Rumours (Rumeurs) a été révélé au public grâce à sa sélection au Festival de Cannes en mai dernier, et le simple fait de voir le cinéaste canadien Guy Maddin entouré de Cate Blanchett et de Roy Dupuis sur la croisette avait de quoi nous donner envie de voir ce nouveau délire produit par nul autre qu’Ari Aster (Beau is Afraid).
Dans un domaine isolé, cerné par une forêt, des événements farfelus et inquiétants transforment en véritable cauchemar le sommet annuel du G7, où les dirigeants doivent s’unir pour traverser la nuit.
Disons-le d’entrée de jeu, ce nouveau long métrage de Guy Maddin et de Galen et Evan Johnson est une pure merveille comme on en voit trop peu. Cette réunion de meneurs complètement dépassés donne droit à un film hybride qui se transpose avec une aisance incroyable d’un genre à l’autre. Les codes de la comédie, du fantastique et de l’horreur se mêlent avec parcimonie et intelligence aux angles politiques de la trame.
Chacun des protagonistes devient un peu la métaphore du pays qu’il représente, et le scénario d’Evan Johnson tire habilement profit de ce jeu allégorique. À ce titre, le Canada s’en tire assez bien, puisque le personnage de Maxime, magnifiquement interprété par Roy Dupuis (Truffe, Brain Freeze), est à la fois séducteur, drôle et héroïque. L’ensemble s’effectue tout de même avec une certaine sagesse, puisqu’il s’agit possiblement du film le plus accessible de Maddin, connu entre autres pour My Winnipeg.
La mise en scène du collectif est précise et colorée. L’aspect théâtral de l’ensemble accentue les dialogues cinglants et la caméra capte à merveille les regards songeurs et les décors aussi splendides qu’inquiétants.
La distribution est composée d’étoiles qui brillent au point d’illuminer cette nuit apocalyptique. Si Cate Blanchett s’impose et joue avec son magnétisme habituel, le québécois Roy Dupuis est tout aussi délectable et éclipse souvent ses co-vedettes.
Au final, Rumours est une grosse hallucination filmique aussi intelligente que drôle. Il est à souhaiter que les artistes derrière récidivent, et que le long métrage donne envie aux cinéphiles de découvrir leurs précédentes collaborations, à commencer par The Forbidden Room.
Cette critique était publiée dans le cadre de l’édition 2024 du FNC.
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