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[Critique] « Revenge » : rose profond

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4
Note Horreur Québec

Trois riches amis dans la quarantaine se rejoignent dans une villa située dans le désert pour leur partie de chasse annuel. L’un d’eux décide d’arriver plus tôt pour profiter des lieux avec sa maîtresse. La présence de la jeune femme ultra-sexy attise rapidement la convoitise des deux autres et les événements prennent vite une tournure tragique. Laissée pour morte dans le désert, Jen fera son possible pour survivre dans ce lieu hostile et se vengera violemment contre ses agresseurs.

Le rape and revenge est un genre cinématographique qui a été particulièrement populaire dans les années 70 et 80. Même si le film de Coralie Fargeat ne garde que le mot Revenge dans son titre, il s’inscrit parfaitement dans le genre. On pense immédiatement à I Spit On Your Grave, dont le personnage, oh coïncidence, se nomme Jennifer. Il y a évidemment de petites différences : la forêt est remplacée ici par le désert et la Jen de Revenge est trahie par des connaissances issues d’un milieu aisé, contrairement au personnage de I Spit qui était sauvagement agressé par des inconnus, redneck par-dessus le marché.

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Généralement réalisé par des hommes, il est intéressant de voir une femme s’atteler au genre. La sortie du film en salle tombe d’ailleurs à pic suite au mouvement #MeToo qui fait la manchette depuis plusieurs mois. Est-ce que cela apporte un regard et/ou un traitement différent du genre rape and revenge? Plus ou moins… Fargeat ne se gêne pas pour filmer en gros plans les attributs de son héroïne et la recette demeure essentiellement la même, mais il y a tout de même quelques détails qui diffèrent.

Pour commencer, il n’y a aucune complaisance ou voyeurisme lors de la scène de viol, ce qui a tendance à faire parfois défaut lorsqu’un homme est à la réalisation (et ça, c’est quand l’approche n’est pas carrément pornographique comme dans le cas de l’excellent, mais dérangeant, Crime à froid de Bo Arne Vibenius). Ensuite, aucun personnage masculin n’attire la sympathie. Ils sont trois, et ce sont tous de parfaits salauds chacun à leur façon, contrairement au déficient intellectuel dans I Spit qui faisait, disons-le, un peu pitié.

Un des détails intéressants de Revenge est la manière dont le personnage conserve sa féminité malgré les outrages et la transformation qu’il subit. De simples boucles d’oreilles en forme d’étoiles et de couleurs roses sont mises de l’avant continuellement à l’écran et donnent un côté girly à Jen, malgré la gravité de la situation (et de ses blessures).

Du côté de la réalisation, Fargeat impressionne. Visuellement impeccable, stylisé, mais sans excès, on a affaire clairement ici à quelqu’un qui connaît son métier et qui sait ce qu’il fait. Le montage de certaines scènes sont d’une brutalité et d’une efficacité si fulgurantes qu’elles nous rappellent certaines des meilleures séquences de The Texas Chain Saw Massacre. Revenge ne lésine d’ailleurs pas sur la violence : le film est particulièrement gore, mais parvient à éviter avec doigté de sombrer dans le vulgaire torture flick.

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Autre point fort : les acteurs sont vraiment solides. Si le copain de Jen (Kevin Janssens) ressemble à s’y méprendre à Aaron Eckhart, ses deux amis (les acteurs français Vincent Colombe et Guillaume Bouchède) apportent une touche d’humour bienvenue et juste assez bien dosée. Plusieurs dialogues sont d’ailleurs en français (il s’agit d’une production française tournée dans le désert marocain). Matilda Anna Ingrid Lutz qui interprète Jen n’est pas en reste. Elle parvient parfaitement à passer du rôle de petite ingénue à celui de guerrière assoiffée de vengeance, un rôle qui a été d’ailleurs particulièrement demandant physiquement.

Le tout est accompagné de la musique hypnotisante de Rob, très années 80 tout en étant moderne, aussi excellente que celle qu’il avait composée pour le remake de Maniac avec Elijah Wood. C’est simple, vous aurez probablement le goût de vous procurer la trame sonore après avoir vu le film.

Bref, ajoutez à cela une petite référence à Rambo 3 et vous obtenez le film parfait pour les adeptes de sensations fortes. Même face à certaines incongruités scénaristiques, le spectacle demeure tellement impressionnant qu’on ne décroche pas un instant, l’ingéniosité de la mise en scène y étant probablement pour quelque chose. Le film est en salle jusqu’à ce jeudi, alors dépêchez-vous, Revenge mérite incontestablement d’être vu sur un grand écran.

Revenge est disponible sur:

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