Trauma de Lucio A. Rojas n’est pas un film révolutionnaire. Ce n’est pas un film engagé qui ouvre les yeux sur les ravages du régime de Pinochet et ce n’est pas le film le plus choquant à avoir émergé depuis les années 2010. Trauma est le A Serbian Film chilien dans tout ce que ça implique de trash exagéré et de propos politiques vagues. Tout comme le métrage de Srdjan Spasojevic, celui de Rojas tente de faire passer la représentation d’actes moralement inadmissibles pour un électrochoc dénonçant le système. Après, aux spectateurs de juger s’ils sont sensibles à ce genre de choses.
Le film raconte l’histoire de Andrea (Catalina Martin) et Camila (Macarena Carrere), deux sœurs qui, avec leur cousine Magdalena (Dominga Bofill) et la copine de Camila Julia (Ximena del Solar), décident de partir en vacances dans une villa détenue par leur famille. Une fois sur les lieux, elles se feront attaquer sauvagement par un homme et son fils de manière totalement gratuite jusqu’à ce que, le lendemain, elles décident de prendre les armes.
Que ce soit pour créer une angoisse comme dans les Saw ou pour faire rire comme dans la plupart des slashers, l’exploitation du trash fait partie de l’ADN du cinéma d’horreur. Toutefois, certains traceront une ligne en considérant, selon leur sensibilité, certains éléments comme tabous. Trauma dépassera cette ligne pour un bon nombre de personnes. Cela dit, ce ne serait pas un problème en soit s’il ne contenait pas de grosses lacunes au niveau de la réalisation qui font d’un film au potentiel subversif un torture-porn assez générique.
Pourquoi ce film se vautre-t-il dans ce qu’il essaie de transmettre? On le doit, en partie, à cette réalisation franchement problématique au niveau de la gestion du ton et du rythme. Si la scène d’ouverture particulièrement éprouvante du film ne vous rebute pas, le générique rappelant la télévision des années 2000 en mode Prison Break le fera peut-être à la place. De plus, même si les acteurs jouent très bien certaines lignes de texte, les effets gores un peu ratés viendront trop souvent vous faire sortir du récit. Mention spéciale à la tête explosée en milieu de film et au retournement de caractère improbable des personnages dans la cantina; on est plus proche du rire que de l’empathie à ces moments. C’est dommage, car on imagine que le tournage a dû être particulièrement difficile pour ceux qui ont dû mettre en scène des actes comme le viol, l’inceste, la pédophilie et l’infanticide.
Bref, dénoncer les traumatismes du régime Pinochet et ses impacts sur les générations c’est bien, mais le faire avec un snuff-movie peut-être un brin trop fauché laisse un arrière goût assez désagréable. Trop mal pensé pour être efficace et trop dramatique pour servir de défouloir, vous pouvez voir ou revoir The Last House on the Left de Craven ou le récent Revenge de Coralie Fargeat si vous cherchez ce genre de soirée. Trauma, vous pouvez vous en passer.
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