Le simple fait de lire le titre Le Vourdalak saura attiser plusieurs cinéphiles d’horreur qui ont lu le classique d’Aleksey Konstantinovich Tolstoy de 1841, devenu l’un des textes phares sur le vampirisme. Il faut également mentionner que les nombreuses adaptations cinématographiques, dont celle magistrale du légendaire Mario Bava, ont fait connaître l’histoire.
Un diplomate français fait une halte dans un curieux village pour s’y dégoter un cheval. Il atterrit dans une petite auberge et y découvre une famille anxieuse par le retour du patriarche qui pourrait revenir sous les traits d’un Vourdalak, un vampire qui n’aura d’autre but que de s’attaquer à eux.
Le Vourdalak est le premier long-métrage d’Adrien Beau, qu’il a aussi co-scénarisé, et il nous importe de souligner l’audace dont fait preuve le cinéaste, notamment par rapport à certains de ses choix. Confier le rôle de Gorcha, le père de famille inquiétant qui revient au bercail, à une marionnette en fait partie. Pourtant, la trop grande théâtralité de plusieurs dialogues crée un décalage entre l’histoire et le spectateur et procure un côté soporifique à un film artisanal singulier qui avait pourtant tout pour être terrifiant.
L’ensemble agace encore plus si on compare Le Vourdalak au segment tourné par Bava pour son Black Sabbath, qui s’adonnait aussi à un certain maniérisme, mais qui réussissait à faire peur tout en étant mieux élaboré. Par ailleurs, le côté solennel et lent du long-métrage de Beau n’est pas sans rappeler le style des films Jean Rollin, ce qui plaira à certain·e·s, mais en rebutera d’autres.
La réalisation fait fi du budget et livre une esthétique unique. Profitant d’une photographie en Super 16, le film possède une aura et un visuel qui lui sont propres. Cela dit, la direction d’interprètes encadre trop les monologues littéraires et accentue un brin la monotonie de certaines conversations. Les membres de la distribution adoptent très bien le ton de l’ensemble, mais il faut donner une mention d’honneur à Adrien Beau lui-même, qui livre une prestation vocale très prenante dans le rôle de Gorcha.
Il en résulte un film fascinant, certes, mais qui semble un peu long et ne génère aucun frisson.
NDLR : Cette critique était publiée lors de l’édition 2023 du festival CINEMANIA.
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