Maudit COVID-19, pas de Cabane à sang cette année. Du moins c’est ce qu’on croyait jusqu’à ce que les organisateurs se r’virent de bord et annoncent que l’édition 2020 du festival de films trash aura finalement lieu en direct et gratuitement sur Facebook! Pour nos pauvres yeux encabanés depuis maintenant un mois, la nouvelle était tout simplement divine.
Et c’est une édition complètement disjonctée que Frank Appache (Sleazy Pete) et Martin Richard nous ont offerte à distance. D’abord, on avait droit à une motherfuckin’ animation survoltée, en bonne et motherfuckin’ due forme de la part d’Appache, qui avait construit chez lui un véritable décor de style «sas de décontamination» aux éclairages néons. Grâce à ses interventions criardes et la caméra qui nous offrait un retour à l’époque Musique Plus des années 90 (avec deux ou trois caps d’acide en prime), impossible de s’endormir entre deux blocs.
Mais surtout, c’est 60 courts (!) d’ici et de partout à travers le monde qui nous ont été présentés en deux soirées exhaustives de plus de trois heures. Autant dire qu’il y avait du dégueu pour tous les goûts. Difficile pour nous de couvrir une telle quantité, on a dû trancher pour vous parler de 10 coups de coeur:
Ro-Boob: The Farting Robot de Logan Fry
Le court de Logan Fry est exactement ce qu’on cherche voir dans une sélection du genre. Dans le style d’un vieux film d’horreur muet, un robot-gorille gaze littéralement des femmes qui se mettent seins nus dans les parcs. Même si un peu répétitif, l’OVNI est tellement random qu’en groupe, il devient tout simplement hilarant. Les commentaires défilaient en masse sur le live et certaines scènes censurées (Facebook oblige!) ont même été immortalisées par les spectateurs.
The Flying Menstrual Tampon de Cyrille Daclinat, Fabrice Sese et Alexis Robert
«T’as vu ça? On dirait que le ciel a ses règles…» Le film français au titre assez prometteur commençait en force. En plus de ses punch lines débiles en rafale,The Flying Menstrual Tampon pastiche le film de catastrophe à la Independence Day de manière assez convaincante. Monté à la manière d’une bande-annonce de grosse production américaine, avec des effets spéciaux de tampons volants géants, des blagues vulgaires et une trame sonore dramatique, il n’en fallait pas plus pour que tout le monde parle du court après son passage. Et pour cause! Vous pouvez d’ailleurs le voir (ou revoir) en entier ici:
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Maneater de Sandra Isacsson et Caroline Wallén
Les visuels de Maneater étaient parfaits pour la promotion de Cabane à sang 2020. On se retrouve ici dans l’absurde profond: des hommes dans la cinquantaine mangent des bananes à l’écran. Simplement. En camisole. Sur fond rose. Les scènes déjà hilarantes atteignent un niveau supérieur lorsqu’une voix hors champ leur demande des poses plus suggestives. Visiblement, les «acteurs» ne s’entendaient pas à ça et le résultat, à mi-chemin entre le malaise et le test sur le libre arbitre, est franchement délicieux.
Under the Lather (Sous la mousse) de Ollivier Briand
Les Français avaient la cote lors de la première soirée et quelque chose de très cool se cachait sous la mousse du film de créature Under the Lather. Une gardienne, qui a visiblement mieux à faire, envoie le garçon dont elle s’occupe se laver en toute vitesse. D’abord, il faut avouer que les effets derrière cette chose sortie du robinet de la baignoire étaient excessivement impressionnants, mais le scénario, hilarant et bien construit, et le bain de sang (littéralement!) dans lequel se terminait le film en ont fait un véritable succès. On espère en voir plus de la part du cinéaste très bientôt.
Slice of Life de Dino Julius et Luka Hrgovic
Pour terminer la première soirée, on avait droit à l’impressionnant Slice of Life des croates Dino Julius et Luka Hrgovic, qui donne l’impression de regarder un beau délire de science-fiction CGI. Mais détrompez-vous: l’hommage à Blade Runner a été conçu entièrement à la main, à l’aide de miniatures et de projections. La qualité de la production est littéralement à couper le souffle. Le court d’une vingtaine de minutes est tellement recommandé qu’il a été projeté une seconde fois lors de la deuxième soirée. Même s’il ne s’agissait pas d’un film trash, impossible de le passer sous silence.
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Rubbish Robbers d’Anders Teig
Non, ce n’est pas tout le monde qui a la fibre criminelle. Dans l’hilarant court norvégien Rubbish Robbers, un homme peine à contrôler son arme à feu lors de la préparation d’un braquage avec ses collègues. C’est le jeu des acteurs qui vole ici la vedette, en particulier celui de Calle Hellevang-Larsen en bandit nonchalant aux prises avec un problème de mouche. Les dialogues ne manquaient pas de mordant et le scénario nous réservait quelques surprises efficaces.
Bumps in the Night de Matt Barrett et Delanie Gilliss
Qu’est-ce qui est plus effrayant: une rage de boutons ou un monstre dans ton appartement la nuit? Une jeune femme en fera l’expérience dans ce court pullulant des États-Unis, filmé en style VHS rétro. En plus des effets spéciaux très réussis, on avait droit à une créature amusante et bien construite. Dans son crescendo final, Bumps in the Night réussissait à faire détourner le regard et remporte certainement la palme du film le plus écoeurant de la dernière soirée du festival.
Marcel Beauséjour de Cédric Senécal et Sam Proulx
On a un nouveau slasher au Québec et, désolé, son nom est Marcel Beauséjour. N’allez surtout pas pisser dans le lac du village de Gore (c’est concept) dans les Laurentides; vous risquez de le réveiller! Le court absurde utilise doublage à la DoublageQc excessivement payant, en plus d’un bruitage complètement hors norme. Il faut voir ce bâton de ski se transformer en véritable carabine. Les gags s’enchaînent à toute vitesse et atteignent tous la cible. On vous réclame déjà une suite, les gars!
Whispers de Max Isaacson
Whispers nous offrait une version vraiment dérangeante de Willard, où un homme se bat contre des rats. On nous promet qu’aucun animal n’a été maltraité, mais les effets sont tellement saisissants qu’on peine à y croire. Surréaliste et très gore, la ritournelle qui se faisait entendre en arrière-plan cadrait plutôt bien avec le sujet de la maladie mentale. Même si le court date de 2013, il s’agissait d’une des belles prises de la sélection. Vous pouvez d’ailleurs voir le résultat complet:
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Peopling de Lucas Amann
Fan d’absurde? Peopling de Lucas Amann est pour vous. Le court, qui mettait en vedette deux acteurs de la série de Twin Peaks, Josh Fadem et Kimmy Robertson, nous offrait bien quelques moments lynchien, mais dans son propre univers beaucoup plus pervers, où le sperme d’un homme prend littéralement vie. L’étonnante petite créature rappelait de belle manière le travail des Brothers Quay et la relation mère-fils aux costumes étranges et colorés était on ne peut plus inappropriée.
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BONUS: Wild as d’Olivier Bonenfant
Olivier Bonenfant a eu la brillante idée de sous-titrer son film australien Wild as en québécois, pour nous offrir Sauvage en esti, où un touriste s’inquiète de rencontrer un drop bear, une version carnivore et très agressive du koala provenant du folklore australien. Le cinéaste a rendu son film — hilarant et très sanglant — public suite à la projection de samedi dernier. Have fun:
Au final, le festival nous a littéralement proposé des dizaines de perles trash, dont la très culte Madame coucoune d’Appache, qui fonctionne toujours aussi bien même près de 10 ans plus tard, ainsi que les deux volets essentiels de The Procedure de Calvin Lee Reeder — le deuxième a d’ailleurs fait tout planter la diffusion suite à une censure de Facebook. Difficile de ne pas mentionner également Chowboys: An American Folktal des Astron-6, le récent western très sanglant et plutôt ingénieux du célèbre collectif canadien, et Massacre au débouche chiottes 2 (le premier a été réalisé 30 ans plus tôt!) du Français Alexandre Jousse, qui a littéralement enflammé le chat Facebook lui aussi lors de sa projection.
Pour les fans du genre, Cabane à sang 2020 était encore une fois un véritable buffet de cochonneries trop sucrées et trop salées, parfait pour notre soif de divertissement de bas étage en ces temps plus difficiles. Merci les gars!
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