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[Critique] « Azrael » : un enfer terrestre plus violent et assumé que jamais

Dans plusieurs croyances et religions, le nom Azrael fait référence à l’ange de la mort dont la tâche est de séparer l’âme des mortels de leur corps une fois leur vie achevée. Ce nom grandement évocateur annonce déjà la couleur du nouveau long métrage d’E.L. Katz (Cheap Thrills, Small Crimes) présenté en première canadienne à Fantasia.

Dans un monde laissé à l'abandon par Dieu après L'enlèvement de l'Église, les humains restants sont condamnés à errer sur Terre dans le silence complet, la parole leur ayant été retirée. Dans ces lieux désolés, Azrael, une jeune femme venant de s'échapper d'une secte sacrificielle, devra survivre seule au milieu d'une forêt menaçante dans laquelle chassent hommes et démons...
azrael

Avec un concept aussi assumé qu’est celui de n’avoir aucun dialogue pendant toute la durée d’un film, il est normal de se demander si le réalisateur saura garder notre attention uniquement par l’action, les visuels et le montage. La réponse est un « oui » plus qu’enthousiaste. Avec un montage effréné et une mise en scène qui ne nous laisse pratiquement jamais le répit d’un plan large, Azrael nous impose toute la brutalité et l’horreur de son monde avec de gros plans souvent difficiles à supporter.

Bien que cette violence graphique très frontale soit perturbante, le véritable malaise d’Azrael se retrouve dans son design sonore cauchemardesque et agressant. Que ce soit dans les cris de terreur, de douleur ou dans les bruits de chair qui se déchirent sous les dents pourries des démons du film, le mixage sonore est toujours à deux doigts de la saturation. C’est donc un son tout aussi violent que l’aspect purement visuel du film qui vient contribuer à sa terreur. Avec en plus son refus total de nous offrir le confort d’une voix humaine, Azrael devient un film volontairement très déplaisant à vivre, ce qui n’est absolument pas une mauvaise chose dans ce contexte.

Si l’aspect purement horrifique du métrage s’avère un grand succès, qu’en est-il de son fond? Avec la montée de l’extrémisme religieux qui veut réduire au silence (ici littéralement) toute voix dissidente un peu partout dans le monde, il n’est pas très difficile de déduire la thématique du film. On parle donc de l’oppression de plus en plus agressive de cette nouvelle mouture catholique, mais plus spécifiquement de l’effet qu’elle a envers les femmes. En effet, notre protagoniste, interprétée par la géniale Samara Weaving (Ready or Not), a subi toutes sortes de maltraitances aux mains des hommes et son arc narratif la fera reprendre le contrôle de sa propre féminité dans un bain de sang particulièrement jouissif qui se termine avec un sublime plan qui deviendra sans doute iconique dans le futur.

Azrael est donc un film au rythme effréné qui ne s’excuse jamais quant à l’horreur frontale qui s’en dégage, en plus d’aborder de façon intelligente des thèmes plutôt intéressants. Il s’agit d’un de ces films qui vous demandera une heure ou deux de visionnement de dessins animés après la projection pour vous sortir progressivement de son univers cauchemardesque. C’est aussi l’une des meilleures œuvres sortant de cette cuvée 2024 du festival Fantasia.

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4.5
Note Horreur Québec

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