Arrivé ce mois-ci au Canada sur la chaîne Hollywood Suite, Blumhouse’s Compendium of Horror nous raconte l’histoire du cinéma d’horreur depuis sa naissance à la fin du 19e siècle. Scindé en cinq épisodes, le documentaire explore une panoplie de films cultes sous plusieurs angles : production, jeu d’acteur, distribution et réception du public. En revanche, en toile de fond de cette analyse, la production pose un regard social et politique sur le cinéma d’horreur et investigue les croyances, mœurs et peurs qui ont meublé les différentes décennies et la façon dont elles sont devenues une source d’inspiration pour les créateurs·trices de l’époque.
Un documentaire novateur et révélateur
Au cours des dernières années, plusieurs documentaires sur le cinéma d’horreur ont vu le jour; certains sont centrés sur les meilleurs films ou les meilleurs moments du genre, tel que The 101 Scariest Horror Movie Moments of All Time sur Shudder en 2022. D’autres ont examiné l’évolution du genre en explorant ses différentes manifestations horrifiques présentées à l’écran, qu’il s’agisse de monstres, de forces surnaturelles, de tueurs en série ou de l’horreur corporelle (body horror), qui ont su captiver les spectateurs·trices, comme Eli Roth’s History of Horror, également disponible sur Shudder.
Blumhouse’s Compendium of Horror offre une vision documentaire renouvelée en expliquant en quoi l’horreur trouve sa place de choix dans l’histoire du cinéma. En effet, le genre réussit un double pari : captiver un public varié — parfois averti, parfois non — grâce à ses effets choc, tout en véhiculant des idées, des messages et même une philosophie au sein de ses histoires terrifiantes et de ses situations cauchemardesques. L’horreur, bien que souvent perçue comme irréelle et transgressant certaines limites morales, est pourtant empreinte de sens et se retrouve profondément enracinée dans la réalité.
Que ce soit la condition des femmes explorée dans Rosemary’s Baby et Carrie, l’oppression des Afro-Américains dansThe Purge : Election Year et Get Out ou encore les inégalités des classes sociales dans They Live!, la production met en lumière la manière dont les films d’horreur reflètent des réalités bien ancrées en les transposant à l’écran à travers des scènes percutantes, perturbantes ou même grotesques incitant à la réflexion.
Regards avisés pour mieux éclairer
Blumhouse’s Compendium of Horror est entrecoupé de commentaires, de points de vue et de faits saillants livrés par des personnalités œuvrant de près ou de très près dans le genre. Acteurs et actrices (Jamie Lee Curtis, Bruce Campbell, Tobin Bell), réalisateurs (Kevin Smith, George A. Romero, John Carpenter), historiens ou encore fanatiques d’horreur, les personnes interviewées ajoutent une touche personnelle et pertinente au contenu. Le tout est brillamment narré par la voix ténébreuse de Robert Englund, que nous avons d’ailleurs eu la chance d’interviewer dans le cadre de la sortie du documentaire.
Naturellement, la sélection des films emblématiques pour cette liste a impliqué des choix. Ainsi, il est possible que certains de vos films préférés ne figurent pas nécessairement parmi ceux choisis pour représenter les différentes décennies et leurs mouvements sociaux. Toutefois, si on considère que tel ou tel film aurait dû avoir sa place dans la discussion d’un épisode, c’est que le documentaire a réussi son pari : nous faire réfléchir quant à l’impact d’un film sur sa génération et sa pertinence dans l’ère où il est apparu.
Blumhouse’s Compendium of Horror est un magnifique et captivant essai politique, social, cinématographique et artistique. Si à première vue il est destiné aux adeptes du genre horrifique, le documentaire mérite amplement sa place sur la liste des incontournables pour les cinéphiles de tous genres ainsi que pour les passionné·e·s d’histoire. À voir pour le plaisir et pour s’enrichir de connaissances.
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