[NDLR: Cette année, Horreur Québec vous offre une couverture en avant-première du festival Blood in the Snow, qui met de l’avant le cinéma d’horreur canadien et qui se déroule du 22 au 28 novembre au The Royal Cinema de Toronto.]
L’époque glorieuse des films de série B loués par hasard au club vidéo est aujourd’hui révolue; cette époque où l’on découvrait d’obscurs clones de Die Hard à la pelle (Cliffhanger avec Stallone est le meilleur) et où on se satisfaisait d’une pochette et d’un coup de tête pour se forcer à regarder un film durant la fin de semaine. C’était mauvais? On le regardait quand même: on avait payé notre 7$ pour le voir et, de toute manière, il n’y avait rien de mieux qui a attisé notre intérêt. Aujourd’hui, avec Internet et la VSD, l’accès aux bons films s’est démocratisé. Les médias sociaux nous aident également à savoir ce qui obtient un consensus et avec Netflix, on a le choix de changer de programme après 5 minutes si la prémisse nous ennuie. Pourtant, c’est souvent en se forçant à faire une découverte que l’on tombe sur les films qui nous marquent et que l’on a le plus envie de défendre.
Après les deux opus jouissifs de la saga Wolfcop, Lowell Dean nous revient avec un nouveau long-métrage qui donne envie d’être défendu. SuperGrid est un film d’action/horreur à la sauce Mad Max et à l’ancienne. Il a tout ce qu’il faut pour devenir culte dans le marché vidéo. Passé sous le bras dans des cercles de cinéphiles férus de cinéma bis, il aurait toutes les chances d’avoir un bon succès d’estime.
Dans un futur proche, les grandes entreprises minières ont transformé le Canada en un véritable désert. Prisonnière des grandes villes distribuant le peu de ressources disponibles, la population tente de rester civilisée pendant qu’une mystérieuse maladie pulmonaire se propage et décime l’humanité. Dans ce monde apocalyptique, deux frères tenus en otage par des gangsters ont pour mission de récupérer un cargo volé.
Bien entendu, ce type de projet s’inscrit dans une forme de cinéma assez codifiée. Le post-apo n’est pas nouveau et on peut se demander ce qu’il reste comme pierre à poser sur l’édifice de ce genre après, entre autre, la saga Mad Max et le génialissime Fury Road. Bon point pour SuperGrid, il réussit à imposer son originalité en campant son action dans les Prairies Canadiennes. Ne serait-ce qu’avec cette décision, le film possède un ADN qui lui est propre. Les environnements sont originaux et extrêmement bien mis en valeur par la photographie. De plus, on a droit à un groupe de résistants très attachant issus des communautés autochtones de la région.
Pour ce qui est des acteurs, ils sont tous assez justes. Marshall Williams et Leo Fafard sont tous deux très crédibles dans le rôle des frères au lourd passé. Fafard en particulier nous fait complètement oublier son Lou Garou de Wolfcop et se montre très touchant par moments. Mention spéciale également à Tinsel Korey, incarnant la chef de guerre Eagle qui remplit extrêmement rapidement les spectateurs de sympathie à son égard. De plus, bien qu’un certain nombre de seconds rôles et de figurants soient un peu dans le cabotinage, cela ne gêne pas trop; les effets spéciaux parfois un peu cheap combinés à leur mort non plus. Au contraire, on a envie de poser un regard bienveillant sur ces petits défauts qui font plutôt sourire que décrocher.
En fait, le film étant extrêmement humble et honnête dans son approche, il est difficile de lui en vouloir. Tout ce qui peut sembler cliché comme les cris de Wilhelm et les méchants unidimensionnels s’inscrit dans cette volonté d’hommage au genre et ceux-ci restent, somme toute, assez peu appuyés. Bref, SuperGrid est un film très sympathique qui saura plaire à tous ceux qui cherchent un bon divertissement de dimanche après-midi pluvieux. Dans le petit monde du cinéma de genre canadien, Lowell Dean apporte une bouffée d’air frais qui fait de lui un des cinéastes les plus intéressants à suivre. Notez son nom si ce n’est pas déjà fait.
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