Avec le nombre incontournable de séries québécoises traitant de drames familiaux, la grappe de petites histoires d’horreur de Patrick Senécal présente était bienvenue dans le paysage québécois. Que dire des quelques épisodes que Club Illico rendait disponibles le 28 octobre dernier?
Ces cinq nouvelles histoires (lisez notre critique des premières parues en février dernier) ont de quoi susciter la curiosité, mais on sent parfois que la trop courte durée nuit au suspense et à la peur. À la barre de quatre des cinq nouveaux volets, Stéphane Lapointe offre des segments souvent amusants, mais jamais vraiment glauque. Certains textes auraient peut-être mérité un meilleur traitement.
Les introductions de Senécal
Il faut comprendre qu’avec les années, l’auteur Patrick Senécal est devenu plus qu’un nom connu imprimé sur la couverture de romans: les gens l’ont rencontré dans des salons du livre et l’ont vu lors de différentes interventions à la télévision. On s’attendait à le voir présenter ses histoires de la manière avec laquelle il nous introduit ses romans, bien assis à sa table du kiosque Alire, et échangeant avec nous sans formalité, ni cérémonie.
Lors de la diffusion des premiers épisodes, la production nous a affirmé un clin d’œil avoué à la célèbre série Alfred Hitchcock présente. C’est à se demander pourquoi on a alors choisi de mettre en scène ce génie de l’horreur québécois de façon hyper sérieuse, puisque chaque introduction et conclusion que faisait Monsieur Hitchcock à sa série regorgeaient d’humour savoureux. C’est d’autant plus dommage que l’humour des romans de Senécal trouve souvent sa vitalité dans une ironie extrême, comme c’est le cas avec ce bon vieux Alfred.
Les nouveaux épisodes
Interruption
Deux voleurs trouvent refuge dans une maison, alors qu’une étrange réunion a lieu. Malgré sa prévisibilité, cette vignette a l’audace de mélanger deux sous-genres de l’horreur, qu’il nous faut taire pour ne rien divulgâcher. Par ailleurs, l’acteur Gildor Roy brille de tous ses feux et joue un rôle qui tisse une forme d’écho avec celui qu’avait tenu Louis-Régis Savoie dans le l’inoubliable Requiem pour un beau sans-cœur.
Eaux troubles
Dans cet épisode, l’acteur Éric Bruneau joue un avocat qui rencontrera un problème avec l’eau de sa piscine creusée, peu après le décès de sa femme. Même si Bruneau est un très bon acteur et qu’il a la tête de l’emploi, on ne peut pas dire qu’il soit si réjouissant de le voir jouer pour une énième fois le beau gosse glacial. On a tout d’abord l’impression de regarder un prolongement de son personnage d’architecte dans Le règne de la beauté, auquel on a ajouté quelques touches macabres. Il faut quand même admettre que l’ensemble manque de finesse et cohérence. Le problème, c’est que la courte durée de l’histoire nous empêche de nous sentir réellement investis dans l’histoire, et que l’ensemble est filmé de manière impersonnelle. Au final, on a l’impression de regarder un court-métrage inabouti.
Hôtel Noble Repos
Rémy-Pierre Paquin y incarne un célibataire qui, épuisé après une semaine de travail sur la route, décide de venir se reposer dans un hôtel. Suite à différents incidents, il en viendra à croire que son voisin de chambre est un psychopathe qui en a peut-être après une jeune femme qu’il a croisé dans le lobby. Si le côté lugubre à la Barton Fink marche assez, l’humour noir qui a marqué la série des Malphas n’a pas la même ampleur lorsqu’il devient la clé de l’énigme. La tombée de rideau est un peu tiède.
Vieux couple
Il s’agit non seulement du meilleur épisode de la série, mais les fans seront surpris d’apprendre qu’il est réalisé par Senécal lui-même. Convoquant par moment le sketch La Goutte d’eau réalisé par Mario Bava, cet épisode vaut à lui seul l’abonnement à Club Illico. Mettant en scène les imperturbables Gilbert Sicotte et Micheline Lanctôt, ce récit raconte la longue nuit que vivra une veuve suite au décès de son mari. On sent ici que la mise en scène est en parfaite osmose avec l’histoire, et qu’il connait très bien les codes et les figures de l’horreur. Utilisant le moindre bruit ambiant pour causer l’effroi, le scénario déploie aussi de véritables observations sur les aînées. Il faut dire que Lanctôt offre une composition juste et sensible, ce qui donne une âme à son personnage.
Rush de Noel
Si l’humour noir du précédent Hôtel Noble Repos manquait de vigueur, Senécal ose ici égratigner. Se moquant à la fois de la folie de Noël, mais aussi du phénomène des enfants-rois et des parents absents, cet épisode regorge de bizarreries et de petites trouvailles qui en font un véritable festin, même si la direction d’acteurs est un tantinet déficiente.
Il va sans dire que la série mérite le visionnement, même si on aurait aimé que la totalité des volets ait la même intensité de celui réalisé par Senécal. On est en droit de se demander pourquoi ce présentateur ne réalise pas l’ensemble des épisodes. Il semble beaucoup plus à l’aise derrière la caméra que devant.
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