On tient pour acquis que tout le monde ici connaît Rémy Couture, ce maintenant incontournable maître ès effets spéciaux pratiques et souvent sanglants, ayant travaillé sur de grosses productions locales (Discopath, Thanatomorphose) et internationales (Punisher War Zone, Night at the Museum 2).
On annonçait il y a un peu plus d’un mois la parution du livre biographique Le Maquilleur de l’horreur, sous-titré Quand l’art devient criminel. Un bouquin co-écrit avec Charles-André Marchand, et qui fait partie de la nouvelle Collection Injustices d’ADA Éditions (Hansel et Gretel, Yvan Godbout, 2017). Si on en apprend un peu plus sur les débuts en tant qu’artiste de ce natif de Québec (Chapitre 1 et 2), l’ouvrage se concentre surtout sur l’étrange voyage en enfer qu’a vécu Couture il y a quelques années.
Rappelons rapidement les faits: suite à la plainte d’un internaute (tombé sur le site web innerdeprivity.com en croyant à tors avoir affaire à de l’authentique snuff), Interpol alerta les autorités québécoises, qui tendirent un guet-apens à Couture: à l’Halloween 2009, des agents d’infiltration sont débarqués chez lui pour l’arrêter (menotté) et l’accuser formellement de corruption de mœurs pour des œuvres de fiction. La très médiatisée poursuite a fait l’objet d’un documentaire (Chapitre 5: Art/Crime) avant que le maquilleur n’aille en cour en 2012, pour finalement être acquitté juste avant Noël de la même année.
Les 184 pages de l’abondamment illustré ouvrage — dont plusieurs en couleur — se lisent en un rien de temps (votre scribe a dévoré ses dix chapitres en 2 jours seulement!). Il y est notamment question de l’arrestation de Couture (Chapitre 3: L’horreur judiciaire), du tristement célèbre Luka Rocco Magnotta (Chapitre 6: Un parallèle troublant), des méandres du système judiciaire (Chapitre 7-8-9), de l’appui de l’humoriste Mike Ward (qui signe également la préface) et du Couture post-acquittement (Chapitre 10: Après la tempête). Pour plus de contexte, sont aussi inclus certains extraits d’articles de journaux, comme une chronique signée Nathalie Petrowski et une lettre du cinéaste Robert Morin (Chapitre 4: Le combat de ma vie). Malgré quelques petites répétitions, le récit reste des plus intéressants pour quiconque voulant en savoir plus sur cette fascinante histoire qui a fait connaître Couture — il a même figuré dans le magazine américain Gorezone!
Or, ce qu’on retient, c’est la détresse vécue par Couture, ce dernier étant passé à travers d’autres épreuves personnelles qui survinrent en marge de ce coup dur. Chapeau à l’artiste pour s’être exposé sans gêne et pour avoir partagé les détails d’un moment très douloureux de sa vie — dont il a longtemps préféré ne plus jamais parler. Un épisode sombre où sa santé mentale en a pris pour son rhume, alors qu’il s’efforçait de protéger sa/la liberté d’expression.
C’est d’autant plus important d’en parler aujourd’hui, comme de soi-disant moralistes s’acharnent à tenter d’imposer leur vision de ce qui est bon ou non pour autrui (voir justement les récents déboires de l’auteur d’Hansel et Gretel, qui a finalement été également acquitté). On essaie parfois de censurer des œuvres dites problématiques, celles s’adressant à un niché public, averti, majeur et vacciné. Jusqu’à nouvel ordre, on a encore le droit de visionner/lire ou pas le film/livre de notre choix, non? On n’est pas (pas encore, du moins) dans Fahranheit 451 ou 1984. Si personne n’a été maltraité durant la création d’une œuvre de fiction, où diable est l’offense? M’enfin.
Le Maquilleur de l’horreur: Quand l’art devient criminel arrive en librairie le 24 novembre.
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