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Charles Band ressuscite «The Primevals» et rend hommage aux effets spéciaux pratiques [Fantasia 2023]

Le producteur, réalisateur et scénariste Charles Band est bien connu par la plupart des fanatiques d’horreur ayant grandi dans les années 1990, époque où sa compagnie Full Moon était en pleine effervescence dans l’art de produire et de distribuer des films directement en vidéo. Avec des films comme Puppet Master, Subspecies, ou Demonic Toys, Band avait alors compris que pour le cinéma indépendant, produire des longs-métrages exclusivement pour les visionnements à domicile pouvait être très rentable.

Il était récemment de passage à Fantasia pour nous présenter le film The Primevals, à propos d’un groupe de chercheurs sur les traces de Yétis, ainsi que pour offrir une classe de maître. Horreur Québec est allé à sa rencontre pour en apprendre plus sur le film et son parcours.


The Primevals affiche film

Horreur Québec: Chaque fan qui a moindrement suivi Full Moon sait qui était David Allen, mais pour vous qui êtes ici pour lui rendre hommage, qui était-il?

Charles Band: C’était un très grand artiste passionné, un expert dans les effets spéciaux. Il était si concentré et avait un grand focus sur son travail. Il le fallait en même temps, car les animations comme il produisait nécessitaient des jours et des jours de travail. Il était très patient. C’était un personnage merveilleux qu’on aimait voir aller.

HQ: Vous avez présenté des dizaines de films dans des dizaines de festivals, mais de nous présenter le film qu’il n’a pas eu le temps de terminer, complété par un ami. Ça veut certainement dire plus pour vous qu’une première habituelle?

CB: J’ai rencontré David en 1977 et je l’ai convaincu de faire un film pour moi qui s’appelle Laserblast, et il a accepté. Il était très bon et était l’un des protégés de Ray Harryhausen. Il faisait des commerciaux télé également. Il a créé une version du petit bonhomme Pillsbury. Il est en numérique maintenant, mais à l’époque il était animé avec du stop motion. Il a donc fait les effets de Laserblast pour un très bon prix, mais m’a remis un scénario en me disant: «Charlie, voici ma passion, et si un jour tu as les moyens de le faire, ça serait super». J’ai donc voulu savoir ce que son scénario impliquait. Il faut comprendre que je tournais des films en deux semaines, avec des budgets dérisoires. Il m’a dit qu’il aurait besoin de dix à douze semaines de tournage et d’une mise de fonds de quelques millions de dollars. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas, mais que ce serait peut-être possible un jour. Il a fait beaucoup d’animations pour moi dans les années qui ont suivi. À chaque nouveau projet, il me répétait: «Charlie, quand allons-nous faire The Primevals?».

Finalement, en 1993, les choses allaient bien pour moi, car Paramount me distribuait. J’ai donc décidé de me lancer dans son film. On a tourné le film, et nous avions prévu deux ans pour faire les effets animés. Après la première année, David est mort du cancer. En même temps, la bonne fortune de mon entreprise s’est mise à descendre en chute libre. On a tout mis dans des boîtes. Il y a cinq ans, Chris Endicott s’est monté une petite équipe et ils ont complété les effets. Les gens verront le résultat ce soir, alors c’est très important pour moi.

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HQ: En voyant le film, j’ai été impressionné de voir à quel point des trucages tenaient la route. À une époque où les effets numériques dominent le marché, qu’est-ce l’animation dimensionnelle peut apporter de plus, selon vous?

CB: Je n’ai jamais été un fan des effets numériques. Le numérique peut être un bon outil si on veut, par exemple, effacer les fils des pantins. Cela dit, pour moi, même les bons films qui carburent au numérique ont ce côté factice qui m’agace. Les effets d’animation en stop motion sont réalisés de manière pratique. On bouge réellement les marionnettes pour créer le mouvement. On ressent que quelque chose a été réellement filmé. Tourner dans un film rempli de numérique veut souvent dire pour un acteur de jouer devant des écrans verts. Je crois qu’il y a souvent une différence avec l’interaction. Par exemple, dans le film Dolls, mes acteurs ont joué en voyant les poupées.

HQ: Avant tout le monde, vous aviez compris que les films d’horreur pourraient faire des jeux vidéo formidables et avant n’importe qui, vous aviez aussi compris l’importance qu’allait prendre le cinéma vu à la maison. Selon vous, maintenant et dans les prochaines années, qu’est-ce qui attend le cinéma d’horreur?

CB: Je fais le même genre de films depuis 50 ans. Ce qui change c’est le média. On avait le 35 mm qui a eu la cote, ensuite ce fut la VHS, le DVD et le Blu-ray. Maintenant, les clubs vidéo sont tous fermés. Les créateurs commencent à retrouver un certain public avec le streaming. Je crois qu’un bon film avec une bonne histoire et de bons personnages trouvera son public, malgré le média.

Aujourd’hui les films sont trop axés sur les effets spéciaux et pas assez sur les humains qui les vivent à l’écran. J’avoue que j’aimerais que l’industrie évolue et change aussi la longueur des films. S’assoir durant 2h30 ou 3h dans un cinéma, ce n’est pas adéquat pour tous les types de longs-métrages. Pour Lawrence of Arabia, je comprends qu’on ait des choses à dire, mais pour une histoire de science-fiction, c’est un peu forcé. Le premier King Kong durait moins de 90 minutes.

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HQ: Maintenant, je dois vous poser la question que nos lecteur·trice·s voudraient que je vous pose. Avez-vous des plans pour un nouveau Puppet Master ou un nouveau Subspecies?

CB: Le dernier Subspecies a pris 26 ans avant d’être fait. Il est sorti il y a quelques semaines. Nous sommes allés en Serbie et avons ramené Radu, notre vampire célèbre. C’était un gros effort pour la franchise Subspecies. Y en aura-t-il un autre? Nous verrons.

Pour Puppet Master, je vais certainement en produire d’autres. On dirait qu’il en faut un à tous les deux ans. J’aimerais, cependant, essayer quelque chose de différent. Je ne sais pas encore si nous ferons des suites à Blade et Doktor Death, mais je vous avoue que j’ai toujours espéré faire un film sur la Leech Woman, car je trouve que c’est un personnage fantastique.


Nous souhaitons beaucoup de succès à The Primevals, que Fantasia présentait en première mondiale, et espérons revoir très bientôt les petits pantins diaboliques que Band nous a appris à connaître au fil des décennies.

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