Inspiré d’un véritable fait divers, qui a causé un véritable scandale et littéralement changé le visage de la Belgique, Maldoror nous est enfin accessible au moyen de son circuit festivalier. La carrière du cinéaste Fabrice Du Welz (Calvaire) est suffisamment cannelée pour que l’on attende ses nouveaux films avec une part de curiosité et de doute.
À la suite à la disparition de deux gamines, un jeune officier de police accepte de rejoindre une opération secrète de surveillance qui tente de percer à jour les activités de prédateurs sexuels. Lié par différents protocoles bureaucratiques qui déshumanisent les corps policiers et judiciaires, le jouvenceau instable en vient à traquer le coupable à sa propre manière.
Scénarisé par Du Welz lui-même en compagnie de Domenico La Porta, le scénario était à la fois un essaim de possibilités et une multitude de comptes à rendre pour traduire et comprendre cette véritable affaire d’État qui tapisse le contexte et où évoluent des personnages plus inspirés qu’authentiques. Cela devient très vite une faille puisque quelques rôles moins bien définis, de même que certains arcs narratifs plus artificiels, empêchent parfois une véritable dissection des enjeux de cette crise. C’est comme si les auteurs avaient tellement voulu raconter de choses qu’ils avaient créé un nombre incalculable de personnages et d’intrigues secondaires dont ils perdent le contrôle.
Du Welz a eu beau mentionner que son film pourrait s’inscrire dans un registre similaire au Zodiac de David Fincher, il faut quand même rappeler qu’en aucun cas ce dernier néglige ses personnages, qu’il gratifie toujours de dialogues lucides et truculents. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas dans Maldoror. Le fil conducteur est souvent brouillé par le bombardement de protagonistes secondaires plus manichéens.
Heureusement, à défaut de subtilité, plusieurs passages demeurent tout de même prenants. L’épisode final de cette trop longue chasse à l’homme est assez relevé. Il faut dire que la réalisation de Du Welz réussit à créer une ambiance étouffante et que le cinéaste a toujours été bon pour diriger ses interprètes.
Malgré ce désir d’illustrer les prouesses d’un jeune éphèbe dans les rangs policiers, Anthony Bajon (Teddy) nous semble encore trop jeune pour son rôle. L’acteur livre malgré cela une excellente performance. C’est aussi le cas des nombreux interprètes chevronnés qui apparaissent çà et là dans le film. Dans le rôle du méchant, Sergi Lopez (Pan’s Labyrinth, El laberinto del fauno) crève littéralement l’écran.
En conclusion, Maldoror est très correct, mais ne s’élève pas comme il l’aurait dû avec un sujet aussi important.
Maldoror est présenté le 14 novembre prochain à CINEMANIA.
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