Dans un futur peu lointain, alors que les subsistances nécessaires viennent à manquer sur terre, un groupe de volontaires accepte de participer à une expérience ayant pour but de modifier leur structure génétique. Les scientifiques espèrent transformer l’homme afin qu’il puisse survivre sur Titan, la lune de Saturne. Alors que leurs aptitudes physiques s’améliorent et que leur apparence adopte lentement un profil reptilien, la plupart des cobayes cultivent soudainement une rage inquiétante.
Voici l’un des titres disponibles sur Netflix depuis peu. La conquête d’un nouveau monde, la création d’une créature surévoluée dont l’évolution ramène au stade primitif et l’irrespect de la race humaine face au monde dans laquelle elle vit. On peut dire que les thèmes principaux de The Titan, premier long-métrage Lennart Ruff, ne lésinent aucunement sur les lieux communs. Le scénario nous achemine également une série de dialogues plus lourds, dotés d’un patriotisme un peu trop visible. Si on cherche à ironiser, on le cache très bien. Il pourrait également être assez facile d’y percevoir un certain machisme à travers plusieurs séquences. Qu’elle soit épouse, scientifique, ou même sujet de l’expérience scientifique, la femme se veut trop souvent un faire-valoir de cette hypothétique suprématie masculine que l’on véhicule.
Par contre, ce qui sauve The Titan du naufrage, c’est avant tout sa réalisation. Assez à l’aise pour diriger des acteurs, Ruff propose également une mise en scène lustrée, qui livre plusieurs contenances visuelles assez fascinantes. Intéressant aussi d’y constater sa manière de travailler le “reaction shot” (ces plans, souvent rapprochés, d’une expression des personnages, faisant écho à l’action du cadre antérieur) et une certaine insistance, de sa part, sur des détails de l’intrigue pouvant être mis en contexte avec le régime nazis d’autrefois, que l’on mentionne en filigrane. Sa caméra magnifie, par des jeux de regards, par des plans évocateurs (notamment lorsqu’il capte les assauts des militaires) certaines pistes plus légèrement traitées par le scénario. C’est comme si le cinéaste, allemand lui-même, tentait de dresser une sorte de parallèle entre la destruction de la planète et l’holocauste.
À défaut de nous nous happer véritablement, The Titan nous garde habilement en laisse devant notre écran. Dommage que sa finale soit aussi désabusée, mais il faut admettre que l’on a vu bien pire. Le monolithique Sam Worthington (Avatar) fait étrangement preuve de présence, à défaut d’être nuancé. Face à lui, Taylor Schilling, (Orange Is The New Black) est vibrante, et Tom Wilkinson, égal à lui-même, ne s’en laisse pas imposer.
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