Depuis 1971, la ville de Montréal accueille des créateurs d’ici et d’ailleurs au début de l’automne pour le Festival du nouveau cinéma. Réputé pour son ouverture sur l’innovation, ce rassemblement de cinéphiles mise sur les nouvelles tendances, mais aussi sur les nouveaux médias pour nous présenter des oeuvres majeures du septième art.
À travers les visionnements, les festivités incluent des classes de maître, et des rencontres pour favoriser l’échangent entre les cinéphiles et les créateurs, qui se prolongent souvent au café bistro l’Agora, devenu un point de rencontre artistique.
Depuis le 3 octobre dernier, les cinéphiles peuvent hurler à la lune puisque l’édition 2018 du FNC est en cours.
Souhaitant en apprendre plus sur l’un des plus beaux festivals de la métropole, Horreur Québec s’est entretenu avec le programmateur Julien Fonfrède, notamment responsable de la sélection Temps Ø, pour essayer d’en savoir plus sur le festival.
Horreur Québec: Que dites-vous aux gens qui pensent que Montréal a trop de festivals de films et qu’on devrait concentrer l’ensemble en un seul, mais très opulent, comme Cannes ou Venise justement?
Julien Fonfrède: Ce qui fait la force de Montréal, c’est la diversité. J’adore tous nos festivals, mais c’est vrai qu’il y en a beaucoup. En revanche, il n’y a pas assez d’argent. Je comprends cette idée. Plusieurs de nos festivals ont des affinités et on se dit que ça pourrait être bien de les voir se mettre ensemble. Mais c’est loin d’être évident. Personnellement, je pense que c’est un avantage de notre ville.
HQ: Les gens fréquentent le festival chaque année et lors de nos conversations entre cinéphiles, nous avons constaté que la plupart ignore la signification de votre insigne. Pourquoi l’emblème du festival est une louve?
JF: (rires) Monsieur Chamberland aurait pu donner une réponse très détaillée à ce sujet. C’est vraiment un symbole féminin. En fait, une louve, ce n’est pas un chien. Ce n’est pas domestiqué. C’est un animal qui vit en meute. C’est une bête superbe, mais qui mord.
HQ: À quel point le TIFF, qui a lieu en septembre, peut à la fois être un ennemi et un allié quand vient le temps de faire une programmation?
JF: Nous ne sommes ni ennemis, ni alliés. Je dis cela sincèrement. On ne se préoccupe absolument pas du TIFF. Nos films s’ajoutent en parallèle. Normalement, cela ne nous bloque pas. Cela dit, certains films ont une stratégie ou un marché. Souvent, nous sommes surpris de voir que certains films ne figurent pas dans leur liste, mais on ne pense aucunement à eux en construisant notre festival.
Moi, je ne vais pas à Toronto. Le TIFF arrive au moment où je travaille sur le FNC, mais des collaborateurs y vont, mais pas pour chercher des films puisque notre programmation est finalisée lorsque le TIFF arrive. C’est comme pour le Festival de Venise.
Nous avons pas mal de premières. Plusieurs grands réalisateurs ont commencé avec une première américaine à notre festival. Certains cinéastes sont peut-être moins dans le créneau des grosses productions. Il y a les gros titres attendus, bien sûr. On ne dépend pas des autres festivals, cela dit.
HQ: Pour les lecteurs d’Horreur Québec, la section Temps Ø est toujours intéressante. Pouvez-vous nous parler un peu de ce regroupement de films?
JF: Le défi c’est de trouver des films de genre de qualité. Je ne veux pas programmer un film de genre pour un film de genre. Si je choisis un film d’horreur, j’essaie de trouver un titre qui piquera la curiosité du cinéphile qui n’aime pas l’horreur. Quand on a débuté, Fantasia et nous ne visions jamais les mêmes films et c’est presqu’encore toujours le cas. Il y a donc un défi pour trouver de bons films de genre.
HQ: Si je vous demandais de me nommer deux films de genre présentés au festival qui, selon vous, seront des classiques instantanés?
JF: Il y a Climax, évidemment. Pour qu’un film reste, il faut que les gens le voient. Je dirais aussi Mirai, qui est un film fabuleux à tout point de vue.
HQ: Si on participe aux événements organisés à travers le festival, on comprend que vous entretenez une proximité entre les spectateurs et vos invités. Est-ce que ce sera le cas cette année encore?
JF: C’est une règle naturelle du festival. Nous avons cette réputation de proximité avec le public. Les artistes aiment cela aussi. Même quand Al Pacino est venu, les gens parlaient tous ensemble. On se rejoint tous à l’Agora ensuite et on bavarde. Avant la projection, Romero parlait à ses fans. On essaie d’avoir ses moments de rencontres entre les gens. Quentin Dupieux adore venir ici. Bruno Forzani et Hélène Cattet aiment aussi y venir. Ils y ont de bons souvenirs.
HQ: Est-ce qu’il y a justement une rencontre à ne pas manquer?
JF: Paul Schrader sera là. C’est un gros nom. Il fera une classe de maître au cinéma Impérial. Sa conférence va porter sur les influences qu’on eut Ozu, Dreyer et Bresson sur son travail. C’est à ne pas manquer. J’étais très heureux de le programmer. Il parle bien du cinéma, et il est influent pour la critique aussi. Ce sera intéressant. Il a une carrière sublime.
Le Festival du nouveau cinéma se déroule jusqu’au 13 octobre prochain. Consultez le site web pour tous les détails.
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