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« ‘Salem’s Lot » : chronique nécrologique de la franchise vampirique

Avec la sortie du dernier opus (lisez notre critique ici), on a eu le goût d’analyser ’Salem’s Lot, cette franchise faisant parfois peur et au titre trompeur — car il n’est aucunement question de sorcière. On parle bien de celle qui avait jadis remis les vampires sur la map à sa sortie (dans les années 1970) et qu’on croyait morte et enterrée depuis près de deux décennies. En mode almanach généalogique, on vous propose aujourd’hui sa chronique nécrologique.

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1975 : le roman

Lorsque paraît ‘Salem’s Lot (Doubleday), nous sommes en octobre, soit un an et demi après la sortie de Carrie, le tout premier roman de Stephen King, qui a alors déjà vendu un million de copies. L’auteur vient d’avoir 28 ans et n’obtient qu’une poignée de dollars (2500$ US) en échange des droits d’adaptation cinématographique de sa première offrande, dont résultat un film réalisé par le grand Brian de Palma (paru en 1976, avec un budget de moins de 2M). Étant à l’époque enseignant dans une école secondaire, King avoue s’être inspiré du Dracula de Bram Stoker, récemment à l’étude en classe, lors de la rédaction de son deuxième roman, ‘Salem’s Lot se déroulant dans un cadre contemporain.

En plus de mettre en vedette un auteur, comme lui, il plante son récit dans un décor familier, soit au cœur de son Maine natal, non loin de son Bangor (où il a longtemps vécu), dans une petite bourgade fictive qu’il nomme Jerusalem’s Lot, que les locaux raccourcissent par ‘Salem’s Lot. Peu après la sortie du roman, alors que King est l’auteur émergent de l’heure, Warner Bros. récupère les droits en vue d’en faire un long métrage.

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1978 : deux nouvelles, une anthologie

Aux fans du roman, King offre deux prolongements à la prémisse de ‘Salem’s Lot, au sein de Night Shift (Doubleday), une anthologie incluant vingt nouvelles publiée en français sous le nom de Danse macabre. En mode épistolaire (une collection de lettres rédigées par les différents protagonistes), Jerusalem’s Lot se veut un antépisode se déroulant dans le même coin bien longtemps auparavant, soit au milieu du 19e siècle. Fait intéressant, il est question du bouquin occulte De Vermis Mysteriis, un grimoire fictif qu’on doit aux papas du roman Psycho et de la mytho de Chtulhu. Quant à One for the Road, elle se déroule deux ans après les événements dépeints dans le roman.

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1979 : la minisérie

Après avoir tenté en vain de tirer un long métrage du roman, c’est plutôt une minisérie de deux épisodes (totalisant 183 minutes) qui voit le jour — ou la nuit, si vous préférez. Produite par Warner Bros. pour la rondelette somme de 4M (un budget télé conséquent pour l’époque), ’Salem’s Lot (Les Vampires de Salem en V.F.) est diffusée peu après Halloween à la télé sur les ondes de la chaîne CBS. Pour pondre le scénario, on avait recruté Paul Monash, le producteur du long métrage adapté de Carrie. Dans le siège du réalisateur, on retrouvait Tobe Hooper, à qui on devait déjà un classique de l’horreur (The Texas Chain Saw Massacre) et un film qui devint ensuite culte (Eaten Alive).

Le rôle principal était interprété par David Soul, le Hutch de la populaire série Starsky & Hutch, qu’on avait aussi vu aux côtés de Clint Dirty Harry Eastwood dans Magnum Force. Pour jouer Richard Straker, on n’est pas allé chercher n’importe qui : l’acteur britannique James Mason (North by Northwest d’Hitchcock, Lolita de Kubrick, Murder by Decree de Bob Black Christmas Clark). Avec son look très fortement inspiré du Nosferatu de Murnau (contrairement au roman, qui le dépeignait comme étant un aristocrate), son Barlow était joué par Reggie Nalder (Mark of the Devil), qui avait lui aussi bossé avec Hitchcock, de même que d’autres grands noms du 7e art, de Fellini à Frankenheimer, en passant par les Band (père et fils) et Argento.

La distribution incluait aussi tout plein d’acteurs qu’on a pu revoir dans tellement de films et séries, soit les Geoffrey Lewis (Night of the Comet, The Lawnmower Man, The Devil’s Rejects), Ed Flanders (The Ninth Configuration et Exorcist III, deux films réalisés par l’auteur de The Exorcist, William Peter Blatty), Fred Willard (This Is Spinal Tap, Idle Hands, WALL-E, Monster House et une tonne de comédies et de séries télé), Julie Cobb (Starman de Carpenter), George Dzundza (qui a joué des hommes de loi dans Basic Instinct et Species II) et Kenneth McMillan (qui joua le Baron Harkonnen dans le Dune de Lynch).

Également au générique, on retrouvait Lew Ayres (qui venait de jouer dans Damien – Omen II) dans le rôle de Professeur Burke, de même qu’Elisha Cook Jr. (qui avait joué dans Rosemary’s Baby, Blacula et le téléfilm Dead of Night) dans celui de Weasel. Et qui est-ce qui jouait la nouvelle flamme de Ben? Susan était interprétée par nul autre que Bonnie Bedelia, soit madame McClane elle-même dans les deux premiers Die Hard, qu’on a aussi pu revoir quelques années plus tard dans une autre adaptation de King, Needful Things (qui reprenait la trame du roman Bazaar).

Peu violent et presque sans sang, sachez que ce lancinant téléfilm (une série qui n’a que deux épisodes, c’est juste un long long métrage, pas vrai?) au rythme ultra-lent n’est pas dépourvu de qualités. Il est doté de fort belles ambiances et performances, de même que quelques scènes plutôt efficaces, qui ont été calquées ensuite dans des classiques cultes comme Fright Night et The Lost Boys. Les Simpson lui ont même rendu hommage quelques années plus tard, de même que le groupe shock rock Ghost (voir la pochette de leur premier album) et Mike Flanagan (voir sa série Midnight Mass, sortie en 2021). Notez qu’il existe également une version courte, sous-titrée The Movie, sortie en salle en dehors des US, et ensuite en vidéo. En plus d’utiliser des scènes alternatives (qui avaient été jugées trop brutales pour être télédiffusées), ce montage classé R aux États-Unis retranche plus d’une heure de longueurs, pour finir avec 112 minutes au compteur.

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1987 : une suite qu’on n’attendait pas… au cinéma?

Huit ans après, contre tout attente, sort en salles A Return to Salem’s Lot (Les Enfants de Salem en VF), une production Warner Bros. Le long métrage se veut une suite à la série d’Hooper, et ce, bien qu’on n’y retrouve aucun de ses personnages/acteurs, ni qu’elle soit basée sur les textes de King.

En tant que réalisateur, nous avons le cultissime et regretté Larry Cohen, qui nous avait donné de petits classiques comme The Stuff et Q, de même que la franchise It’s Alive et les trois Maniac Cop (qu’il a scénarisés pour Bill Lustig). Par ailleurs, il faut savoir que le bonhomme avait bossé sur le scénario de la série de 1979. Comme sa version n’avait hélas pas été retenue à l’époque, on pourrait supposer qu’il ait voulu refourguer son histoire avant de l’envoyer au bac à recyclage.

Pour incarner le rôle principal, Cohen a engagé son acteur fétiche, Michael Moriarty (aussi vu dans Troll et Along Came a Spider), mais aussi l’inoubliable maman alcoolo de A Nightmare on Elm Street (Ronee Blakley) et une toute petite gamine de 4 ans nommée Tara Reid… Eh oui, celle de la franchise American Pie (et qui joue la Bonnie de The Big Lebowski). À sa sortie, ce film que personne n’avait demandé est relativement ignoré et joyeusement descendu par la critique. Or, sachez qu’il se laisse tout de même regarder, tant qu’on a des attentes modérées, avec le sourire nostalgique de cette époque où régnaient prothèses de latex et effets pratiques. Surtout que, derrière la caméra, on avait l’œil de lynx de Daniel Pearl, le directeur photo du The Texas Chain Saw Massacre original (et de sa refonte!).

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1994 : un radio-roman

L’institution britannique qu’est la BBC a produit une dramatisation radiophonique de Salem’s Lot, déclinée en sept épisodes de trente minutes, diffusés sur sa chaîne Radio 4. La distribution inclut notamment Stuart Milligan (Wonder Woman 1985, les séries Doctor Who et Jack Ryan), qui prête sa voix à Ben, alors que Barlow est interprété par le grand Doug Bradley, alias le Pinhead d’Hellraiser (dans les huit premiers films de la franchise).

Fait plutôt cocasse, les acteurs Don Fellows et Kerry Shale — qui prêtent respectivement leurs voix aux personnages Gillespie et Cody — s’étaient tous deux croisés quelques années auparavant sur le plateau de Superman IV: The Quest for Peace, pour une raison qui échappe à l’auteur de ces lignes — qui passe beaucoup trop de temps sur IMDb et Wikipedia.

P.S. Si vous êtes perspicaces (et un peu maniaques), sachez qu’il est possible d’apercevoir — si et seulement si vous ne clignez pas des yeux trop souvent — certains des acteurs de la distribution dans une poignée de vos films préférés. Milligan joue un soldat dans Aliens et Shale est au générique de Little Shop of Horrors (la version de 1986) et de Labyrinth (où il prête sa voix à un gobelin), alors que Fellows est de The Omen, en plus de jouer un gars de l’armée dans Raiders of the Lost Ark… et Superman II.

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2003-2004 : des caméos dans le King-verse

Eh oui, la série de romans The Dark Tower de King est également connectée à ’Salem’s Lot, à travers l’inclusion du personnage du Père Callahan, qu’on retrouve dans le cinquième (Wolves of the Calla; 2003) et le sixième (Song of Susannah; 2004) tome de la saga à saveur héroïco-fantastique.

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2004 : une deuxième minisérie

Il y a 20 ans déjà (et un quart de siècle après la diffusion de la première série), une refonte du même format (deux parties, totalisant 181 minutes) se retrouve encore au petit écran dans les foyers du monde entier, par l’entremise de la chaîne de télé spécialisée TNT. Le récit est actualisé pour se dérouler au début des années 2000, avec une distribution remplie de gros noms.

L’ancien membre du Brat Pack Rob « Ben » Lowe et James « Père Callahan » Cromwell (Explorers, Species II) avaient tous deux déjà joué du King, dans la minisérie The Stand de 1994 et The Green Mile respectivement. Samantha Mathis (American Psycho, la série The Strain) y joue Susan, l’inimitable Rutger Hauer (Blade Runner, The Hitcher, Hobo with a Shotgun) est Barlow et Donald Sutherland (Invasion of the Body Snatchers) son Straker.

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2005-2010 : des versions illustrées du roman et des deux nouvelles

Paraît aux éditions Centipede Press une édition extrêmement limitée de Salem’s Lot, alors que seulement 915 copies sont produites, incluant 315 signées par King et le photographe. Venant avec une housse cartonnée, le luxueux bouquin incluant les deux nouvelles connexes, une cinquantaine de pages inédites (qui avaient été retranchées du manuscrit à l’époque) et les magnifiques photos monochromes de Jerry Uelsmann.

L’année suivante, la nouvelle Jerusalem’s Lot paraît dans le premier volume de The Secretary of Dreams (Cemetery Dance Publications), une série d’anthologies illustrées par un fréquent collaborateur de King, l’artiste visuel Glenn Chadbourne. En 2010, PS Publishing lance une version illustrée de One for the Road, incluant les dessins de l’artiste James Hannah.

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2021 : une série pour l’antépisode

La nouvelle Jerusalem’s Lot (de l’anthologie Night Shift, parue en 1978) est adaptée sous forme de série télé sous le nom de Chapelwaite. Diffusée aux US sur la chaîne Epix (et au Canada sur CTV Sci-Fi), la production ne dure qu’une saison (10 épisodes). Et ce, bien qu’elle met en vedette Adrien Brody, un acteur oscarisé (pour sa performance dans The Pianist de Roman Polanski) et qui a joué pour tellement de pointures incluant M. Night Shyamalan (The Village), Peter Jackson (King Kong), Woody Allen (Midnight in Paris), Vincenzo Natali (Splice), Dario Argento (Giallo), Robert Rodriguez (qui produisit Predators), et surtout Wes Anderson (sur cinq films jusqu’à présent).

2024 : ce long métrage en forme de refonte… qu’on n’attendait plus

Et c’est finalement ici qu’on peut lire notre critique :

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