Enfermé dans leur confortable condominium pour éviter de contracter un curieux virus, pouvant peut-être occasionner les inquiétants incidents que relatent les bulletins télévisés, un couple en pleine crise doit tenter de survivre. Tout d’abord effrayés par le monde extérieur, ils seront vite amenés à craindre que le mal qui court ne soit déjà parmi eux.
C’est peut-être à travers le discours du personnage de Sam, donnant un cours sur la photographie, que la cinéaste affiche le plus librement ses intentions à ses spectateurs. Ce dernier exprime qu’il ne faut pas se limiter aux conventions plus commerciales pour atteindre un statut artistique.
Le cinéma de genre propose chaque semaine, sur les différentes plateformes, un éventail d’œuvres à modestes budgets où des cinéastes font leur possible pour attirer l’attention. En revanche, il est moins fréquent de se retrouver face à un artiste faisant fi de toutes les facilités et autres procédés grotesques disponibles pour séduire ses spectateurs.
At The Door (Dys-) est un petit film québécois qui vient tout juste d’arriver en vidéo sur demande. Si vous aimez les films d’épouvante plus lents et psychologiques, il vous faut obligatoirement donner une chance à ce premier long-métrage de la cinéaste Maude Michaud. Ce dernier est un véritable coup de poing.
Proposant un scénario qui semble, en superficie, s’apparenter aux nombreuses productions actuelles mettant en scène des zombies, la réalisatrice propose non seulement une fascinante dissection de la vie de couple, mais embrasse au passage une série de névroses collectives (la phobie des germes, la peur de vieillir, la paranoïa, la ségrégation des femmes). Si l’idée du couple confronté à ses démons en période de crise est un leitmotiv plus conventionnel, le récit demeure solide et poignant. Par ailleurs, l’utilisation de retours en arrière pour nous apprendre peu à peu le parcours des héros sait nourrir en nous une curiosité.
Certains pourraient peut-être être rebutés par le côté huis clos, mais celui-ci n’est pas, ici, qu’un moyen d’offrir un film moins coûteux; il sert réellement à nourrir le malaise. Juste comme on pense que le récit va s’essouffler (on parle quand même d’un huis-clos de 100 minutes avec deux acteurs, dans un appartement), on revient à la charge en nous proposant des éléments de plus en plus morbides.
La mise en scène minimaliste démontre un réel savoir-faire et sait faire monter la tension aux moments les plus inattendus. Cela dit, le tour de force de Michaud se trouve dans sa direction d’acteurs, sans faille. À ce titre, Shannon Lark (I Am Monster) est particulièrement investie.
At The Door est disponible via Amazon Prime.
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