[NDLR: Cette année, Horreur Québec vous offre une couverture en avant-première du festival Blood in the Snow, qui met de l’avant le cinéma d’horreur canadien et qui se déroulera du 22 au 28 novembre prochains au The Royal Cinema de Toronto.]
Parmi la sélection 2018 du Blood in the Snow, la présence de Hammer of the Gods faisait saliver et pour cause, le film marque le “retour” du cinéaste Nick Szostakiwskyj, quatre ans après son surprenant Black Mountain Side; un titre qui pourrait très bien figurer dans un décompte des meilleurs films d’horreur canadiens de cette décennie.
Avec son dernier film, le réalisateur troque maintenant les paysages enneigés pour les forêts estivales du Sud de la Colombie-Britannique où un groupe de jeunes femmes se prélassant sur le bord d’un lac tombe par hasard sur un trio de musiciens en pèlerinage pour célébrer les 10 ans de leur premier hit. Rapidement, drogues et hallucinations se joignent à la randonnée, qui tournera alors au cauchemar.
Pendant la première moitié du film, Szostakiwskyj nous prouve qu’il sait très bien manier la caméra. Les magnifiques prises de vues des paysages aux couleurs vives, très saturées, crèvent l’écran et nous font regretter l’hiver qui débute ici. Et c’est, hélas, toutes les qualités qu’on pourra faire à Hammer of the Gods.
Sur son journal de bord, le cinéaste nous promettait que les fans de Black Mountain allaient être ravis, notamment grâce aux prosthétiques utilisées et à la conception des créatures. Malheureusement, l’action, plutôt lente, s’avère aux antipodes de son film précédent et les scènes horrifiques sont peu nombreuses et de très courte durée. C’est également sans parler des fameuses créatures…
Mais qu’importe si on ne nage pas en plein slasher dégoulinant, le véritable problème du film réside en fait dans son scénario, tout simplement sans queue ni tête. On assiste très passivement à cette longue excursion de canot-camping qui ne mène nulle part et où, lorsque certains personnages meurent dans d’étranges circonstances et disparaissent, les autres poursuivent tout bonnement leur chemin. Si seulement la réalisation avait su proposer quelque chose quant à notre perception de la réalité qui se retrouverait altérée par les drogues consommées par le groupe.. ou est-ce ce que le cinéaste a tenté de le faire, en vain? À ce sujet, les avenues explorées sont excessivement minces et le public n’aura droit qu’à une rivière multicolore en guise de bad trip. Il est loin Trainspotting, même si ces caps d’acide se retrouvent au cœur du récit.
La réalisation ne propose pas, non plus, des personnages sympathiques ou intéressants à suivre. D’une part, nous avons les membres du groupe indie rock typique et de l’autre, la groupie amoureuse de son chanteur — et attendez de l’entendre chanter! Les interprètes s’en tirent par la peau des fesses et c’est plutôt dommage, car ce genre de production minimaliste avec peu de moyens repose pourtant entièrement sur eux et la construction de leurs alter egos.
Le film nous afflige en terminant d’un des jeux du chat et de la souris les moins inspirés du cinéma d’horreur. Les créatures, qu’on avait aperçues jusqu’ici dissimulées dans la forêt (où elles y étaient quand même intrigantes), nous sont maintenant montrées de plein pieds pour un résultat malheureusement risible et assez inoffensif. Pendant ce temps, les acteurs courent dans un sens et puis dans l’autre et reviennent encore sur leurs pas… jusqu’à ce punch digne d’un moyen film de Shyamalan de 2004. Ouch!
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