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[Fantasia 2021] Straight to VHS: une histoire sud-américaine de cassettes cultes

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Ce n’est pas un secret pour personne: votre scribe adoooooore ces noires cassettes qu’on retrouvait jadis sur les tablettes des clubs vidéo. Ainsi, lorsque qu’un film intitulé Straight to VHS (ou en version originale Directamente para video) s’est retrouvé dans la programmation de l’édition 2021 du Festival Fantasia, on a instantanément sauté dessus. Or, malgré ce qu’évoque son titre, cet OFNI («F» pour «Filmique», oui) n’est pas un documentaire sur ces films DTV (direct to video) qui, jadis, ne sortaient pas en salles avant de se retrouver en location. Il ne porte pas non plus sur ces films fauchés de type SOV (shot on video, donc avec pas d’pellicule).

Straight to VHS affiche film

Ici, le sujet est plus micro et personnel, alors que le réalisateur argentin Emilio Silva Torres cherche à découvrir les origines d’un film devenu culte en Amérique du Sud, soit Act of Violence in a Young Journalist (ou en version originale Acto de violencia en una joven periodista, sorti en catimini en 1988). On parle d’un étrange film SOV mêlant documentaire et fiction, où on retrouve action, romance, mystère, sexe et magie — dixit sa bande-annonce. Filmé nerveusement comme un film maison (un peu tout croche, oui) avec des non-acteurs et/ou amateurs, le long-métrage suit une journaliste conduisant de vraies entrevues pour discuter de violence, avant de divaguer solidement (le film est également présenté en duo avec le documentaire). Un peu comme The Room et l’un des classiques de Total Crap (l’étrangeté intitulée Rogers Normandin et la 4ième Dimension millésimé 1985), AoViaYJ est né d’une passion pour le cinéma en dépit d’une technique déficiente et improvisée, de moyens dérisoires et d’habilités (plus que) limitées, quant à la réalisation cinématographique. Un tout qui rend l’œuvre unique pour les rares cinéphiles qui ont pu tomber dessus.

En plus de jouer avec l’esthétique VHS, le documentaire mêle lui aussi (bien que beaucoup plus habilement) réalité avec fiction. On démarre avec la fascination qu’exerce le film culte sur ses fans (dont Torres), qui comparent parfois — et étonnamment — son réalisateur à Godard et Bergman (au niveau montage), tout en louangeant son humour accidentel et son attitude punk, en plus de servir comme un avertissement aux étudiants et apprentis du 7e art (un guide du «quoi ne pas faire»). Rapidement, on tombe en mode enquête, afin de tenter de retrouver ses artisans. Comme le réalisateur Manuel Lamas a disparu sans laisser de traces, on se rabat sur ses acteurs. On découvre que l’actrice principale du film, Blanca Gimenez, a joué dans un deuxième film de Lamas, avant de déménager de Montevideo (Uruguay) à Bueno Aires (Argentine) et d’être finalement retrouvée par Torres. Parmi les autres collaborateurs de Lamas qui ont été retracés et interviewés pour le documentaire, on retrouve une paire de messieurs qui avaient jadis prêté au bonhomme caméra et micros, de même qu’un vendeur de cassettes vidéo.

Le documentaire tourne graduellement à l’obsession (on se croirait presque chez le journaliste du Zodiac de David Fincher), passant en mode inquiétant, pour sombrer dans la peur et la folie (pour vrai?). C’est alors qu’on a droit à de belles mises en scène bien filmées (l’incendie!), après que des courriels louches et de mystérieuses cassettes aient fait leur apparition. On finit par enfin voir Lamas à l’écran, pour ensuite revisiter des lieux de tournage du film et conclure le documentaire (un peu menteur) par une rencontre plutôt touchante. Bref, Straight to VHS est pour les amateur.e.s d’histoires étonnantes et des coulisses d’un cinéma aussi bricolé que singulier.

STRAIGHT TO VHS | Trailer

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