John Trent (Sam Neill) est enquêteur pour une compagnie d’assurance, entraîné à sentir les arnaques un mile à la ronde. Il doit investiguer la disparition de Sutter Cane — auteur d’horreur ultra célèbre et aux lecteurs fanatiques. C’est louche, sûrement un stunt publicitaire de la maison d’édition. Trent et l’éditrice Linda Styles (Julie Carmen) doivent remonter un filon d’horreurs innommables pour percer le mystère, au risque d’y perdre la tête… et l’esprit!
Pauvre John Carpenter. Il est difficile de penser à un réalisateur ayant eu autant d’influence sur la culture et pourtant si peu de succès auprès des critiques et du box-office. Après tout, Escape from New York est un des piliers du genre cyberpunk (ayant influencé William Gibson, auteur de Neuromancer) et The Thing est étudié en cinéma du point de vue de sa structure comme du montage. Malheureusement, In the Mouth of Madness a reçu l’accueil typiquement tiède voué à la plupart des films de Carpenter, malgré qu’il s’agisse, selon nous, d’un trésor viscéral (comme dans, viscères pleins de sang).
Pourquoi on l’aime
In the Mouth of Madness est difficile à décrire. D’abord, c’est une lettre d’amour à H.P. Lovecraft, empruntant les sujets d’épouvantes indescriptibles, de perte de points de repère et de fragilité (voir fatalité) humaine. Si ça se trouve, c’est le meilleur film lovecraftien jamais fait.
Carpenter approche le sujet avec une mentalité résolue, hard rock. À lui seul, le thème d’ouverture (composé par Carpenter), avec son riff de guitare et les plans d’imprimerie commerciale, nous indique qu’on s’en va pleine vapeur, tout droit vers quelque chose qui décoiffe (dans ce cas-ci, le néant cosmique). Pas de compromis. Les quelques moments d’humour sont d’ailleurs cinglants, toujours mérités, jusqu’à la fin mémorable.
Aussi, le duo de Neil et Carmen est sensationnel, l’un attaché à la raison et au cynisme de sa profession, l’autre compromise par son rôle dans l’œuvre de Cane. On passe assez de temps avec ces personnages pour que leur évolution soit marquée.
Oh, le sourire narquois de Sam Neill.
Bientôt remplacé par le cri de Sam Neill.
Parce qu’on y croit. Évidemment, le film n’est pas sans faute, il peut sembler décousu par moment et quelques jump scares sont difficiles à pardonner. Mais l’atmosphère est simplement parfaite: le village de Hobb’s End, ses villageois tourmentés, l’église byzantine, les effets spéciaux. Et la fin! Est-ce qu’on a parlé de la fin?
In the Mouth of Madness est un film d’horreur qui s’assume. Ici, l’horreur est la seule trame, la seule intrigue. Pas de réconciliation familiale bidon, pas d’histoire d’amour, pas d’ambiguïté hipster, pas de twist à la Shyamalan. On le dit parce que c’est plutôt rare aujourd’hui et qu’en rétrospective, l’expérience que nous offre In the Mouth of Madness est unique. Ne pas se faire d’attente, crinquer le volume et attacher sa ceinture.
Et toi, lis-tu Sutter Cane?
Citation préférée: «Reality isn’t what it used to be.»
Lisez les autres textes de la chronique invitée 13 films d’horreur à (re)découvrir.
Tous les jours du 19 au 31 octobre, Bruno Massé et Catherine Lemieux Lefebvre dévoilent un top 13 des meilleurs films d’horreur méconnus à découvrir, ou à redécouvrir! Lisez la démarche.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.