Après l’excellent Climate of the Hunter présenté l’an dernier au Festival de films Fantasia (et maintenant disponible sur Shudder), Mickey Reece nous sert maintenant Agnes, son vingt-septième long-métrage en carrière. Visiblement, rien n’arrête le prolifique cinéaste américain, qui semble maintenant se retrouver au sommet de son art.
Dans un couvent, les torchons et les serviettes virevoltent dans l’air et bientôt, soeur Agnes profane des insanités à qui veut bien l’entendre. Un prêtre réfractaire est envoyé de force en compagnie d’un apprenti pour performer un exorcisme. Ils découvriront sur place qu’ils auront besoin d’aide pour espérer accomplir la tâche.
Agnes est une autre bête intéressante à disséquer de Reece. Le film qui annonce une prémisse traditionnelle d’exorcisme partage davantage de liens avec Saint Maud que The Seventh Day, parus plus tôt cette année. On se retrouve néanmoins ici dans un tout autre registre. S’agit-il d’un film d’horreur? Pas du tout, en ce sens qu’Agnes n’est pas destiné à effrayer. Le cinéaste utilise néanmoins les codes du cinéma de genre pour dresser la table et nous entraîner ensuite vers une introspection encore plus fouillée et personnelle.
En effet, dans son premier tiers, Agnes nous introduit bien à cette histoire de possession, avec toute la finesse sarcastique qu’on connaît du réalisateur et scénariste — ici encore en compagnie de John Selvidge. Une scène de morsure en particulier intrique horreur et humour de façon plutôt magistrale. Mais le récit change ensuite de point de vue narratif de manière étonnante et procure un caractère vraiment unique au film.
En peu de temps, Reece nous présente une brochette de personnages excentriques et savoureux, qui mériteraient leurs propres spin-off. Comme à l’habitude, certaines joutes verbales s’avèrent délicieuses, le cinéaste maitrisant toujours aussi bien l’art du dialogue, en plus de la direction d’acteurs. Ces derniers captivent, en particulier Ben Hall (Climate of the Hunter) en tête de liste. Molly C. Quinn (Doctor Sleep) irradie toutefois l’écran, littéralement, avec ces éclairages qui nous soulignent les moments d’illumination de sa «brebis égarée», et symboliquement, grâce à sa présence la fois tempérée et solide comme le roc.
L’espace temps jamais clairement défini permet à Reece, visiblement inspiré, de jouer avec des citations d’à peu près toutes les époques et de façon on ne peut plus homogène. La mise en scène raconte en effet aussi bien que les personnages cette réflexion sur le deuil et la spiritualité avec ses décors riches et ses cadrages travaillés.
Les cinéphiles qui connaissent et sympathise déjà avec l’oeuvre de Reece seront vendus d’avance. Pour les autres, Agnes pourrait représenter une véritable découverte qui engendre la dépendance. Comme avec Miike et Sono, on prendrait bien un Reece chaque année au festival maintenant.
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