Dans Riot Girls, on se retrouve dans une ville divisée et gouvernée par deux camps d’adolescents suite à une étrange maladie qui a emporté tous les adultes. Nat et sa copine Scratch (les actrices Madison Iseman et Paloma Kwiatkowski) devront affronter le clan adverse dans l’espoir de sauver l’un des leurs retenu prisonnier.
La cinéaste torontoise Jovanka Vuckovic venait présenter son tout premier long-métrage en première nord-américaine ce week-end à Fantasia.
Un film d’adolescents post-apocalyptique féministe et queer
«Tu sais, ce n’est pas un film d’horreur. Ça surprend les gens.» a lancé Jovanka, aussitôt l’entrevue débutée. En effet, la cinéaste oeuvre dans le milieu de l’horreur depuis près de vingt ans, d’abord en tant qu’artiste d’effets visuels puis à la barre du magazine canadien Rue Morgue. Elle a ensuite travaillé avec les plus grands, que ce soit avec Guillermo del Toro avec la production de son premier court The Captured Bird en 2012 ou pour l’adaptation de The Box de Jack Ketchum pour l’anthologie XX. Dans le domaine de l’horreur au Canada, elle est définitivement une référence.
«J’en suis aussi surprise! Mon plan initial était d’écrire et de réaliser mon propre matériel. À cause de mon background dans le milieu de l’horreur, je reçois beaucoup de scénarios et la plupart d’entre eux dépeignent les femmes comme des idiotes. Je me suis donné comme but de carrière de redéfinir le rôle de la femme dans le cinéma de genre. Quand j’ai lu le scénario de Riot Girls, j’ai trouvé que ça correspondait quand même à mes objectifs: des personnages féministes et queer dans un contexte de film culte. Je ne l’aurais pas fait si ça avait été ce film Roméo et Juliette classique où la fille du mauvais côté de la ville tombe amoureuse du riche garçon de l’autre. On va vu ça mille fois.»
Les personnages féminins de Scratch et Nat, au coeur du récit, forment un couple à l’écran, seulement le film n’émet pas de commentaire sur le sujet. «Nous avons besoin de plus de films comme ça, surtout dans le genre, où deux femmes peuvent juste former un couple sans grande explication. Elles me rappellent moi adolescente. J’étais cette weirdo, trop punk, trop queer, trop pauvre, trop whatever pour être “dans la gang”. Il n’y avait pas de personnages comme ça dans les films à l’époque. C’est où je me suis aussi retrouvée dans le scénario.»
Bandes dessinées et Turbo Kid
Dès ses premières images avec ses séquences animées style comic book et ses couleurs très saturées, Riot Girls annonce qu’on se retrouve dans un univers parallèle. Et la réalisatrice ne cache pas sa passion pour la bande dessinée: «J’ai grandie avec l’horreur, les jeux vidéo mais aussi dans les magasins de comic books et le nez dans les livres. Évidemment, ce scénario m’a rappelé Tank Girl alors je me suis dirigée vers cette esthétique, mais aussi pour signifier qu’on ne se retrouve pas dans un monde réaliste, qu’on est là pour avoir du fun.»
Avec son style et ses thématiques, Riot Girls fonctionne presqu’aussi comme film d’accompagnement à Turbo Kid. Paradoxalement, l’acteur ontarien Munro Chambers, qui tenait la vedette du film des Roadkill Superstar, incarne ici le jock suprême du camp ennemi: «Je suis une grande fan de Turbo Kid et j’étais très excitée à l’idée d’avoir Munro dans le film. Il est devenu un acteur de films cultes. Savais-tu que l’école qu’on utilise dans Riot est celle de Degrassi: The Next Generation, dans lequel il joue? Ça fonctionne vraiment avec le style série B qu’on voulait créer; un espèce de Degrassi/Tank Girl/Hobo the Shotgun, qui se déroule dans un univers parallèle.»
Un peu d’horreur quand même
Les influences horrifiques de Vuckovic se font tout de même ressentir. Outre quelques séquences résolument gore, Riot Girls est truffé de références cachées, en lien avec ses passions. Par exemple, l’action se déroule dans la petite ville de Potters Bluff, la même que celle du Dead & Buried de Gary Sherman de 1981. L’homme a même offert sa bénédiction à la cinéaste. «Je ne voulais pas qu’on l’explique dans le film, mais je voulais que la catastrophe qui a tué les adultes soit peut-être connectée avec celle dans Dead & Buried.»
La cinéaste canadienne vient également de terminer le casting de son prochain film intitulé All My Heroes Are Dead. «C’est à propos d’une femme avec un cancer du cerveau en phase terminale qui doit tuer cinq personnes si elle veut sauver sa peau. Rien de ce que je fais n’est 100% horreur. Le film existe quelque part entre Nightcrawler et You Were Never Really Here. On va voir jusqu’où le personnage est prêt à aller pour survivre. Je suis super excitée. J’ai eu beaucoup de plaisir à tourner Riot Girls, mais j’ai hâte de retourner à mon plan initial de briser les moules du genre de l’horreur et le refaire d’une façon qui compte pour moi.»
On sera définitivement au rendez-vous!
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