Blood Red Sky, la dernière exclusivité horrifique en date de Netflix, se vend un peu toute seule. Au classique thriller de détournement d’avion, le réalisateur et scénariste Peter Thorwarth (Die Welle) a ajouté une dose de vampirisme. Ce mélange des genres parvient-il toutefois à atteindre l’homogénéité?
Le film raconte l’histoire de Nadja (Peri Baumeister), qui tente de voyager entre Londres et les États-Unis afin de rencontrer des scientifiques pouvant l’aider avec son appétit insatiable pour le sang. Parce que oui, Nadja est une vampire. Accompagnée de son fils Elias (Carl Anton Koch), jeune mais plein de ressources, elle s’embarque sur un vol transatlantique nocturne… Qui se trouve être celui qu’une troupe de terroristes aux motifs ambigus ont choisi pour réaliser un attentat. Nadja devra utiliser ses pouvoirs pour défendre Elias, mais parviendra-t-elle à maîtriser le monstre qui sommeille en elle?
Alors qu’on pourrait s’attendre à une variation de Blade en mode Passenger 57, la vampire du film présente plutôt un aspect primal. Peri Baumeister incarne très bien la lutte intérieure qui se joue au sein de son personnage, entre la mère de famille voulant protéger son fils et la bête impulsive et sanguinaire. Lorsqu’elle incarne le monstre, elle se déplace comme un fauve et pousse des cris gutturaux. Mais surtout, elle devient bientôt la source accidentelle d’une épidémie de vampirisme qui affecte les passagers du vol maudit… Multipliant par dix le chaos initial.
Peu étranger au cinéma politique, Thorwarth transforme l’intérieur de son avion en microcosme où l’extrême-droite et le capitalisme facilitent la progression de l’infection. Bientôt, le défi sera d’empêcher ce mal de consumer la terre entière. Le scénario a la bonne idée d’intégrer la perspective d’un enfant témoin de toutes ces horreurs… Et il ne se gêne pas pour verser dans une violence intense. Il n’y a pas vraiment de héros dans Blood Red Sky, le récit sombrant progressivement dans un désespoir aigu.
Sur papier, l’idée est bonne. Et l’exécution possède de bonnes bases, misant sur un gore assez frontal et d’impressionnants maquillages. La photographie contribue en prenant des accents gothiques. Mais le grand problème du film apparaît bientôt, ce que l’auteur de ces lignes a surnommé le «syndrome du film Netflix trop long»™. Blood Red Sky traîne des pieds, s’épanchant dans une série de flashbacks qui cassent le rythme et étirant plusieurs scènes au-delà du nécessaire.
Est-ce une question d’écriture? Peut-être un peu. Le film se perd aussi entre différents points de vue qui manquent de peaufinage. Mais on théorisera qu’il s’agit surtout d’un final cut indulgent, défaut récurrent parmi les productions Netflix. Est-ce que Blood Red Sky mérite de durer 2 heures? Non. Ajoutons que lors des scènes d’action, point d’attraction majeur pour un film de ce genre, le montage chaotique verse souvent dans l’illisibilité.
À une autre époque, Blood Red Sky aurait sauté la case cinéma pour atterrir directement sur les tablettes des clubs vidéos. Le film aurait alors sans doute joui d’un bouche-à-oreille plutôt positif chez les amateurs de ce type de séries B horrifiques. Mais puisque le projet débarque sur Netflix, il risque de recevoir une attention bien plus importante… Qu’il ne mérite pas nécessairement. Le streamer aurait intérêt à superviser plus étroitement la post-production de ses films. D’ici là, le titre de meilleur film d’horreur de 2021 se déroulant à bord d’un avion restera entre les mains de Shadow in the Cloud.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.