Nous, fans d’horreur que nous sommes, festoyons toujours à l’idée de découvrir un nouveau film d’animal vorace au cinéma. Il faut toutefois remonter à 2019 pour la dernière proposition du genre en salle avec 47 Meters Down: Uncaged, comme quoi la belle époque Jaws et compagnie est toujours bien loin derrière nous. Et ce n’est pas le nouveau Beast (La bête) de Baltasar Kormákur (Everest), qui prend l’affiche ce week-end, qui changera la donne.
Un homme (Idris Elba, Prometheus) se rend en Afrique du Sud après le décès de son ex-femme pour visiter un vieil ami. Ses deux filles, avec qui il espère reconnecter, l'accompagnent pour un voyage destiné à une retraite en famille bien méritée. Lors d'un safari dans la savane, leur chemin croisera celui d'un lion plutôt farouche, qui ne les laissera pas repartir si facilement.
Même si on se retrouve à l’autre bout du monde, difficile en regardant Beast de ne pas faire de liens avec un certain Cujo, adapté pour le cinéma il y a maintenant presque 40 ans. Le personnage incarné par Dee Wallace payait alors en effet le prix de son adultère, alors qu’ici, celui d’Elba doit répondre de son absence auprès de sa famille après le cancer de son ex-femme. Heureusement que les scénaristes ont décidé à sortir éventuellement la petite famille piégée depuis un bon moment de leur caravane, sinon on aurait carrément crié au plagiat.
Mais ce qui déçoit le plus, c’est qu’on se disait: le film va nous prendre dans le détour et nous servir une astuce bien dégotée au scénario pour déjouer nos attentes. Au pire, on s’en sort avec une grosse dose de culture africaine et de fun facts sur les lions pour nous rendre encore un peu plus geek. Rien de tout ça. Outre ses beaux paysages et sa trame sonore en percussion, Beast traite du pays de façon résolument superficielle et n’ajoute rien à ce que nous connaissons déjà du sous-genre. Et il le fait en plus avec le plus grand sérieux du monde. Ce manque de campyness pose problème surtout lorsqu’on tente de nous faire avaler certains détails farfelus du récit. Quand Samuel L. Jackson combat des motherf_ing serpents dans un avion, ça fonctionne. Quand Idris Elba tente de faire la même chose au cœur de la brousse, c’est moins sûr.
Reste donc les gros félins, seuls véritables attraits du spectacle. On se retrouve en effet à des années-lumière de Prey (pas l’antépisode de Predator, le film de lion néerlandais de 2017), alors que chaque apparition est saisissante. La première scène impliquant une famille de lions est d’ailleurs d’un réalisme à couper le souffle et donne drôlement envie de visionner les coulisses du tournage. Même son de cloche pour le vilain matou, montré lentement à l’aide de la toujours payante technique Jaws (encore lui) et qui occasionne quelques scènes d’action plutôt féroces.
Dommage que l’interprétation gâche l’effet d’attachement envers les personnages, désamorçant un brin les séquences plus anxiogènes. Elba est adéquat, mais semble relativement calme devant l’ampleur de la situation. Le reste de la distribution est aussi plutôt inégale, tandis que le scénario s’entête à leur faire prendre les pires décisions.
Non, Beast n’est pas un ratage et se regarde d’un bout à l’autre sans bâiller; il s’agit simplement d’un autre film d’animal tueur parmi d’autres.
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