L’acteur Elijah Wood et le cinéaste Ant Timpson, tout d’eux associés au film de genre, étaient récemment de passage à Fantasia pour nous présenter le savoureux film d’aventure familial Bookworm, présenté en ouverture au festival.
Bookworm nous raconte l’histoire d’une fillette de 11 ans qui doit composer avec le retour de son père illusionniste qu’elle n’a jamais connu lorsque sa mère tombe dans un coma.
Horreur Québec a eu la chance de rencontrer les deux artistes et en a profité pour essayer d’en savoir plus.
Horreur Québec : On vous connait tous les deux pour votre implication dans le cinéma de genre — d’horreur en particulier — et on vous retrouve à Fantasia pour un film familial. Que se passe-t-il avec vous?
Ant Timpson : Je vous prédis que les films d’horreur accessible aux plus jeunes, ce que j’appelle les « PG Horror » vont redevenir à la mode. Vous saviez que le premier Ringu a été classé PG [Supervision parentale suggérée] à sa sortie? Ça a été très efficace.
Elijah Wood : Vraiment? Je ne savais pas.
AT : Tout à fait. Pour répondre à ta question, j’ai vu ça comme une sorte de défi en fait. Le scénario est de Toby Harvard, qui a travaillé sur The Greasy Strangler, Come to Daddy, et moi. Nous voulions montrer cette image d’un parent en situation d’échec face à son enfant. Cela nous a semblé être une bonne structure de départ pour parler de masculinité, certes, mais d’humanité en fin de compte. Le film a été écrit pour Elijah également. Une fois qu’il s’est montré intéressé, nous avons trouvé Neil Fisher.
HQ : C’est, après Come to Daddy, votre seconde collaboration, et nous sommes dans les deux cas face à des films qui abordent la figure du père manquant. Est-ce que c’est un hasard?
AT : La genèse de Come to Daddy venait de mon propre père, et Toby y a ajouté certains éléments. Cela dit, Elijah a énormément apporté au film. Pour Bookworm, notre idée était de capter les yeux d’un enfant qui comprend la peur chez un adulte. Il y a aussi cette idée que ce père veut être un vrai homme, selon les stéréotypes et les idées que cela véhicule. Il veut être le héros pour sa fille.
HQ : Elijah, vous jouez un artiste dans la quarantaine qui en vient à se demander si sa carrière a valu tous les sacrifices qu’il a faits. Est-ce qu’il y avait quelques résonances avec votre parcours?
EW : Honnêtement, je n’ai pas réellement fait de parallèles directs avec ma propre vie ou ma carrière. Je crois que mon personnage est un bon illusionniste qui a connu le succès, mais qui a tout perdu. Cela dit, il sait qu’il a du talent. C’était très intéressant de jouer ce type farfelu et maladroit qui découvre en lui une humanité qu’il ignorait probablement. Ce qui l’attire avant tout, c’était qu’il voulait désespérément tisser des liens avec sa fille et il ignore comment.
HQ : Vous dites que la quête d’humanité et d’amour a nourri votre jeu pour le film. Quand un acteur se voit confier un rôle comme celui que vous tenez dans Maniac, comment il se prépare?
EW : Il faut trouver quelque chose dans le rôle qui va nous permettre de le travailler, de plonger dedans, comme j’aime le dire. Même si vous jouez un psychopathe, il faut trouver ce petit détail qui va vous permettre une certaine connivence avec le rôle. Il y a des moments dans notre vie où l’on souhaite se montrer plus fort, plus populaire, plus intelligent. À un moment ou un autre de notre vie, on s’est tous sentis diminués; ce sentiment d’être en échec, mais d’être prêt à tout pour ne pas laisser les autres le savoir. Vouloir maintenir cette façade, et l’illusion. C’était un peu ce qui m’animait pour Maniac.
HQ : En tant que producteur et acteur du film, n’aviez-vous pas certaines craintes de redevenir la tête d’affiche d’une quête ayant lieu dans la forêt sauvage de la Nouvelle-Zélande? Vous ne craigniez pas que la mémoire des spectateurs tisse certains liens? À un certain moment, en vous voyant marcher sur les collines, j’ai entendu dans ma tête la sublime musique qu’Howard Shore a composée pour The Lord Of The Rings.
EW : [Rires] C’est tellement cool ce que vous me dites là. Je n’ai aucunement pensé que les rapprochements avec The Lord of the Rings pourraient causer un préjudice à ce film. Honnêtement, j’étais tellement fébrile et heureux de tourner de nouveau un film dans ce coin-là. Après Come to Daddy, quand Ant et moi avons envisagé de faire un second film ensemble et que la Nouvelle-Zélande a été abordée comme lieu potentiel, j’avais les doigts croisés et je me disais : « S’il te plait, choisis cet endroit ». Ma famille n’y avait jamais mis les pieds et je crois que ça faisait neuf ans que je n’y étais pas allé quand nous sommes arrivés pour le tournage. Je souhaitais tellement y retravailler, et en plus, dans un film d’aventure dans la forêt.
HQ : Elijah, vous savez que tous les fans d’horreur sur terre qui aiment la trilogie The Lord of the Rings rêvent du jour où l’on pourra vous voir à la tête d’un petit film d’horreur tourné par Peter Jackson. Vous pourriez peut-être le produire?
EW : J’aimerais beaucoup que ça arrive. Il est tellement occupé. Saviez-vous qu’il y a quelques années, alors qu’il n’était que le producteur de The Hobbit, avant que Guillermo ne se rétracte, ça aurait pu arriver? Je l’avais croisé un matin, et il avait ce désir de refaire un petit film d’horreur à la manière de Bad Taste en un week-end. C’était tellement excitant. Après le grand déploiement de The Lord of the Rings, refaire équipe avec lui pour un autre film de genre, mais à petite échelle… Je me demande s’il a encore cette idée en tête.
AT : Ça pourrait être Bad Taste 2.
EW : Il fera toujours des films de genre, et ça me manque de travailler avec lui. Il est extraordinaire.
HQ : Après votre seconde contribution ensemble, est-ce qu’on peut espérer vous voir revenir pour un troisième film?
AT : Oui. J’aime me dire que c’est le second volet d’une trilogie. Mais le troisième, je l’aimerais plus sombre. Les gens aiment les acteurs créatifs, et c’est toujours plaisant de les sentir dans notre champ créatif.
HQ : Elijah, est-ce que votre compagnie SpectreVision est moins active récemment? Il me semble qu’on voit moins de films paraître.
EW : C’était surtout lié à la COVID, honnêtement. Nous avons plusieurs films en production et certains vont sortir bientôt!
HQ : Et on vous reverra aussi dans le remake de Toxic Avenger…
EW : Oui, j’ai été surpris qu’il ne soit pas à la programmation de Fantasia, mais je crois que c’est à cause d’une question de temps.
Bookworm est maintenant disponible en vidéo sur demande.
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