Avec son imagerie sombre, ses sons agressifs et ses thématiques violentes, le métal est un genre musical souvent associé au cinéma horrifique. Si l’idée d’en faire un élément central du cinéma d’horreur n’est pas nouvelle, un found footage l’utilisant comme toile de fond est certainement une première. C’est exactement ce que propose Invoking Yell, film chilien acquis par Welcome Villain Films, qui nous a également offert Mind Body Spirit et Malum.
Un trio de musiciennes formant un groupe de métal se rend au beau milieu de la forêt pour tourner leur nouveau clip ainsi qu'un documentaire, mais plus elles s'enfoncent dans les bois, plus la tension monte entre elles...
Il est quasi impossible de tourner un found footage dans la forêt sans, au minimum, faire référence à The Blair Witch Project. C’est ce qu’Invoking Yell fait continuellement, mais sans jamais comprendre ce qui a rendu le film de 1999 aussi efficace et marquant. Comme dans Blair Witch, nous avons un trio de personnages qui se promènent en forêt et dont les relations se détériorent au fil du récit. Sauf que dans Invoking Yell, ils ne sont pas perdus et aucune menace paranormale ne pèse au-dessus d’eux. On se contente de filmer des gens qui font une randonnée et qui ne s’apprécient pas particulièrement.
Non, c’est faux. Il se passe bien quelque chose. Après 58 minutes de promenade en forêt mal filmée, quelque chose arrive. La chose la plus prévisible et évidente survient pour enclencher le troisième acte du récit, troisième acte qui serait plutôt appréciable si on n’avait pas passé autant de temps à se demander où le film se dirige tout en devinant la réponse, la seule logiquement possible. Après presque une heure de vide, il est trop tard pour recapter l’attention du public qui n’en a plus rien à faire. C’est long, c’est ennuyeux et ça ne raconte rien.
Invoking Yell a été tourné en deux jours, et cela se voit. Il n’y a aucun effort de mise en scène, aucun travail sonore ni de construction d’atmosphères. Le choix de tourner le film en found footage semble être une manière d’éviter de réfléchir à la mise en scène et au cadrage. Le seul élément sur lequel un effort semble avoir été fait est le look VHS de l’image. Tournée avec une Sony FS7 en 2K, l’image a été largement retravaillée en postproduction pour lui donner l’apparence d’une vieille cassette usée. Mais même avec quelques petits effets visuels, on distingue clairement la haute définition et la manipulation numérique est évidente. Bref, l’effet est raté, ce qui n’aide en rien à l’immersion.
Pour celles et ceux qui espéraient au moins entendre du métal, vous serez d’autant plus déçu·e·s que le film est presque totalement dénué de musique, à l’exception de quelques petits extraits de l’album du groupe formé par les protagonistes.
En somme, Invoking Yell est d’un ennui mortel. En dehors d’un troisième acte à moitié décent et d’un jeu d’acteur plutôt bon, les une heure trente-cinq minutes de film ne valent pas la peine d’être visionnées.
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