[NDLR: Cette année, Horreur Québec vous offre une couverture en avant-première du festival Blood in the Snow, qui met de l’avant le cinéma d’horreur canadien et qui se déroule du 22 au 28 novembre au The Royal Cinema de Toronto.]
En 2018, faire un film est à la fois plus facile et plus complexe qu’avant. D’un côté, la démocratisation des caméras HD et des logiciels de montage numériques rend l’entreprise accessible, mais de l’autre, un tel projet demande du temps et des gens dévoués sur une longue période. Fugue de Tomas Street est typiquement le genre de projet qui fonctionne grâce à ce dévouement. Produit pour la ridicule somme de 20000$ (à peu prêt 12 secondes du nouveau Halloween), le long-métrage est un véritable petit bijou qui n’a pas à rougir dans le champ mondial du film d’horreur.
Bien entendu, créer dans ces conditions comporte certaines contraintes comme la restriction du nombre de décors et d’acteurs. Cela dit, quand on a une bonne histoire et du savoir-faire, ces contraintes deviennent des forces. Fugue se concentre sur l’essentiel et son synopsis est suffisamment accrocheur pour capter l’attention du spectateur dès le début.
Malcolm (Jack Foley, Lifechanger) se réveille dans une maison qu’il ne connaît pas et rencontre Helen (Laura Tremblay), une femme affirmant être son épouse. Aidé par l’irruption d’un prétendu ancien ami Ian (Mike Donis), qui lui raconte également des événements de son passé, il fera un voyage à l’intérieur de sa mémoire pour découvrir qui il est, comment est-il arrivé là, mais surtout quelle est la relation qui l’unit à ces deux inconnus?
Pas besoin de plus pour créer une bonne intrigue. Ce genre d’histoire qui fait la force du cinéma indépendant est ici extrêmement bien servie par le comité réduit qui la raconte. Les acteurs, ayant pour la grande majorité tous ensuite travaillé ensemble sur le projet Lifechanger projeté à Fantasia cette année, se connaissent, s’apprécient et leur chimie transparaît à l’écran. De plus, la réalisation laisse à plusieurs moments le temps aux scènes de s’installer et joue beaucoup sur la notion de point de vue. Sans vouloir en dire trop long sur les rebondissements du scénario, nous soulignerons simplement l’habileté déployée par Street pour équilibrer les indices qu’il laisse aux spectateurs. Parfois, ils sont un brin trop appuyés, certes, mais la plupart du temps, on s’y attarde juste suffisamment pour créer le malaise et la suspicion désirée. De plus, la mise en scène reposant sur la fuite de la vérité d’une voix à l’autre (comme la fugue de la musique classique) est très intéressante.
Il faut toutefois s’attendre à ce que, sur son fond, le film ne révolutionne rien. Il s’agit d’un thriller somme toute assez classique, mais qui comporte tout de même de grandes qualités au niveau de son écriture. Bien malin qui peut prédire la fin dans la première demi-heure. À une ère où les films d’horreur sont souvent assez convenus, cela fait du bien.
Bref, si vous cherchez un divertissement honnête et qui vous fera passer un bon moment, vous pouvez vous lancer sur Fugue dès sa sortie. En plus d’encourager une petite production canadienne entièrement composée de bénévoles passionnés du Cinefest Sudbury, vous aurez entre vos mains un film de très bonne qualité. Un des grands crus du nouveau cinéma de genre canadien.
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