après l'école et disparaît avec sa camarade Katherine (Olivia Marcum) dans les bois. Ce n'est que trois jours plus tard que les filles seront retrouvées, complètement transformées.
The Exorcist Believer affiche film

Avouons tout de même qu’il faut des couilles pour se mesurer au chef-d’œuvre de William Friedkin, tout juste après en avoir finit avec la franchise de John Carpenter. Inutile néanmoins de trop sombrer dans les comparaisons: outre ce retour un peu molasse et essentiellement émotif de la susmentionnée dame Burstyn et deux ou trois analogies visuelles, The Exorcist: Believer ne partage pas grand-chose avec le classique de 1973.

La première moitié se voulait prometteuse, alors qu’on entre dans le mystère entourant la disparition des jeunes filles. The Exorcist: Believer développe là des thèmes somme toute intéressants pour un énième film de possession, en lien avec le concept de communauté qui prévaut dans n’importe quelle organisation, religieuse ou non. Lorsqu’Angela resurgira de son escapade maudite avec sa camarade, l’entourage de la petite famille deviendra soudainement plus compatissant et tentera d’aider, de façon plus ou moins efficace.

Le problème, c’est que plusieurs aspects de ce nouveau chapitre de la saga du Diable en personne (Pazuzu pour les intimes) s’avèrent grossiers. Le montage nous fait passer du coq à l’âne en essayant de naviguer à travers trop de personnages en même temps. Plusieurs scènes deviennent ainsi confuses et même maladroites, voire comiques. C’est que malgré ses presque deux heures, Believer n’a pas le temps de développer les situations qu’il propose. Ces thématiques, qui rappellent en quelque sorte celles abordées dans Halloween Kills, nous sont littéralement enfoncées dans la gorge alors qu’on assiste dans une indifférence totale à la déchéance de ces gens qu’on ne connaît finalement ni d’Ève et d’Adam.

La réalisation ne parvient pas, non plus, à engendrer le moindre moment de terreur. Visuellement, l’idée d’une double possession procure quelques images percutantes, mais sans plus. On se rabat sur certains jump scares, mais aucune ambiance ne se mesure à celles de l’original — et c’est sans parler des effets numériques lamentables, qui nous font regretter les techniques pratiques de l’époque. Le phénomène est entre autres attribuable à l’évolution brouillonne de l’état des jeunes adolescentes qui, malgré de solides performances, ne nous fait jamais craindre pour elles-mêmes ni pour les autres.

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The Exorcist: Believer reste en effet plutôt gentil non seulement dans ses assauts, mais aussi dans son traitement. Le film est inclusif, lumineux et plein d’espoir, des traits qui sont loin d’être des défauts en soi, mais qui peuvent le devenir lorsque, par exemple, on refuse de prendre position sur l’aspect religieux en 2023 en incluant tout le monde autour de la table. Est-ce que notre démon pourrait éventuellement être vaincu par à peu près tout ou rien? Les paramètres deviennent arbitraires alors qu’aucune mythologie n’est véritablement définie. On s’éloigne drôlement de l’essence de The Exorcist.

Mais c’est aussi que le Diable devrait paraître glauque et dangereux. Il devrait diviser, déranger, choquer et ébranler nos convictions. The Exorcist: Believer ne fait rien de tout cela. Et on se ramasse avec un autre banal film de possession entre les mains.

Après cette mièvre finale prévisible et qui ne construit pour ainsi dire rien, difficile de s’exciter pour l’avenir de la franchise, qui ressemble maintenant davantage à un coup des studios pour nous soutirer notre argent en trois temps.

Note des lecteurs19 Notes
Pour les fans...
de films où les têtes tournent à 360 degrés
de David Gordon Green et Blumhouse
de sagas qui s'étirent sans bonne raison
2
Note Horreur Québec
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