Celles et ceux qui ont vu le film d’animation chilien The Wolf House (La casa lobo) ont probablement rapidement repéré le nom de Niles Atallah dans le programme de Fantasia cette année. L’homme, qui nous présente son troisième long métrage avec Animalia Paradoxa, est en effet responsable de la production du titre qui s’est fait grandement remarqué en 2018 en compagnie de ses créateurs, Cristobal León et Joaquín Cociña.
Une étrange créature erre au milieu des déchets et d'autres débris tout en rêvant à des paysages marins dans ce qui semble suivre une apocalypse.
Pour espérer apprécier une œuvre cinématographique expérimentale, il faut mettre ses lunettes de cinéphile ouvert et être prêt·e à se faire déstabiliser par une vision artistique aux antipodes de ce que l’on voit la plupart du temps. Animalia Paradoxa fait définitivement partie du lot, et s’avère plutôt difficile à naviguer.
Mêlant performance, danse et animation en stop motion, l’essentiel du film repose sur les mouvements de cette créature et ses interactions avec son environnement. Décrit comme un humanoïde amphibien, l’être croise des chimères plus ou moins magiques, nourrit une main mystérieuse à travers un mur et repose dans des bains d’eau soigneusement récoltée.
Il faut se laisser porter par la poésie, où les angles de caméra, les formes abstraites en mouvance et les noirs et blancs inversés désorientent l’œil et le forcent à remettre en question le point de vue abordé. Pendant ce temps, la trame sonore élabore des ritournelles tantôt sympathiques, évoquant le cirque, tantôt plus énigmatiques. Malgré les imageries parfois glauques, l’ambiance d’Animalia Paradoxa demeure tout de même bon enfant.
On en apprend un peu plus sur le sujet en fouillant. Animalia Paradoxa serait le nom d’un système de classification du 18e siècle élaboré par le naturaliste suédois Carl von Linné, regroupant des animaux mythiques, légendaires ou tout simplement surprenants. Ok. Les descriptions en ligne parlent d’écoanxiété et de réflexion sur le capitalisme. Soit. On se doute que l’expérience n’est pas destinée à être comprise à tout prix, mais lorsqu’on embarque pour un 80 minutes (un format plus court aurait tout aussi bien fonctionné), certaines personnes voudront au moins quelques repères.
Avertissement : si vous choisissez d’entrer dans l’univers d’Animalia Paradoxa, c’est pour vivre une expérimentation surréaliste et vous laisser enivrer par une série de scènes lyriques sans véritable narratif.
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