À la suite d’une vilaine chute à vélo, l’étudiant en cinéma Yannick Bérubé (Marc-André Grondin) trouve refuge chez un chauffeur de taxi (Normand D’Amour) aux intentions douteuses. Très vite, il se retrouvera séquestré par l’homme et sa famille, toute aussi inquiétante. Troisième long-métrage d’Éric Tessier (Sur le seuil, Vendus), c’est le 9 octobre 2009 que 5150 rue des Ormes prit l’affiche au Québec.
Tiré du roman à succès de l’auteur Patrick Senécal, ce dernier a également participé à l’adaptation du scénario en compagnie du réalisateur. Scénario, disons-le, rempli d’absurdités, d’incohérences et de confusion. Un rythme souvent cassé par des scènes superflues ou par des éléments vaguement justifiés qui font probablement plus de sens dans un bouquin. Sans compter le nombre de décisions des plus aberrantes prises par les personnages; ce qui déclenche uniquement que de la frustration et de la lassitude chez le cinéphile qui ne cesse de compter les situations invraisemblables de cette version urbaine de «Misery» dans laquelle une majorité de personnages caricaturaux évoluent.
Tombant souvent dans la parodie, les pourtant excellents Normand D’Amour (Sur le seuil) et Sonia Vachon (La Malédiction de Jonathan Plourde) y gagnent la palme, tout comme les deux autres membres de la famille. Leur interprétation sans subtilité ni nuance et plusieurs scènes ridicules ne font que rappeler les thrillers américains déjà vus mille fois. D’ailleurs, on se questionne encore sur l’utilité de la benjamine (Élodie Larivière); muette et n’amenant absolument rien à l’intrigue. Bizarrement, ces deux pionniers de la télévision québécoise ce sont tous deux retrouvés à la Soirée des prix Jutra (maintenant Gala Québec Cinéma) dans les catégorie du meilleur acteur et de la meilleure actrice de soutien.
«Bizarrement» puisque la remarquable prestation de Marc-André Grondin (Jusqu’au déclin, Les affamés) ne semble avoir été soulignée nulle part. Seul et unique acteur qui ne sombre pas dans la dérision avec un rôle beaucoup plus complexe avec davantage de chair autour de l’os. L’ambiance du huis clos est un autre point admirable du film tout comme ces angoissantes parties d’échecs; tout particulièrement celle du sous-sol, durant le dernier acte, où la terreur s’installe enfin. Les séquences où les deux ennemis s’affrontent dans un décor onirique sont par contre frivoles et discutables.
Malgré quelques belles trouvailles du côté technique, nous aurions préféré des personnages plus étoffés et une intrigue mieux ficelées pour ressentir un minimum d’empathie pour le personnage principal. Le problème est peut-être au niveau de la direction d’acteur ou est-ce un scénario trop court et gorgé de clichés qui aurait amputé notre plaisir? Une adaptation fâcheuse et précipitée d’une oeuvre qui aurait mérité beaucoup plus que ce long-métrage oubliable, pourtant bourré de bonnes idées et de potentiel.
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