THE G FILM

« The G » : Karl Hearne et Dale Dickey nous parlent du thriller de vengeance tourné à Montréal

Pendant le dernier Fantasia, nous avons pu nous asseoir avec le réalisateur Karl Hearne et l’actrice Dale Dickey, présents au festival pour présenter leur nouveau thriller : The G, un thriller entièrement tourné à Montréal avec une équipe technique et une distribution québécoise.

Cette histoire de vengeance sombre concernant une vieille dame victime d’une arnaque qui ruine sa vie et qui, avec l’aide de sa petite-fille, décide de se venger des coupables.


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HQ : C’est votre première fois à Fantasia

KH : Non. J’ai déjà eu des films ici avant. J’adore ce festival. Je pense que c’est le festival le plus cool au Canada et je suis très heureux d’être de retour avec ce film. 

HQ (à Karl) : Avez-vous briefé Dale sur le public de Fantasia? 

KH : Ce que je me rappelle d’il y a longtemps, c’était au Cinéma Impérial. Donc je ne pense pas que ce sera au même niveau de folie parce que c’est une plus petite salle, mais ça devrait être un public très cool en général. 

DD : Est-ce que vous essayez de faire comme le Rocky Horror Picture Show où on lance des objets à l’écran? 

HQ : Non, on est simplement très enthousiastes à propos des films qu’on regarde. 

DD : J’adore ça. Je suis enthousiaste à propos des films, donc mes réactions sont également très vocales. 

HQ : Karl, vous avez grandi à Montréal, non? 

KH : Absolument. Je suis allé à l’école ici. J’ai grandi un peu en Irlande, ici et à quelques autres endroits, mais j’ai étudié à Montréal. Je parle français, vous savez, et je suis assez fier de ce film. C’est un peu inhabituel : un Irlandais de Montréal qui réalise un film en anglais avec une équipe presque entièrement francophone québécoise. Et même dans notre distribution, on avait deux vedettes québécoises : Romane Denis et Roc Lafortune

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HQ : …et Joey Scarpellino! 

KH : Joey Scarpellino, je ne pense pas qu’il travaille toujours en français, mais les deux autres travaillent toujours en français. Ici, ils jouent en anglais et ils sont excellents. Donc, je pense que c’est un film inhabituel à sortir au Québec. 

HQ : D’ailleurs le film a été entièrement tourné ici à Montréal. Pourquoi ce choix? 

KH : Je n’ai pas choisi de le tourner ici. En fait, une partie de ça était liée aux considérations budgétaires, et on avait déjà beaucoup de notre préparation prête ici; on avait aussi beaucoup de membres de l’équipe prêts à commencer ici. Je dirais donc que ce sont là quelques-uns des principaux facteurs. 

HQ : Dale, The G est un film de vengeance sur les abus envers les personnes âgées. C’est très sombre, et c’est vraiment intéressant de vous voir vous attaquer à tous ces escrocs. Vous avez bâti votre carrière en jouant des personnages intenses et durs, principalement dans des rôles secondaires. Comment c’était de jouer ce genre de personnage dans un rôle principal? 

DD : En fait, c’était assez cathartique d’une certaine manière. C’était très stressant. Vous savez, je ne fais généralement pas de rôles principaux. Pas au cinéma, en tout cas, mais au théâtre, oui. Cependant, j’ai vraiment, vraiment aimé le scénario. C’est un rôle extraordinaire pour quelqu’un de mon âge. Je suis très reconnaissante que Karl ait pensé à moi. J’aime travailler avec un réalisateur fort, et je pense que Karl et moi, on s’est bien entendus. On a bien travaillé ensemble pour façonner ce personnage. Elle est très complexe, même si elle reste assez directe tout au long du film. Mais on avait une distribution et une équipe formidables. C’était ma première fois à Montréal. Il faisait extrêmement froid en novembre, mais ça a alimenté notre travail. 

HQ : Comment avez-vous travaillé ensemble sur ce personnage? 

KH : Ça commence principalement avec des conversations. L’une des choses qui effrayait Dale avec ce rôle, c’est à quel point le personnage est impitoyable. Traditionnellement, dans un film hollywoodien ou dans de nombreux films, on veut que le personnage principal soit sympathique, et elle ne vous donne pas beaucoup de chance de l’apprécier. Mais je croyais en cette façon très, très réservée qu’elle a de montrer de l’affection. On peut sentir à certains moments une chaleur et un véritable amour, mais ça ne se manifeste pas facilement et pas au bon moment. C’était un grand risque à prendre. C’est le genre de choses sur lesquelles on a passé beaucoup de temps à discuter. Je pense que le fait qu’on se faisait confiance est ce qui a fait que ça a fonctionné. C’était essentiel. 

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HQ : Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec des acteurs québécois spécifiquement?

KH : Parce qu’ils sont les meilleurs, voilà pourquoi! Non, c’est parce que ce sont les meilleurs acteurs qu’on a vus. Je veux dire, on s’est posé la question : est-ce que l’accent français va ressortir alors que l’histoire est censée se dérouler aux États-Unis? Et, vous savez, tous les deux parlent très bien anglais. Ce sont deux acteurs formidables. C’est ce que je recherchais. Ce sont deux des rôles les plus importants et ils vont jouer en face de Dale. C’est aussi un défi. Pouvaient-ils prendre leur place dans ces scènes? Je pense qu’ils l’ont fait. Ils ont fait un excellent travail.

DD : J’ai vraiment eu beaucoup de chance d’avoir de si bons acteurs que Karl a recrutés. Et je savais que Roc et Romane étaient des acteurs francophones, mais je les aurais crus venus des États-Unis. Ils étaient vraiment excellents. Vous savez, je regrette de ne pas parler plus le français parce que tout le monde dans l’équipe parlait québécois, et j’ai appris un peu. J’ai appris à dire : « Merci beaucoup ». Un jour, je rigolais et j’ai dit à notre ingénieur du son : « Merci, beau cul! ». C’était très drôle. Je n’avais aucune idée de ce que je disais. Il m’a regardé et a dit : « Non, non. Tu ne peux pas dire ça » et je me demandais pourquoi.

HQ : Ça veut dire « Thanks, nice ass! ».

DD : Mais il avait un joli cul alors. Je suis désolé. Harcèlement sexuel? Non. Enfin, c’est ce que j’ai appris. Donc, je ne devrais pas essayer de parler français. Ça ne se passe pas bien pour moi.

HQ : (Rires) Question pour vous deux : cette protagoniste a-t-elle été basée sur quelqu’un ou quelque chose de spécifique? 

KH : Oui. Le personnage était basé sur ma grand-mère irlandaise. C’est très spécifique. Quelqu’un qui a un caractère très fort, dont j’avais toujours un peu peur, quelqu’un de très intense et il y a beaucoup de choses dans le film qui sont fidèle à la réalité. Donc, oui, une inspiration très spécifique pour ce personnage et ensuite, il s’agissait simplement de trouver quelqu’un qui pourrait rendre justice à toute cette rage refoulée. 

HQ (à Dale) : Je pense que c’est totalement réussi! 

DD : Merci. C’est une autre difficulté de jouer le rôle principal et de porter le film tout en restant dans cet univers de rage et de noirceur. Cela peut être épuisant après un certain temps, mais c’est qui elle est, et moi, ayant grandi dans le Sud, au Tennessee, on ne montrait pas très bien notre colère. Je me souviens qu’une enseignante de théâtre à New York m’a dit : « Vous, les sudistes, avez un problème avec la colère », et je répondais : « Non, je n’ai pas de problème, de quoi parlez-vous? » Et elle se moquait de moi. Grâce à un travail avec la technique Meisner et le mouvement corporel, j’ai appris à être à l’aise à exprimer ma colère sur scène. Je ne l’étais pas avant. J’évitais la confrontation. Pour une raison ou une autre, ce sont les types de rôles que j’ai eu l’occasion de jouer. Ma mère était une femme très dure. Elle a eu une vie difficile à bien des égards, et ma sœur aussi. Et, vous ne vouliez pas vous mettre en travers de son chemin. C’était une personne merveilleuse, mais quand il était temps d’être en colère, ça ressortait, surtout avec ma sœur. 

HQ : C’est sur votre mère que vous avez donc basé le personnage? 

DD : Pas vraiment. Il y a beaucoup de femmes effrayantes dans l’Est du Tennessee. Il y avait une femme avec qui ma sœur était amie, et rien que sa voix sur le répondeur me terrifiait. Vous savez, juste ce ton menaçant. Ce personnage est donc une combinaison de beaucoup de personnes différentes. 

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HQ : Dernière question : avez-vous des films à recommander qui sont dans le même esprit que The G

KH : Vous savez, honnêtement, je ne suis pas sûr, car j’avais vraiment le sentiment, lorsqu’on a réalisé ce film, qu’il n’y a aucun autre film comme celui-ci et à plusieurs égards. Il n’y a pas de film auquel je pense qui soit un thriller sombre ou un film de vengeance avec une femme âgée en tête d’affiche. Je pense que c’est quelque chose de relativement unique. Il y a certainement des films dans ce genre avec des rôles principaux masculins. Je veux dire, les films de Liam Neeson et de Clint Eastwood ou d’Harry Brown

DD : Oui, je suis d’accord. C’est rare qu’une actrice de mon âge obtienne un rôle comme celui-ci. C’est généralement un rôle masculin. Dans celui-ci, on dirait une version féminine de Liam Neeson. Un critique a dit que ma détermination était comparable à celle de Clint Eastwood et Charles Bronson. Je me suis dit : « Wow! C’est flatteur, j’aime ça! Merci beaucoup. »

Je pense que ce film est réussi. C’est plus qu’un film d’action générique. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, j’ai regardé beaucoup de Clint Eastwood dans ma jeunesse et ça a dû inspirer ma performance de façon subconsciente. 

HQ : Merci énormément à vous deux pour votre temps. 

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