A Ghost Story de David Lowery, qui présente un rythme on ne peut plus lent et un récit hors-norme, fait bien jaser depuis sa première à Sundance. Une histoire simple, celle d’un couple déchiré par la mort, sert ici d’opportunité pour explorer les thèmes de l’amour, du deuil et du temps, à travers les émotions vécues par le fantôme de Casey Affleck (Manchester by the Sea). Que l’on aime ou non, on ne peut nier le courage de l’équipe derrière cette oeuvre, qui réussit à créer un drame sérieux autour d’une iconographie devenue pratiquement comique. Rares sont les films expérimentaux qui parviennent à se tailler une place à travers la marée de blockbusters hollywoodiens, mais A Ghost Story surprend.
Les deux acteurs principaux, Rooney Mara et Casey Affleck, ont déjà travaillé ensemble sous la direction de Lowery et leur chimie est palpable. Ils nous offrent ici deux performances vraies et touchantes, mais au final, c’est Mara qui vole l’écran. L’actrice ne possède que très peu de dialogues et doit maintenir l’attention du spectateur dans des scènes parfois excessivement longues. Le réalisateur a mentionné en entrevue qu’il tentait de pousser les limites et la patience, mais la ligne est parfois trop mince entre la curiosité et l’ennui.
A Ghost Story possède une direction cinématographique élégante et soignée et chaque image du film est une oeuvre d’art en soi. Les visuels rappellent à la fois le style des vieux films muets et le look vintage des polaroids et procurent un effet intemporel au film. S’il y a aussi peu de mots parlés au travers de cette histoire, c’est que la place est laissée à la trame sonore; une composition musicale incroyable et bouleversante, qui nous hante et ce, longtemps après la fin du générique. Signée par Daniel Hart, la musique porte ici la charge émotionnelle du film et semble manifester les sentiments vécus par l’esprit du protagoniste.
En portant le focus sur le spectre, Lowery explore ici l’origine d’une hantise. À quelques reprises, le concept évoque les thèmes du livre de Shirley Jackson, We Have Always Lived in the Castle. En effet, s’il était présenté du point de vue d’un autre personnage, ce drame aurait pu être considéré comme un film d’horreur. Mais il n’est pas question de peur dans ce conte. A Ghost Story est un poème visuel, qui porte sur l’énormité du temps et sur la valeur que l’on donne aux événements quotidiens, qui trop souvent nous semblent anodins.
Une expérience cinématographique unique, qui vaut la peine d’être vue sur grand écran.
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