Plusieurs cinéphiles ont en commun ce souvenir d’avoir découpé les affichettes publicitaires de films dans les journaux locaux pour les conserver. Grâce à l’avènement d’Internet, les moins de vingt ans connaissent peut-être moins ce sentiment de bonheur ressenti en feuilletant les pages d’un imprimé. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, découvrir une représentation publicitaire faisait partie de la cinéphilie et plusieurs fanatiques jouaient de cisailles quand le camelot s’amenait.
Outre ce contact direct avec le film dans les salles obscures, sinon souvent interdit à cause des restrictions d’âges, ces publicités ont figuré, pour plusieurs d’entre nous, comme l’un des premiers rapprochements vers le septième art. Lorsqu’il s’agissait d’un film d’épouvante, le visage d’un boogeyman, le dessin d’un couteau tranchant ou l’image d’une maison lugubre nous promettaient ces frissons tant désirés.
Ce livre de Michael Gingold, connu par la plupart d’entre vous pour avoir longtemps été le rédacteur en chef du magazine Fangoria, propose un exercice de scrapbooking où l’auteur a répertorié les publicités qu’il a conservées, ponctué d’une grappe de remarques.
Ad Nauseam: Newsprint Nightmares from the 1980s est beaucoup plus qu’un simple livre à lire. Il s’agit d’un ouvrage de collection puisque chaque reproduction nous bombarde de nostalgie. On retrouve ce moment clé où ces perles, méconnues avant leur sortie, ont pris d’assaut les cinémas. Certains pourraient sourciller en constatant le caractère noir et blanc des reproductions, mais c’est un peu ce qui fait le charme de ce collage des plus délectables.
L’exercice est intéressant et drôle puisque certaines de ces représentations publicitaires sont très rares ou hilarante. D’autres sont carrément ridicules et expriment une incompréhension du film et des fans, de la part des publicistes. Il y a aussi plusieurs tours de force, notamment les différentes affiches du film Gremlins, qui ont su capter de manière ingénieuse l’humour du film en l’adaptant à la nation. C’est également ce qui est arrivé à Child’s Play où une image montrait Chucky s’amener pour tailler la dinde de la Thanksgiving sur les publicités publiées la semaine de cette fête. Il n’en reste pas moins que chacune des 248 pages est un délice pour les fanatiques de la décennie des années 1980.
À ranger sur votre étagère aux côtés SHOCK! HORROR! de Francis Brewster, Harvey Fenton et Marc Morris, un ouvrage qui nous présentait une série de jaquette vidéo de films d’horreur qualifiés de mauvais goût, le bouquin de Gingold sert à rappeler un temps malheureusement révolu. La qualité du papier et des impressions laisse même penser qu’il serait intéressant de le faire autographier par certains artistes de ces films, rencontrées durant les festivals ou conventions.
Il s’agit de l’oeuvre d’un passionné qui partage ce bouillonnement envers des personnes animées de la même ardeur.
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