Une nuit de cauchemar survient alors que sept individus aussi exubérants qu’inquiétants franchissent les portes d’un hôtel mythique.
Il s’est fait longtemps attendre ce second film de Drew Goddard. Après le succès de The Cabin in the Woods et sa nomination aux Oscars en tant que scénariste pour son adaptation de The Martian, il était un peu normal d’avoir des attentes élevées pour Bad Times at the El Royale.
À la manière de son précédent opus, ce dernier se déploie devant nous comme une sorte de cube Rubik dont on tourne sans cesse les extrémités pour résoudre le puzzle. Les crèches en verre contenant les monstres de The Cabin in the Woods sont cette fois les différentes chambres du fameux hôtel. Au lieu de pasticher les codes de l’horreur, Goddard tourne sa lorgnette vers le film noir, popularisé dans les années 1940 et 1950. Bien sûr, dans sa manière de reproduire les particularités plus formelles de ce courant, le cinéaste nous fait un peu trop penser à Tarantino, de qui il n’a absolument pas l’art des dialogues cinglants. Sa démarche diffère cependant, puisque le cinéaste savoure les longs silences que son intrigue renferme, qu’il ponctue tantôt par un plan fixe, tantôt par un long plan-séquence. Inséré dans un récit non linéaire, ces tactiques réussissent à mettre l’accent sur une série d’expositions saisissantes.
De plus, les mécanismes filmiques semblent être au service d’une dichotomie dénonciatrice, qui était perceptible aussi dans son premier long-métrage. Opposant le bien au mal, le Nevada et la Californie (séparé par une frontière dessinée sur le sol de l’hôtel placée entre les deux états), la richesse et la pauvreté, l’église et les sectes sataniques et ainsi de suite. Le metteur en scène utilisera même judicieusement une pléiade de chansons populaires à contre-emploi en ce sens. Chacun des personnages arrive à bout de souffle à cet hôtel et chacun traversera son périple avec comme seule pause ce petit aparté musical où l’angélisme de la voix d’une chanteuse parmi eux semble les remettre en question un à un.
On est en droit d’arriver à la fin de ce périple un peu perplexe, puisque les secrets des personnages ne sont pas à la hauteur des engrenages mis en place pour nous les cacher. C’est une bien moindre peine face au voyage qu’on nous propose.
Si la distribution est en tout point parfaite, il faut bien admettre que Jeff Bridges (The Big Lebowski) y est particulièrement brillant. La palme revient toutefois à la chanteuse Cynthia Ervio qui est sans fausse note, autant avec sa voix que son jeu.
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