On profite de la sortie de The Predator ce vendredi pour vous proposer une compilation de dix films faisant partie d’un sous-genre qu’on nommera ici le cyberslasher (appellation non-officielle pour l’instant, mais il faut un début à tout). Tous ne sont pas des films purement d’horreur, mais notre genre favori est toujours présent, d’une manière ou d’une autre. Pour qu’un slasher devienne un cyberslasher, il faut tout simplement que des éléments propres à la science-fiction y soient présents.
Qu’ont en commun Jason Voorhees, Michael Myers et Freddy Krueger? Ils portent un masque et/ou un accoutrement distinctif et ont des super pouvoirs. De plus, ils défendent généralement un code moral et des valeurs, ou se vengent tout simplement du mal qu’on leur a fait subir par le passé. Ça ne vous fait pas penser à quelque chose en particulier? Eh oui, les super-héros! Les trois personnages ont d’ailleurs eu droit à leurs propres comic books. Mais bon, ici on parle plutôt des super-vilains. Voici dix suggestions de cyberslasher qui ont fait leur marque au cinéma.
LES PRÉCURSEURS
West World (1973) de Michael Crichton
Autant pour Terminator que pour Halloween, tous deux ont été fortement influencés par le film West World de Michael Crichton. Si l’ensemble a mal vieilli, le robot tueur qu’interprète Yul Brynner a marqué les esprits. Un visage inexpressif, un corps quasi-indestructible, marchant inexorablement vers sa victime sur le rythme saccadé d’une mélodie angoissante, ce personnage influencera grandement John Carpenter pour la création du tueur masqué Michael Myers et du slasher en général. James Cameron sera évidemment lui aussi influencé par le cowboy mécanique pour le T-800, reprenant entre autres le concept de la vue subjective pixelisée. Car, qu’est-ce que le Terminator sinon une sorte de boogeyman cybernétique; un Jason Voorhees du futur? Le scénario de West World ressemble beaucoup à celui de Jurassic Park (également écrit par Crichton): les attractions d’un parc thématique se détraquent et se mettent à tuer les touristes. Plusieurs longueurs, mais plusieurs scènes fortes également, dont une lorsque les techniciens du parc ramassent les dépouilles des robots pendant que les touristes dorment. À (re)voir.
Without Warning (1980) de Greydon Clark
Si West World a été une influence majeure pour Halloween et Terminator, Without Warning l’a été indéniablement pour Predator. Dans ce film, une créature extraterrestre chasse des êtres humains dans une forêt, puis les suspend dans une vieille cabane comme du gibier qu’on veut saigner. En plus, c’est Kevin Peter Hall qui interprète la créature, le même qui porte le costume du Predator dans le film de John McTiernan! Au-delà de l’aspect inhabituel du tueur qui attaque ses victimes en leur lançant des «flying critters», toutes les caractéristiques du slasher sont présentes: les personnages principaux sont de jeunes insouciants venus s’amuser en forêt, le tueur est incarné par une caméra subjective pour accentuer le suspense et un vieux bizarre (Jack Palance), conscient de la menace, tente d’empêcher les jeunes d’aller en forêt (évidemment, ces derniers ne tiendront pas compte de ses avertissements). Gore, psychotronique, fait avec les moyens du bord, un certain charme se dégage de cette modeste production qui met également en vedette David Caruso (CSI Miami) et Martin Landau (Ed Wood). Une belle édition Blu-ray est d’ailleurs disponible chez Scream Factory. Amateurs d’OFNI (objet filmique non-identifié), à vos porte-monnaie!
Halloween III: Season of the Witch (1982) de Tommy Lee Wallace
Ce troisième volet de la franchise Halloween en a déçu plus d’un à l’époque de sa sortie. En effet, exit Michael Myers au profit d’une histoire d’un culte ancien et maléfique qui projette de tuer les enfants à l’Halloween à l’aide de masques piégés, déclenchés par une pub télé idéale pour provoquer une crise d’épilepsie. Halloween III n’est pas véritablement un slasher, mais la propension du méchant à utiliser la technologie pour faire le mal, en particulier en envoyant aux trousses de ses ennemis des automates ressemblant aux agents de La Matrice, fait de ce film un précurseur incontournable du cyberslasher. Plus violent que les deux volets précédents, mais toujours bercé par l’excellente musique de Big John, Halloween III met en vedette le très viril Tom Atkins (Fog, Maniac Cop) et l’inquiétant Dan O’Herlihy (le boss de l’OCP dans RoboCop). Ce n’est pas un chef d’œuvre, mais ce n’est pas non plus la merde décrite par certains.
LA CONSÉCRATION
The Terminator (1984) de James Cameron
Terminator, un cyberslasher? Ben oui! Un robot venu du futur et qui cache son identité cybernétique grâce à un masque fait de chair humaine poursuit une jeune serveuse pour l’éliminer, ainsi que son fils, avant même que ce dernier ne soit conçu. Bon, l’histoire de Jésus est pas loin, mais c’est clair que James Cameron s’inspire du cinéma d’horreur pour son film. La scène où le T-800 tue la coloc de Sarah Connor (et son petit ami) rappelle clairement un moment clé du Halloween de Carpenter (avec qui Cameron a travaillé sur le tournage d’Escape from New York). Le Terminator utilise peut-être des guns, mais l’attaque du commissariat de police demeure un grand moment de cinéma et confirme son statut de boogeyman cybernétique. Une influence qui sera aussi présente dans la suite avec son T-1000 porté sur les armes blanches (rappelez-vous cette scène où une pinte de lait et la tête du beau-père de John Connor sont transpercées par une longue lame). Vous en doutez encore? Regardez à nouveau le film en ayant cette idée en tête et vous serez convaincus.
Predator (1987) de John McTiernan
Ça y est! Voici le film qui a motivé la présente publication et dont on attend la nouvelle suite avec plus ou moins d’impatience. Encore une fois, Schwarzy est en tête d’affiche (mais dans le rôle du gentil) et le titre ressemble à s’y méprendre à celui de Terminator (sans compter que la créature a été conçu à l’instar du T-800 par le regretté Stan Winston). Fresque dantesque sur les remarquables capacités d’adaptation et de survivance de l’être humain, l’histoire de Predator est pourtant très mince: un groupe de soldats d’élites sont pris en chasse par un extraterrestre dans une jungle sud-américaine. Si on perçoit l’influence de Deliverance (le banjo et le viol en moins), les caractéristiques du slasher sont omniprésents: vue subjectif en infrarouge, tueur masqué ayant la capacité de se fondre dans le décor comme un caméléon et armes de prédilection (des lames tranchantes accrochées au poignet et un canon destructeur à l’épaule). Si sa suite élargit le terrain jeu en prenant place à Los Angeles, Stephen Hopkins est loin de la virtuosité de John McTiernan qui nous offre avec ce premier volet une enrichissante leçon de cinéma en filmant l’invisible d’une manière magistrale. Un must.
LES ERSATZ
Dark Angel aka I Come in Peace (1990) de Craig R. Baxley
De kessé? Un film mettant en vedette Dolph Lundgren? Eh oui, pourquoi pas? Craig R. Baxley, réalisateur de seconde équipe sur Predator, décide de marcher sur les traces de McT et d’offrir au public son propre tueur venu de l’espace. Un tueur trafiquant de drogues en réalité, ce dernier injectant de la cocaïne à ses victimes avant de leur enfoncer une tige dans la tête, ce qui lui permet de prélever ce que sécrète le cerveau humain sous l’effet de l’opiacé et d’en faire une super drogue intersidérale! Les scénaristes, Jonathan Tydor et David Koepp, qu’on soupçonne d’avoir eu cette idée sous «influence», proposent une histoire abracadabrante, mais qui fonctionne malgré une conclusion un peu botchée. L’une des grandes inventions du film, c’est l’arme du tueur/pusher: un espèce de CD propulsé par une force magnétique qui tranche littéralement la gorge de ses ennemis. En plus, c’est Jan Hammer (Miami Vice) qui fait la musique. L’un des meilleurs buddy movie de science-fiction des années 80-90, sorti en salle la même année que Predator 2.
Hardware (1990) de Richard Stanley
Réalisateur maudit, qui n’a plus tourné de long métrage depuis qu’il a été évincé de la production de The Island of Dr. Moreau, Richard Stanley est un cas à part. D’origine sud-africaine, fortement influencé par le chamanisme et autres croyances surnaturelles, Stanley propose avec Hardware un long métrage plutôt surprenant. Situé dans un monde post-nuke, une jeune artiste cloîtrée dans son appartement se fait offrir par son petit ami les pièces détachées d’un robot militaire qu’il a trouvé dans une zone interdite. Inspirée par le tas de ferrailles, elle fabrique une œuvre d’art menaçante, ornée par la tête du robot repeinte aux couleurs du drapeau américain. Pendant la nuit qui suit, le robot se réactive et reprend sa mission, celle d’éliminer l’espèce humaine. Sorte de Psycho / Rear Window futuriste, Stanley, qui était à peine âgé de 24 ans à l’époque, crée avec Hardware un cauchemar industriel terrifiant, malgré un budget rachitique. De plus, Lemmy Kilmister et Iggy Pop font partie de la distribution!
Split Second (1992) de Tony Maylam
Après une pluie diluvienne de 40 jours provoquée par le réchauffement de la planète, Londres est presqu’entièrement submergée, ce qui amène tous les rats de la ville à fuir les égouts et à infester la surface. Un problème sanitaire très grave, mais ce n’est pas la priorité du détective Stone (Rutger Hauer) qui poursuit un tueur en série singulier depuis que ce dernier a tué son partenaire. Réalisé par Tony Maylam (responsable de l’excellent slasher The Burning), Split Second propose une créature différente des précédents cyberslashers mentionnés dans ce dossier. Elle est ni un androïde ni un extraterrestre, mais plutôt un être démoniaque (ressemblant étrangement au Venom de Marvel) venu accomplir un rituel meurtrier suivant le cycle lunaire. Londres est le théâtre parfait pour raconter cette histoire de tueur en série nouveau genre; pour les références à Jack L’éventreur évidemment, mais l’invasion de rats qui se produit dans le film nous rappelle également les terribles épidémies de peste qui ont frappé la ville au Moyen-Âge. À l’instar de I Come in Peace, Split Second est un buddy movie de science-fiction, mais beaucoup plus axé sur l’horreur que le film de Baxley.
Death Machine (1994) de Stephen Norrington
Premier long-métrage du réalisateur de Blade, Death Machine raconte une histoire similaire à Hardware, mais au lieu d’un appartement, c’est un gratte-ciel entier qui sert de terrain de chasse pour le robot-tueur du film. Un robot qui ressemble étrangement à un animal et qui est contrôlé à distance par son créateur, un excentrique joué par l’excellent Brad Dourif. Mécontent que sa nouvelle patronne coupe ses fonds de recherche, Jack Donte décide de libérer sa «machine de mort» et de l’envoyer aux trousses du conseil d’administration. D’abord formé aux effets spéciaux, Norrington a mis un effort particulier sur la direction artistique du film et si les influences sont évidentes (Die Hard, Aliens, Terminator), le scénario digère efficacement toutes ces références pour nous proposer un film de science-fiction noir flirtant énormément avec l’univers du manga (à l’instar de Blade, son film suivant). Et en plus, le héros porte un exosquelette plutôt cool pendant une partie du film. Quoi demander de plus?
Jason X (2001) de Jason Isaac
Eh oui, on ne pouvait faire autrement que de terminer ce dossier avec le 10e chapitre de l’interminable franchise des Friday the 13th. Quand on a tout essayé, dont amener Jason à New York, que peut-on faire d’autre? L’envoyer dans l’espace, évidemment! En plus, pas besoin de se casser la tête pour pondre un scénario original, pourquoi ne pas tout simplement reprendre celui d’Aliens et y injecter notre tueur hockeyeur? Impossible à tuer, les autorités décident de cryogéniser Jason Voorhees. Le processus se passe plus ou moins bien et l’une des responsables est congelée par accident. Le film vient à peine de débuter qu’on fait alors un bond de 450 ans. La Terre n’est plus qu’un énorme désert inhospitalier. Des archéologues issus de Terre 2 (bravo pour l’effort) récupèrent le corps de Jason (et de la femme) et trouvent rien de mieux que de les décongeler une fois revenus sur leur vaisseau. S’en suit plusieurs mises à mort parfois spectaculaires (comme lorsque la tête d’une victime est plongée dans l’azote liquide) et parfois moins. N’empêche, malgré les années qui se sont écoulées, Jason n’a pas perdu la main et décime en un éclair l’équipage constituée principalement de jeunes stagiaires, mais également de militaires. Jason devra même affronter une robette sur-armée qui lui donnera du fil à retordre. Jason versus Terminatrix, en quelque sorte. Bon, Jason X flirte davantage avec la parodie que le film d’horreur pur, mais demeure divertissant malgré quelques effets spéciaux peu convaincants.
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