Les jeux rétro sont à la mode dans le monde des développeurs indépendants. Ufo 50, Sea of Stars, Shovel Knight et une panoplie d’autres ont vu le jour, où nostalgie s’accorde avec innovation au niveau des visuels et du design. Un petit dernier qui s’ajoute à la liste, Tormenture, développé par la compagnie Croxel Studios, est une lettre d’amour aux jeux de la Atari 2600 qui cependant cache beaucoup de secrets.
En pleine nuit, un jeune enfant commence à jouer au dernier jeu qu'il a loué tout récemment : Tormenture pour le Limbo System 2800. Alors que la partie commence, des ombres et événements étranges se produisent dans sa chambre, à croire que le jeu serait plus sinistre et pourrait peut-être même influencer la réalité...
L’expérience joue sur deux fronts, montrant une certaine ambition de l’équipe derrière Tormenture alors que l’on peut soit jouer au titre lui-même ou bien explorer la chambre de l’enfant qui y joue. Les visuels, dignes d’une ancienne époque des jeux vidéos avec en prime l’effet télévision cathodique, démontrent une forme de louange et de respect pour cette ère, mais servent aussi de contraste frappant avec les environnements de la chambre. En trois dimension et munie d’effets visuels beaucoup plus poussés et détaillés, la présentation est bien menée et suggère déjà le ton du moment où l’on commence le jeu.
Quelque chose de lugubre et de malsain est en train de se produire, alors que la narration méta qui se cache derrière l’ensemble se dévoile peu à peu.
Cette même narrative est observable grâce à l’interaction entre le « monde réel » et celui du jeu,
les deux univers s’influençant mutuellement au fil de l’aventure. L’apparition d’un ennemi, l’obtention d’un nouvel objet et d’autres signes de progrès vont manifester des signes lugubres, de nouvelles interactions possibles et des secrets dans la chambre de l’enfant. La manière dont les deux mondes sont transformés et influencés par l’un et l’autre donne recourt aux meilleurs moments de Tormenture, autant par son ingéniosité que par la terreur qu’il peut engendrer.
C’est cette même approche qui donne droit à un plaisir particulier en y jouant. Les nombreux mystères, énigmes et obstacles sur la route de notre protagoniste, représenté par un petit carré digne d’un jeu Atari, demandent une certaine imagination et créativité qui rivalisent parfois même avec ceux trouvés dans The Legend of Zelda. En y ajoutant aussi les éléments du monde réel, ceux trouvés dans la chambre de l’enfant, cela pousse une certaine immersion qui se voit mémorable et intéressante.
En contrepartie, cette force peut rapidement devenir une faiblesse alors que l’hommage aux vieux titres Atari est poussé parfois un peu trop loin. Durant cette période de l’histoire des jeux vidéos, les solutions devaient être trouvées en tentant absolument tout ce qui était logique (et parfois illogique) pour pouvoir progresser et Tormenture émule cette pratique. Si trouver la réponse à un casse-tête difficile peut être particulièrement satisfaisant, spécialement avec une quantité infime d’indices, le jeu devient trop opaque et peu clair avec ses mystères et la façon dont on doit progresser par moments. Cette direction peut mener à des blocages fréquents qui tuent le rythme du jeu.
Qui plus est, Tormenture comprend malheureusement quelques bogues. Du son qui perdure après un événement, quitte à noyer les autres musiques ou effets sonores, à l’impossibilité d’ouvrir la carte du jeu pour des raisons inexpliquées, plusieurs petits désagréments peuvent irriter et ruiner l’expérience.
Tormenture, au final, aurait pu devenir un titre culte, un nouveau classique de métarécit d’horreur, tel q’Inscryption ou Slay the Princess. Mais, malgré ses bonnes idées et son approche novatrice, quelques petits défauts gâchent le potentiel. Plaisant, amusant, mais imparfait.
Tormenture est disponible sur Steam.
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