Transylvania Twist (1989) est ridicule. Ce n’est quasiment pas un film, plutôt une série de scènes qui parodient — ou tentent de parodier — les films d’horreur.
Y a-t-il une intrigue? L’oncle de Dexter Ward (Steve Altman) est un bibliothécaire qui a emprunté, par erreur, un livre aux pouvoirs maléfiques à un certain Comte Byron Orlock (Robert Vaughn) qui vit dans un château en Transylvanie. Pour le retrouver, Dexter s’entoure d’une starlette Marissa (Teri Copley) et du chasseur de vampires, Victor Van Helsing (Ace Mask).
Il s’agit d’un énième film dans la prolifique carrière de Jim Wynorski, qui aurait réalisé plus de 150 titres sous différents pseudonymes. En quelque sorte, Wynorski incarne à lui-même le série B. Ayant régurgité une pléthore de longs métrages d’exploitation dans les années 80, il finit par dégringoler lentement dans la déchéance, le mauvais goût et l’oubli. Transylvania Twist arrive juste avant la chute: on dénote encore l’optimisme débordant, l’humilité du bas-de-budget et de l’autodérision.
Pourquoi on l’aime
La première scène donne le ton. Une «donzelle en détresse», interprétée par Monique Gabrielle (de Deathstalker II, un autre chef-d’œuvre cartonné), se fait pourchasser par trois icônes des films d’horreur: Freddy, Jason et Leatherface. Ils la suivent dans un cabanon et ça brasse. Monique ressort victorieuse en ricanant, à travers des crocs de vampire en plastique: «amateurs!».
C’est cute, c’est même intelligent. Mais pas très. Et si vous êtes dans ce mood, Transylvania Twist est parfaitement adéquat. Le scénario part dans toutes les directions: les zombies, les loups-garous, les vampires, Lovecraft. Et encore mieux, certains gags fonctionnent.
Avant les Shaun of the Dead ou les médiocres Scary Movie, il y avait peu de parodies de films d’horreur et la mode n’était pas aux commentaires méta. Tandis que l’exercice peut facilement tomber dans le cynisme, Transylvania Twist obéit à la première règle d’une bonne satire: il faut qu’elle dérive d’un amour authentique. Ici, on a vraiment des fans de films d’horreur et ça paraît.
Fait notoire: c’est probablement l’une des premières instances où un personnage critique les jumpscares, lorsque Van Helsing s’exclame: «There are any numbers of ways of attracting one’s attention! Damn, I hate cheap shots like that.»
On aime particulièrement lorsque Teri Copley, vêtue d’une robe cocktail, chante Just Give Me Action et punche tout plein de gens gratuitement. Le montage du numéro musical recycle des scènes d’autres films comme si de rien n’était, pour sauver de l’argent: une habitude des films d’exploitation.
D’ailleurs, si vous êtes du genre à accompagner vos comédies d’horreur d’un drink, un bon jeu est de prendre une gorgée à chaque fois que revient le même plan extérieur du château avec les éclairs. Bonne chance.
En bout de ligne, il y a quelque chose d’attachant dans Transylvania Twist. C’est du série B entièrement assumé: Hollywood a rejeté tout ce beau monde et ils font leur truc, broche à foin, coûte que coûte.
Ça donne presque envie de pardonner à ce film tous ses défauts.
Presque.
Notre citation préférée: «They’re not a bad sort. Mostly misunderstood.»
Lisez les autres textes de la chronique invitée 13 films d’horreur à (re)découvrir.
Tous les jours du 19 au 31 octobre, Bruno Massé et Catherine Lemieux Lefebvre dévoilent un top 13 des meilleurs films d’horreur méconnus à découvrir, ou à redécouvrir! Lisez la démarche.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.