La salle comble pour le visionnement de Terrifier 3 vendredi soir dernier avait des airs de mobilisation de la part des adeptes de cinéma d’horreur, qui discutaient plus du manque de salles où le film était projeté et de l’interdiction ridicule en France de présenter le film aux moins de 18 ans que du film lui-même. Qu’on aime ou non les films de Damien Leone, il faut avouer qu’il a créé un événement et un véritable rassemblement de fans avec sa franchise. Cela dit, on vous rassure (ou déçoit, selon) : personne ne perdra connaissance ou ne vomira durant ces deux heures hilarantes.
Cinq ans après les événements du dernier film, à l’approche des fêtes de Noël, Art le clown reprend vie et recommence une boucherie. Sienna (Lauren LaVera) et son frère (Elliott Fullam) devront faire face une fois de plus au psychopathe.
Il faut bien admettre que le scénario tiendrait dans la coquille d’une noix et qu’on s’amuse encore une fois à étirer inutilement des scènes de dialogue qui auraient eu avantage à être charcutéee à la manière dont le maniaque tue ses victimes. Qui plus est, plus les explications entourant le personnage de Sienna se dévoilent et plus l’ensemble manque de cohérence. Dommage aussi que le suspense n’accompagne que très peu souvent les mises à mort et que le nouvel acolyte du polichinelle manque de saveur. Est-ce que ces bémols suffisent à couler l’entreprise? Absolument pas.
Muni d’un budget considérablement supérieur, ce troisième volet possède un enrobage plus professionnel que les deux films précédents. La réalisation est plus étoffée, les meurtres semblent plus réalistes et la direction d’acteurs donne moins l’impression de regarder un mauvais télé-théâtre sur une chaîne communautaire. Le cinéaste se peaufine, mais son style et sa signature demeurent.
Si Leone se veut très audacieux à certains niveaux, il feint parfois de l’être un peu plus qu’il ne l’est en réalité. Certaines victimes plus fragiles, ou d’autres, pour lesquels le spectateur a de la sympathie, se font tranquillement trucider hors champ pour n’égratigner la rétine de personne. C’est pourtant un bien moindre mal face à l’orgie d’hémoglobine qu’il livre, où la totalité des meurtres ne sont rien de moins que des scènes d’anthologie de dépeçage humain. Il est aussi intéressant de constater que l’augmentation de la mise de fonds n’a aucunement altéré l’amour des effets pratiques du réalisateur, ce qui impose un air rétro plus que bienvenue.
David Howard Thornton est plus délectable que jamais dans le rôle de ce clown qu’on se surprend à aimer plus que ses victimes. Avec un registre démesuré de grimaces, l’acteur devient presque un Jim Carrey de l’horreur. Il faut dire aussi que les fans de slashers n’ont pas eu droit à un tueur aussi iconique depuis Scream et que l’acteur est tout simplement magistral. Les acteurs qui l’entourent jouent aussi avec conviction, de même que quelques invités surprises.
Au final, il faut se ruer au cinéma pour voir Terrifier 3 et ce, malgré ses nombreuses imperfections. Rarement on aura la chance de voir un spectacle grand-guignolesque aussi délirant avec une foule et sur grand écran. C’est, par ailleurs, possiblement ce troisième volet qui établira définitivement Art le clown comme l’un des tueurs célèbres du panthéon de l’horreur.
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