La nouvelle production allemande Netflix The Privilege (Le privilège) est plutôt populaire depuis sa parution au début du mois, mais pas nécessairement pour les bonnes raisons. La réalisation de Felix Fuchssteiner et Katharina Schöde mise sur un scénario saugrenu à la finale coup-de-poing, toujours très populaire sur la plateforme (voire des trucs à la The Perfection et Eli), ainsi que des vignettes chocs pour générer un engouement, mais peine à construire une proposition qui fait le moindre sens.
Plusieurs années après le décès de sa soeur, Finn est toujours convaincu que cette dernière était poursuivie par une entité malveillante lors de cette nuit tragique. Alors que des événements étranges se produisent à nouveau dans son entourage et que son traitement psychiatrique ne semble plus lui convenir, le jeune homme s'alliera à ses camarades de classe pour lever le voile sur l'étrange affaire.
Difficile d’énumérer tout ce qui ne fonctionne pas avec The Privilege, qui fait passer d’autres productions Netflix tels que le récent Texas Chainsaw Massacre comme de véritables chefs-d’œuvres du septième art. La comparaison s’arrête toutefois au niveau des sorties du mois, The Privilege jouant davantage avec sur le plan surnaturel côté horreur. Les images nous confrontent d’ailleurs dès les premières scènes à des effets numériques qu’on croirait tout droit sortis du mauvais remake de The Fog lors de l’apparition d’entités qui, disons-le, n’empêcheront personne de dormir.
Mais qu’est-ce qui se passe au juste dans cette histoire qui entremêle démons, choc post-traumatique, conspiration pharmaceutique, grands-mères à poil et… trip à trois? Personne ne le sait, alors que le scénario de The Privilege explore toutes ces avenues de manière assez chaotique, voire même débilitante. Cette idée de «privilège» ne se trempe jamais l’orteil assez loin pour aborder les enjeux raciaux (plutôt ironique avec un casting 100% blanc) et se concentre plutôt — très superficiellement — sur la question de la classe sociale, une avenue qui aurait peut-être eu un certain impact… il y a quarante ans.
C’est surtout les dialogues et l’interprétation qui rendent le film presque so bad it’s good. Max Schimmelpfennig s’en sort bien dans le rôle de Finn, mais les scénaristes le placent dans un dédale de situations incongrues, où l’adolescent doit naviguer entre un triangle amoureux bisexuel (parce que: pourquoi pas?) et surveiller sa soeur jumelle en s’introduisant dans sa chambre en pleine nuit, muni d’un bat de baseball. Les personnages qui gravitent autour de lui semblent quant à eux jouer dans un tout autre film. Ses collègues féminines, par exemple, conversent leurs sourires plaqués même lors des scènes de hantises impliquant des botanistes soudainement reconvertis en experts-médiums, recommandés par la prof de sciences du lycée. Les personnages adultes sont quant à eux si détestables qu’on aurait tout simplement pu leur tatouer le mot «vilain» dans le front. On rappelle que vous n’êtes pas en train de lire la critique d’un épisode inédit de Scooby Doo.
Une poignée de nouveaux titres horrifiques obscurs et/ou étrangers font surface chaque mois chez Netflix et même si on peut attraper une petite pépite divertissante au passage, The Privilege ne fait définitivement pas partie du lot.
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