Après Halloween Kills, Last Night in Soho (également en salle cette semaine) et maintenant Antlers, on aura fini par épuiser toutes ces productions reportées depuis l’an dernier. Dans cette dernière, Scott Cooper (Hostiles) porte à l’écran une nouvelle de Nick Antosca — bien connu dans le milieu de l’horreur pour nous avoir entre autres offert la série Channel Zero —, qui puise dans la légende autochtone du Wendigo. Outre les derniers retours de Godzilla et le Shadow in the Cloud de Roseanne Liang, ça faisait des lunes qu’on n’avait pas eu un film de créatures efficace à se mettre sous la dent.
Julia (Keri Russell, Dawn of the Planet of the Apes) est de retour au bercail depuis peu et enseigne maintenant à l’école primaire d’une petite ville d’Oregon. Entre son intégration difficile en classe et ses propres démons du passé qu’elle tente d’apprivoiser, l’institutrice remarque un comportement étrange chez son élève Lucas (Jeremy T. Thomas). En compagnie de son frère policier (Jesse Plemons, I’m Thinking of Ending Things), elle tentera de découvrir ce que Lucas cache chez lui.
Si le film adopte en partie le point de vue d’un enfant au cœur d’un récit folklorique, on ne s’étonne pas de retrouver à la production le cinéaste Guillermo del Toro, qui a maintes fois abordé les thèmes de l’enfance. Antlers ne plonge toutefois pas son jeune garçon de 12 ans dans un univers féerique doux-amer à la Pan’s Labyrinth, mais plutôt celui d’un conte familial cauchemardesque plutôt brutal.
Les animaux éviscérés et les cadavres dépecés sont filmés frontalement, alors que les attaques de la bête sont particulièrement violentes et sanglantes. Au niveau effets spéciaux, on a également droit au Wendigo le plus saisissant que le cinéma d’horreur ait pu nous offrir jusqu’à maintenant — hormis celui de Larry Fessenden, il faut avouer que la barre n’était pas bien haute. Mais si la mythologie développée à l’écran fascine visuellement, les origines de la fameuse créature sont pourtant mal amenées. En effet, pour s’excuser d’emprunter le folklore des Premières Nations, Antlers emploie UN acteur natif (Graham Greene), qui se n’intègre pas du tout au scénario et devra nous expliquer la légende d’origine en trois minutes top chrono.
Pour un film qui traite de l’art de la narration, le sujet aurait définitivement pu être davantage étudié. Les thèmes abordés et les raisons qui uniront l’enfant et l’enseignante manquent aussi certainement de subtilité, mais avec sa forme de «thriller sombre» on ne peut plus classique, Antlers ne tente pas de refaire le monde. Cooper dépense davantage d’énergie à ficeler de forts moments de tension et nous faire sursauter sur nos sièges. À ce sujet, c’est plutôt réussi.
Le jeune Jeremy T. Thomas a définitivement la tête de l’emploi pour incarner l’enfant troublé, voire maltraité. Russell, quant à elle, hérite du rôle d’une femme brisée mais déterminée, comme on aime en voir dans le cinéma genre, qui lui va comme un gant. Certaines scènes en lien avec le passé de son personnage s’avèrent ainsi plutôt troublantes.
Antlers ne passera peut-être pas à l’histoire comme on l’espérait, mais s’avère au final un ajout bienvenu et valable dans le domaine délaissé par Hollywood ces dernières années du film de monstres.
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