Lena (Natalie Portman), biologiste et ex-militaire, participe à une expédition au cœur d’un territoire mystérieux et coupé du monde. Une zone baignée par une énergie inconnue qui se propage comme un cancer et qui a un impact inusité sur les êtres vivants, humains compris. Accompagnée par quatre autres femmes, Lena tentera de comprendre ce qui est arrivé à son mari (Oscar Isaac), disparu lors d’une précédente expédition.
À l’instar d’Arrival de Denis Villeneuve, Annihilation est un film de science-fiction – prenant place dans des décors champêtres – où l’intime rencontre le cosmique. Ainsi, l’odyssée entrepris par l’héroïne (le personnage ressemble d’ailleurs à celui d’Amy Adams dans le film de Villeneuve) est entrecoupé de flashbacks portant principalement sur ses problèmes conjugaux. Le rythme est donc plutôt lent et cela provoque des changements de tons parfois maladroits. Une scène dramatique au début du film est d’ailleurs totalement désamorcée par un choix musical douteux, au point de devenir caricaturale. Ce thème reviendra malheureusement à quelques reprises. Malgré tout, le réalisateur d’Ex-Machina (Alex Garland), parvient à conserver notre attention avec une intrigue plutôt créative et inattendue, ainsi qu’une brochette d’actrices particulièrement solides. On est d’ailleurs contents de voir Jennifer Jason Leigh dans le rôle de la chef d’expédition. Actrice culte des années 90 (rappelez-vous de l’excellent Single White Female de Barbet Schroeder) qu’on a pu voir récemment dans de The Hateful Eight et Morgan, Jennifer Jason Leigh est une femme qui manie l’art de l’ambiguïté et des sous-entendus à la perfection, ce qui fait plaisir.
Du coté des effets visuels, les images proposées impressionnent. Le monde présenté nous fait rêver malgré son côté minimaliste et fluorescent, tellement les idées à l’écran sont inventives. L’étrange ne fonctionne jamais aussi bien que lorsqu’il est inséré dans le quotidien, une leçon que Garland applique avec doigté. On pense évidemment à Stalker d’Andreï Tarkovski ou à Monsters de Gareth Edwards pour cette idée de d’interzone surnaturelle, cette quatrième dimension où il est risqué de pénétrer. On pense aussi à quelques classiques de la science-fiction horrifique (Alien, The Thing) dans les scènes de suspense. Car, malgré son côté «sci-fi cérébrale», Annihilation est parsemé de quelques scènes de frousses et deux-trois effets gores qui viennent pimenter le tout. Mais attention, on ne peut pas le qualifier de film d’horreur pour autant. Loin de là.
Lors du dernier acte, le film nous désarçonne, comme une monture sauvage et incontrôlable. En effet, le dénouement est particulièrement singulier et hermétique, au point que certains pourraient décrocher. N’empêche, le résultat demeure divertissant, quoique le film mériterait une deuxième écoute pour se faire une idée précise.
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