Les destins de différents personnages se croisent, alors qu’un agent secret excentrique observe qu’une invasion extraterrestre semble avoir lieu et qu’un père de famille doit reprendre une lutte sans relâche avec un monstre qui semble lui en vouloir. Dans un univers dominé par la consommation pharmaceutique tout peut arriver, pas vrai?
Ce véritable délire du réalisateur québécois Pat Tremblay est enfin accessible sur Vimeo, après avoir connu un intéressant circuit festivalier. Proposant certains angles plus expérimentaux et même undergrounds (nous sommes certes face à un film sur la contreculture) Atmo HorroX est aux carrefours de plusieurs types de films. Disons-le tout de suite, ce n’est pas pour tout le monde. Pour apprécier ce genre d’exercice de style minimaliste, il faut savoir dans quoi on s’embarque, avant le visionnement. Ce simple constat est un peu triste, puisque le cinéma devrait nous émerveiller lorsqu’il nous guide en terrain glissant, mais dans certains cas moins dociles, aussi bien prendre le taureau par les cornes. Pour aimer ce dernier, il faut accepter de jouer le jeu. Si on prend le film pour ce qu’il est, il y a fort à parier que le visionnement saura vous amuser.
Il s’agit d’un long-métrage à petit budget qui tente à sa manière de jouer avec les codes traditionnels, tout en y injectant une grande dose de satire. Certains spectateurs se contenteront de lever les épaules en soupirant, et d’autres rigoleront à gorge déployée face au côté plus «trash». Cela dit, il y a quelque chose en dessous de la matière ici. On y dresse une critique de la surconsommation, mais aussi de l’omniprésence pharmaceutique, de la surveillance informatique et peut-être de cette utopie de la famille idyllique.
Ce qui surprend durant l’écoute, c’est d’oublier que ces extraterrestres ridicules, représentés minimalement par des hommes enroulés de bas de soie, sont aussi incongrus au fur et à mesure que l’intrigue avance. C’est comme si en ayant voulu jouer la carte de l’extrême pour assumer le manque de budget, et en le soulignant au spectateur, on s’attirait sa sympathie. Bien sûr, ces personnages restent farfelus, mais on en vient à assumer ce qu’ils représentent.
Si l’on peut reprocher à l’ensemble d’être un peu longuet, ce collage de situations cocasses renferme plusieurs passages désopilants et gores. On nous montre un médecin perfectionniste, un couple qui se chante la pomme durant un pique-nique, un gymnaste digne de Ronald McDonald, un espion très engagé pour sa cause et j’en passe. Comme on pouvait s’y attendre, le visuel du film est un kaléidoscope hors normes qui transcende autant par son manque de budget que son approche ce que notre iris est habitué à voir. On y retrouve un travail considérable sur les couleurs qui sont parfois si criardes qu’elles nous dérangent. C’est toutefois avec sa manière de jouer avec le son (le film est pratiquement muet) que le cinéaste démontre un réel instinct. La bande-son raconte une partie de l’histoire et sa déconstruction donne droit à des moments assez imaginatifs.
Pour une production dont le budget est aussi maigre, Atmo HorroX tire assez bien son épingle du jeu. L’entreprise est d’autant plus à souligner qu’on ne voit que rarement un chaos cinématographique aussi déstabilisant au Québec. Il faut laisser une place à la différence, l’histoire cinématographique nous montre que c’est par ces déconstructions du cinéma qu’il a su se réinventer.
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