Renaud Gauthier (Discopath) venait enfin présenter en grande première mondiale cette semaine son dernier Aquaslash, l’un des plus attendus de cette édition de Fantasia et pour cause : en plus d’être réalisé par un cinéaste d’ici, le film présente l’un des synopsis les plus disjonctés de l’histoire du slasher.
Un week-end de graduation bien arrosé vire au cauchemar lorsqu'un mystérieux assassin installe des lames de rasoir géantes dans les glissades d'eau d'un parc aquatique un peu douteux, tout juste avant la compétition de descente annuelle locale.
C’est dans l’esprit des séries B (voir des séries Z) qu’on plonge tête première dans Aquaslash, alors que les scènes enchaînent mini-bikinis et fiestas d’adolescents avides de sexe et de drogues, comme dans la plus pure tradition des années 80… mais aussi comme si rien n’avait vraiment changé depuis. Le scénario nous présente volontairement des personnages interchangeables et infects, des employés incompétents et des gradués douchebags, qui s’insultent à coup de dialogues cinglants (et parfois hilarants) pendant près de 90 minutes. À ce sujet, l’ensemble de la distribution s’amuse visiblement et livre bien la marchandise.
Mais les scènes répétées ad nauseam et la confusion au montage, sans parler du vide scénaristique béant, tous là de manière volontaire ou non, rendent néanmoins l’expérience plus laborieuse qu’amusante. Pendant ces zooms de poitrines et de fesses, on oublie de créer un mystère autour du fameux tueur et de ses motivations, pas plus qu’on ne développe de montée vers cette fameuse finale gore tant attendue.
Lorsque le carnage arrive enfin, les fans de gore seront récompensés. La fameuse scène de découpage impressionne avec ses quantités de morceaux de corps signés Rémy Couture et ses litres de sang gracieuseté des Blood Brothers, deux (trois, en fait) gages d’excellence dans leurs domaines. Dommage que le budget n’ait pas pu permettre plus de créativité pendant la séquence qui devient alors presque anecdotique.
Mais qu’a-t-on pensé du film exactement? Difficile de se prononcer sur la question. La director’s cut qui nous a été présentée devant une salle pleine à ras bord lundi dernier n’était pas terminée. Une bonne portion de la postproduction (coloration, mixage sonore, effets visuels) n’a pas pu être complétée à temps pour la projection suite à des problèmes de dernière minute à la production. Difficile également de savoir quand et comment on pourra voir une version finale de la chose, mais l’auteur de ces lignes ne sera probablement pas au rendez-vous. Aquaslash demeure donc, pour le moment, un tour de glissades interrompu.